Vous avez réalisé votre mémoire de fin d’études sur l’allaitement d’un bambin pendant une nouvelle grossesse. En France, combien de femmes sont concernées? Nous n’en avons aucune idée ! Les femmes se confient peu à ce sujet. Mais quoi qu’il en soit, c’est un phénomène sous-estimé. En France, l’allaitement au-delà des six mois de l’enfant est plutôt mal vu. Pendant une nouvelle grossesse, c’est encore pire. Il y a un vrai problème sur la confusion entre le sein nourricier et le sein sexuel. Le sujet est tellement tabou que les femmes se cachent, y compris au sein de leur propre famille. Elles évitent également d’en parler aux professionnels. A la maternité, elles choisissent de taire cette pratique par peur du jugement. Il faut dire que nous posons des questions fermées. « Le dernier, combien de temps l’avez-vous allaité ? » Cela signifie que l’allaitement en question doit être terminé. Souvent, seul le mari est au courant de l’allaitement pendant la grossesse ou du co-allaitement, une fois le nouveau-né arrivé. Ces situations restent marginales, mais tout de même moins anecdotiques qu’on le croit. A ma surprise, je n’ai eu aucune difficulté à recruter des mères pour mon étude. Au cours de l’été 2014, j’ai mené seize entretiens semi-dirigés à partir d’un guide d’entretien pour évaluer le vécu de ces femmes. Comment appréhendent-elles le co-allaitement ? Avant de me pencher sérieusement sur la question, je pensais que la démarche était réfléchie en amont. C’était un apriori. Les mères interrogées m’ont appris que ce n’est pas du tout le cas. L’expérience arrive plutôt comme une surprise. Le plus souvent, il s’agit simplement de la poursuite d’un allaitement bien vécu et épanouissant. Beaucoup de femmes disent « avoir laissé les choses se faire naturellement ». La plupart du temps, il s’agit d’une démarche de couple. Il y a un équilibre père-mère-enfant…
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Vers une baisse du numerus clausus ?
Tweet« Nous avons passé en revue une dizaine de scénarios concernant le numerus clausus (NC), du plus laxiste au plus drastique. Au final, nous préconisons d’infléchir de façon mesurée la croissance de l’effectif des sages-femmes dans les années à venir, via une baisse modérée et graduelle du numerus clausus, avec une modulation par région. » Marianne Benoît, vice-présidente du Conseil national de l’Ordre des sages-femmes (CNOSF) estime qu’il s’agit là d’agir de façon responsable et acceptable, sur la base d’analyses sérieuses. ALERTE SUR LA DEMOGRAPHIE L’étude du CNOSF rendue publique le 15 septembre a été lancée suite aux travaux de l’Observatoire national de la démographie des professions de santé (ONDPS). Les organisations de sages-femmes ont été informées des analyses de l’ONDPS dès avril dernier. Elles y ont participé depuis, espérant chacune que leurs contributions soient retenues dans les conclusions du rapport global de l’Observatoire, annoncé pour fin septembre 2016. Regroupant des enquêtes sociologiques (voir Profession Sage-femme n° 225 – Mai 2016) et des analyses statistiques, les estimations chiffrées de l’ONDPS devraient démontrer que l’écart entre le nombre de naissances ou des femmes en âge de procréer et l’effectif de sages-femmes en activité va s’amplifier dans les années à venir. Il y aurait trop de sages-femmes en 2030 si le NC est maintenu à son niveau actuel. En admettant que la profession s’empare réellement de ses nouvelles compétences, les libérales n’auraient pas un volume d’activité suffisant et le taux de chômage augmenterait. Pour l’ONDPS, les flux entrants de sages-femmes sont bien supérieurs aux flux sortants. Les sages-femmes formées à l’étranger ne peuvent être incriminées dans ce processus, leur installation demeurant limitée. Pourquoi cette prise de conscience tardive ? « L’étude de la Drees de 2012 était rassurante, analyse Marianne Benoît. Elle estimait à près de 36 % le nombre de libérales en 2030. Or ces...



La maison de naissance fait son nid à Nancy
TweetLa bâtisse historique de la maternité régionale Adolphe-Pinard impose sa stature au visiteur. Elle pourrait presque éclipser la pancarte blanche indiquant la maison de naissance « Un nid pour naître » (UNPN), inaugurée le 30 avril dernier. Situés à l’écart du bâtiment principal, juste séparés des urgences obstétricales par une voie interne, le pavillon et sa pelouse apportent une touche champêtre dans l’austérité ambiante. Les lieux sont calmes. Aucun accouchement n’est en cours. Seule Marie Bichat, une des quatre sages-femmes proposant l’accompagnement global, consulte ce jour-là. Elle nous accueille les yeux pétillants, encore toute à la joie d’avoir vu advenir ce projet tant attendu et de disposer de locaux flambants neufs. Quinze années d’implication Depuis quinze ans, usagers, professionnels et parents militent pour une telle structure. L’association Calin a été créée à cet effet en 2001. Avec la légalisation de l’expérimentation, le mouvement s’est accéléré. En 2012, plusieurs sages-femmes libérales de Meurthe-et-Moselle et de Lorraine pratiquant l’accompagnement global en plateau technique se sont regroupées au sein de l’association UNPN, soutenue par Calin, pour passer à l’action. Ce pool rassemble quatre professionnelles, désormais sages-femmes référentes. Toutes sont relativement jeunes, dans la mesure où leur diplôme date de moins de dix ans. Laure Flamant, la présidente de l’association, est sortie de l’école de sage-femme en 2010 et Isabelle Humbert en 2011. Floriane Stauffer, actuellement trésorière, a exercé dès 2008 et Marie Bichat dès 2009. Elles se sont engagées à fond dans le projet en donnant de leur temps personnel. En parallèle de leurs démarches, le professeur Olivier Morel, responsable du pôle de gynécologie-obstétrique de la maternité du CHRU, les contacte. Il souhaite élargir l’offre de soins de son établissement en inaugurant une maison de naissance. « Il nous tenait à cœur de combler ce manque », affirme-t-il sur le blog d’UNPN. Avec le soutien de l’Agence...


« En termes de santé publique, la base est là »
TweetQue penser des stratégies de santé publique développées en France dans la lutte contre les hépatites en périnatalité ? Globalement, elles sont adaptées. Le dépistage de l’hépatite B est obligatoire au cours de la grossesse. En France, en la matière, c’est une exception. Viennent ensuite deux recommandations : la sérovaccination du nouveau-né d’une mère infectée par l’hépatite B ainsi que le dépistage de cet enfant à 9 mois. Les trois piliers de la santé publique sont donc bien là. C’est la base. Il faudrait cependant améliorer le dépistage. Aujourd’hui, il doit être réalisé au sixième mois de grossesse. Mais il faudrait le faire plus tôt. Dans le rapport Dhumeaux, qui est un rapport d’experts rendu public en 2014 et rédigé sous l’égide de l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites et de la Société française d’hépatologie, je coordonnais le groupe de travail dédié à la transmission des infections virales B et C de la mère à l’enfant. Nous avions préconisé de réaliser ce test lors de l’examen prénatal, en même temps que ceux du VIH, de la rubéole et de la toxoplasmose. Car lorsque nous dépistons une hépatite B à six mois de grossesse, si la future mère a besoin d’un traitement, c’est un peu tard. Il est en effet possible de traiter au cours du troisième trimestre les femmes dont la charge virale est élevée. Or, quand des antigènes de l’hépatite B sont dépistés au sixième mois, il faut reconvoquer la patiente pour lui expliquer, puis faire une recherche d’ADN du virus pour évaluer la charge virale avant de pouvoir mettre en place un traitement. Nous pouvons facilement perdre un mois. Pourtant, il est important de faire baisser la charge virale de la mère avant la naissance de façon à mieux protéger l’enfant. Malheureusement, depuis ces...