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Amie : l’IA de Google plus performante qu’un médecin ?

Les progrès récents ont montré les capacités insoupçonnées des modèles de langage à mener des conversations riches, à planifier et raisonner. Dans cette optique, Google Research a développé Amie, un système d’IA optimisé pour le raisonnement diagnostique et les conversations. Amie a été entrainé sur un très grand nombre de situations, puis évalué. Ses performances ont été comparées à celles de vingt médecins de premiers recours, sur de nombreux axes, dont le recueil d’antécédents médicaux, la précision diagnostique et l’empathie.  Des résultats globalement en faveur de l’IA Il en ressort que Amie a réalisé des conversations diagnostiques au moins aussi bien que les médecins.Les patients-tests ont dialogué à l’aveugle, via un chat textuel, sans savoir si leur interlocuteur était un vrai médecin ou Amie. Ensuite, on leur a demandé d’évaluer la qualité de leur consultation. Les médecins ont également été invités à en juger à posteriori, à l’aveugle également.  Il en ressort que l’IA a montré une plus grande précision diagnostique et une performance supérieure sur 28 des 32 axes du point de vue des médecins interrogées.  Sur 24 des 26 axes du point de vue des patients. Parmi ces axes, il y avait le professionnalisme, l’empathie, la précision du diagnostic différentiel, la clarté du dialogue et de la délivrance d’informations.  La prudence reste de rigueur Google invite à la prudence. L’évaluation pourrait sous-estimer la valeur des conversations humaines en conditions réelles, car elle se base sur une interface de chat texte non représentative de la pratique clinique habituelle. De plus, il s’agit là d’une première étape. Transformer le prototype en un outil complètement fiable nécessitera des recherches supplémentaires importantes. Mais dans un monde où l’accès à l’expertise clinique reste limité, une IA conversationnelle empathique, sûre, utile et accessible, est une perspective fascinante.   Research Leads, Google Research, « AMIE: A...

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Surveillance des effets sanitaires des perturbateurs endocriniens

L’impact des perturbateurs endocriniens (PE) sur la santé humaine est complexe. Les recherches scientifiques tendent à montrer qu’ils altèrent diverses fonctions du système hormonal. Depuis 2015, Santé publique France surveille leurs effets sur la santé reproductive. Suite aux résultats de l’étude Peps’PE lancée en 2021, l’agence nationale envisage désormais d’élargir la surveillance à d’autres indicateurs sanitaires. Sur la soixantaine d’effets évalués, 21 sont jugés prioritaires. Élargir la surveillance L’infertilité et la diminution de la fécondité viennent ainsi s’ajouter aux six effets déjà surveillés par Santé publique France, dans le périmètre de la santé reproductive : cryptorchidie, hypospadias, puberté précoce, cancer du testicule, altération de la qualité du sperme et endométriose. Au-delà de la santé reproductive Mais l’étude Peps’PE élargit le périmètre des effets à surveiller au-delà de la santé reproductive. On y trouve des effets métaboliques (surpoids et obésité, maladies cardiovasculaires, diabète de type 2 et syndrome métabolique), des troubles du neurodéveloppement de l’enfant (troubles du comportement, déficit intellectuel et troubles du déficit de l’attention), des cancers (cancer du sein, cancer de la prostate, lymphome et leucémie chez l’enfant), et l’asthme. Suite aux conclusions de cette étude, Santé publique France analyse la faisabilité d’une surveillance ciblée sur cette nouvelle série d’effets jugés prioritaires. Source : Santé publique France, 28 décembre 2023

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Dépression périnatale et mortalité chez les femmes suédoises

L’équipe de recherche du Karolinska Institutet en Suède a réalisé une vaste étude épidémiologique pour explorer la corrélation entre la dépression périnatale et l’augmentation du risque de mortalité chez les femmes suédoises. Cette étude révèle que, même 18 ans après avoir été diagnostiquées, les femmes ayant souffert de dépression périnatale présentent toujours un risque significativement élevé de décès, toutes causes confondues. Elles tendent à avoir des comportements de santé nocifs (mauvaise alimentation ou consommation accrue de substances) et des comorbidités (telles que les troubles de l’humeur), ce qui augmente leur risque de mortalité sur le long terme. Une semaine après le diagnostic de dépression post-partum, le risque de décès est presque six fois plus élevé. L’année suivant leur accouchement, le risque demeure plus de trois fois supérieur. L’étude souligne que la propension au suicide est particulièrement élevée parmi les femmes concernées, et le risque de décès par accident également. Ces risques, particulièrement notables dans l’année suivant l’accouchement, persistent donc pendant les 18 années de suivi. Ces résultats indiquent la nécessité d’une surveillance clinique attentive sur le long terme pour ce groupe vulnérable. Les femmes touchées, leurs familles et les professionnels de la santé devraient être conscients de ces dangers. « Perinatal depression and risk of mortality: nationwide, register based study in Sweden », The BMJ, 10 janvier 2024

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Une découverte importante dans la compréhension de l’hyperémèse gravidique ouvre la perspective d’un traitement

L’hyperémèse gravidique, caractérisée par des nausées et vomissements sévères, affecte jusqu’à 10 % des femmes enceintes. Elle est associée à des issues de grossesse moins favorables et a des répercussions qui perdurent après l’accouchement, avec parfois une détresse psychologique et des hésitations à concevoir à nouveau. Des avancées récentes ont mis en lumière le rôle crucial de la sensibilité à l’hormone GDF15. Cette hormone supprime l’appétit et provoque nausées et vomissements. Des études montrent que des niveaux élevés de GDF15 sont corrélés à une augmentation des symptômes de l’hyperémèse gravidique. Toutefois, c’est l’effet combiné de cette hormone à des variations de l’ADN environnant qui expliquerait la survenue des maux de grossesse. De plus, des niveaux faibles de GDF15 avant la grossesse peuvent mener à une hypersensibilité à cette hormone pendant la grossesse. Cette découverte ouvre la voie à de nouvelles approches de traitement, incluant la désensibilisation au GDF15 avant la grossesse ou le blocage de son action pendant la grossesse.  Sam Lockhart & Stephen O’Rahilly, University of Cambridge, « We think we have found a cause of pregnancy sickness, and it may lead to a treatment », The Conversation, 3 janvier 2024.

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Utérus artificiel : bientôt des essais cliniques sur l’être humain

Le système Extend (EXTrauterine Environment for Neonatal Development), développé par l’équipe de recherche du Children’s Hospital of Philadelphia (CHOP), est une technologie d’utérus artificiel conçue pour améliorer la survie et le développement des bébés nés extrêmement prématurés. Après avoir réussi 300 essais sur des fœtus de moutons, où les agneaux ont survécu et se sont développés normalement pendant 3 à 4 semaines, les chercheurs envisagent désormais des essais sur l’humain. Alan Flake, chirurgien prénatal auteur principal de cette étude, et ses collègues ont publié leurs résultats dans la revue Nature Communications. Améliorer les chances de survie L’objectif principal de l’utilisation de l’Extend chez l’humain serait d’offrir une alternative aux soins intensifs pour les bébés nés à la limite de la viabilité, en particulier ceux nés avant leur 28e semaine de développement. Ces bébés pourraient bénéficier d’une meilleure chance de survie et de développement dans cet environnement artificiel. Cependant, la mise en œuvre de cette technologie chez l’humain nécessite l’approbation de la FDA, ainsi qu’une réflexion approfondie sur ses implications éthiques et légales. Imiter les conditions de l’utérus Le principe de l’Extend est de fournir un environnement contrôlé et sécurisé qui imite les conditions de l’utérus. La technologie comprend un sac de gestation rempli de liquide appelé Biobag, simulant l’environnement amniotique. Le Biobag ne ressemble pas à un utérus, mais il comporte les mêmes éléments : une enveloppe synthétique transparente entourant le fœtus d’agneau, assurant une fonction protectrice semblable à celle de l’utérus ; une solution électrolyte similaire au liquide amniotique pour immerger l’agneau ; un système de circulation sanguine permettant au fœtus d’échanger le dioxyde de carbone contre de l’oxygène. Durant les essais, les agneaux ont vu leurs poumons et cerveaux se développer, leur peau se couvrir de laine. Ils ont ouvert les yeux, gigoté, et appris à avaler. Pour commencer les essais […]

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Quel type de suivi pour les femmes à bas risque ?

Pourquoi s’intéresser aux femmes à bas risque obstétrical ? On s’intéresse beaucoup aux femmes et aux enfants qui ne vont pas bien, qui vont présenter des complications. En 2014, une série présentée dans le Lancet a montré qu’il y a très peu de recherches sur les femmes à bas risque. Elles représentent pourtant plus de 70 % des femmes enceintes en France et dans le monde. S’intéresser à ces femmes permettra de les prendre en charge le mieux possible, avec les dernières données de la science disponibles. Nous avons lancé toute une série de recherches. Je travaille avec des étudiants, ainsi qu’en collaboration avec d’autres chercheurs. Nous voulons explorer ce qu’il se passe sur le bas risque en France : définition, spécificités par rapport à l’international, particularités du suivi, etc. Comment définissez-vous le bas risque obstétrical ? Cette définition est un enjeu de recherche. Nous menons ce travail avec Isabelle Monnier, également chercheuse à l’Inserm. Il n’existe pas de définition consensuelle dans le monde sur le bas risque. Selon les pays, les définitions ne retiennent pas les mêmes critères. Par exemple, la définition française est issue des recommandations de la HAS, révisées en 2016, qui se basent sur une petite centaine de critères. Cette définition sert à identifier les femmes pour les orienter vers le professionnel le plus adapté pour leur prise en charge anténatale. Donc cette définition est posée au début de la grossesse, même si elle peut évoluer au cours de la grossesse, si des complications se présentent. Les femmes à bas risque peuvent voir le professionnel de leur choix : une sage-femme, un médecin généraliste ou un obstétricien. En Angleterre, le bas risque est défini très différemment. Les recommandations ne servent pas à orienter les femmes vers le bon professionnel selon leur niveau de risque pour le suivi de grossesse, mais vers...

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Spécial 52es Journées nationales de la Société française de médecine périnatale

Stopoxy : l’administration discontinue d’oxytocine n’augmente pas la morbidité néonatale  L’étude Stopoxy entend d’évaluer l’impact de l’arrêt de l’administration d’oxytocine en phase active du travail sur le taux de morbidité néonatale. « Quand le col est dilaté à 5-6 cm et que la tête fœtale est appliquée, la sécrétion naturelle d’ocytocine prend le relais, permettant d’arrêter la perfusion », souligne Aude Girault, gynécologue-obstétricienne à la maternité de Port-Royal à Paris et co-autrice de l’étude. Pas moins de 21 maternités françaises y ont participé pendant 2 ans, entre 2020 et 2022. Et 2459 femmes ont été randomisées, dont 1174 avec administration d’oxytocine en continu et 1190 avec administration discontinue. La moitié des femmes incluses étaient des primipares et 80 % ont été déclenchées. 98 % ont eu une péridurale. Les résultats ne montrent pas de différence significative dans la morbidité néonatale, qui était de 9,6 % dans le premier groupe, où l’oxytocine était interrompue, contre 9,2 % dans le groupe où elle était poursuivie. Aucune différence significative dans le mode d’accouchement n’a été mise en évidence non plus, avec 10,7 % de ­césariennes dans le groupe « oxytocine discontinue » contre 9,9 % dans le groupe « oxytocine continue ». En revanche, le nombre de césariennes pour anomalies du rythme cardiaque fœtal était un peu inférieur dans le groupe oxytocine discontinue (2,4 % contre 3,5 %). De même, le nombre d’accouchements avec extraction instrumentale était un peu moins élevé : 7,5 % dans le premier groupe contre 8,8 % dans le second. « Aucune différence n’a été mise en évidence sur le taux de césarienne, d’hémorragie du post-partum, ni sur le vécu de ­l’accouchement chez la femme et sur son score de dépression post-partum à 2 mois, souligne Aude Girault. Dans 60 % des cas, l’oxytocine peut être arrêtée sans nécessité de reprise. Il faut maintenant évaluer s’il existe des caractéristiques associées à la nécessité de reprise. » © globalmoments – istockphoto.com Covid : les formes sévères peu fréquentes...

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Les obstétriciens, plus interventionnistes

Les obstétriciens sont plus interventionnistes que les sages-femmes. Ce n’est pas une surprise, mais cette fois, c’est une étude de cohorte qui le montre. Mené en Lituanie auprès de 1384 femmes ayant accouché en 2012 et de 1283 femmes ayant donné la vie courant 2014, ce travail démontre un taux de césariennes doublé chez les femmes dont la grossesse et l’accouchement ont été accompagnés par un obstétricien plutôt que par une sage-femme. Toutes les patientes retenues avaient eu une grossesse à bas risque. Qu’elles soient nullipares ou multipares, leur travail était spontané, avec un fœtus singleton en position céphalique. Les scientifiques ont d’emblée exclu les multipares ayant eu une césarienne auparavant. Seule différence notable entre les deux groupes, les femmes qui avaient choisi un obstétricien dès le début de leur grossesse étaient légèrement plus âgées, avec une moyenne de 29 ans contre 28 ans pour celles qui avaient choisi une sage-femme. Résultat : en 2012, le taux de césariennes de la cohorte s’élevait à 4,4 % dans le « groupe sages-femmes », contre 10,7 % dans le « groupe obstétriciens ». En 2014, la différence entre les deux groupes était du même ordre : 5,2 % dans le « groupe sages-femmes » contre 11,8 % dans le « groupe obstétriciens ». Et il en allait de même pour d’autres interventions observées dans la cohorte. En 2012, les patientes suivies par des sages-femmes avaient moins d’amniotomies (27,5 % contre 36,1 % pour le groupe obstétriciens), moins d’oxytocine (27,3 % contre 33,1 %), moins de péridurales (22,6 % contre 33,8 %). Les données de 2014 sont similaires. En revanche, les auteurs n’ont noté aucune différence significative en termes de durée totale du travail, d’épisiotomie ou de déchirures périnéales.

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Dépression postnatale : la prévention manque sa cible

Les programmes de prévention ne touchent pas suffisamment ceux qui en ont le plus besoin. Cette assertion est en passe de devenir une loi générale en santé publique. En périnatalité, il en va de même concernant l’entretien prénatal précoce (EPP) et la préparation à la naissance et à la parentalité (PNP). Conçues comme outils de prévention en santé physique et mentale, ces interventions ne parviennent pas à prévenir la dépression du post-partum. Telle est la conclusion à laquelle aboutit Séverine Barandon, sage-femme doctorante au sein de l’unité Inserm Bordeaux Population Elfe, qui a mené l’enquête. Ses premiers résultats ont été rendus publics, parmi d’autres, lors de la deuxième Journée scientifique de la cohorte Elfe le 11 septembre dernier.   Évaluations croisées Les investigations ont porté sur 16 411 mères de la cohorte Elfe (Étude longitudinale française depuis l’enfance), qui inclut plus de 18 000 enfants depuis 2011. En maternité, les mères ont rempli un questionnaire indiquant si elles ont suivi ou non un EPP et la PNP. Deux mois après leur accouchement, leurs symptômes dépressifs ont été évalués grâce à l’échelle de dépression postnatale d’Édimbourg (EPDS), outil de dépistage le plus courant. Dans cette étude, et conformément à la norme française, un score d’EPDS supérieur à 10 correspondait à des symptômes dépressifs légers ou des difficultés psychologiques et un score supérieur à 12 à des symptômes intenses, proches de la dépression caractérisée. Au total, 35 % des mères ont bénéficié des deux interventions préventives, 31 % ont bénéficié uniquement des séances de PNP et 8 % uniquement de l’EPP. Plus d’un quart des femmes (26 %) n’a bénéficié d’aucun des deux dispositifs. Au niveau psychologique, 20 % des mères ont eu un score d’EPDS supérieur à 10. Le fait d’avoir assisté à l’EPP ou à la PNP est relativement protecteur […]