Quand l’échographie devient une « expérience » Depuis quelques années, les échographies « plaisir », « souvenir » ou « affectives » s’étaient multipliées sur internet et dans certaines boutiques. Présentées comme des moments d’émotion, ces séances permettaient aux futurs parents de découvrir leur bébé en 3D ou 4D, parfois entourés de proches, hors du cadre médical. Proposées comme de véritables prestations commerciales — avec formules, options et effets visuels ou sonores — elles promettaient une « expérience magique » et même de voir « grandir son bébé en temps réel ». Les images pouvaient être retouchées par intelligence artificielle et remises sur clé USB, pour un coût atteignant parfois 200 euros, intégralement à la charge des parents. Mais derrière cette offre séduisante, le monde médical alertait depuis longtemps sur les risques d’une telle dérive. Des alertes sur les risques pour le fœtus Dès 2004, l’Académie de médecine soulignait les dangers potentiels d’une exposition prolongée du fœtus aux ultrasons, recommandant de réserver ces examens à un usage strictement médical. L’année suivante, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) mettait en garde contre les échographies réalisées à des fins purement esthétiques : pour obtenir des images nettes, les praticiens prolongeaient les séances et concentraient les ultrasons sur des zones précises (profil, visage, organes génitaux), sans justification médicale. Bien qu’aucun effet nocif n’ait été démontré à ce jour, ces pratiques faisaient courir un risque inutile au fœtus, sans finalité diagnostique ni thérapeutique. Un encadrement juridique désormais clair Le rapport de la Haute Autorité de santé (HAS) publié en 2012 marque un tournant. Il qualifie les échographies « plaisir » de prestations commerciales, étrangères à tout objectif médical, et appelle à un encadrement législatif. Ce cadre a été établi en 2017, avec le décret n° 2017-91, interdisant formellement l’utilisation d’échographes destinés à l’imagerie fœtale par toute personne n’exerçant pas la profession de médecin ou de sage-femme. Cette interdiction…
