
Bien plus répandue qu’on ne le pense souvent, l’alcoolisation fœtale est dramatique pour les bébés à naître, ainsi que pour les enfants, adolescents et adultes qu’ils deviendront. Le syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF) est la forme la plus grave : dysmorphie craniofaciale, hypotrophie globale avec retard de croissance, retard mental avec déficit intellectuel. Mais il existe de nombreux autres syndromes, moins complets, que les spécialistes ont réuni dans les Troubles causés par l’alcoolisation fœtale. Les progrès réalisés en neurobiologie, en épidémiologie et en détection laissent désormais entrevoir l’ampleur du drame. Dans un rapport adopté le 22 mars dernier, l’Académie nationale de médecine sonne l’alarme. TOXIQUE À LONG TERME L’inadaptation du nouveau-né qui peut aussi souffrir de difficultés d’allaitement et de troubles du sommeil peut parfois être confondue avec des signes de sevrage. Quand l’enfant entre à l’école, des anomalies de comportement et des troubles cognitifs retentissent sur ses apprentissages. A l’adolescence, on peut y ajouter une intolérance aux frustrations, une difficulté d’intégration. Chez les adultes, viennent aussi des troubles du comportement et du jugement, des désordres émotionnels, une dépendance à l’alcool ou à d’autres drogues. PLUS DE 8000 BÉBÉS PAR AN En France, le SAF concerne au moins 1 % des naissances, soit 8000 nouveau-nés chaque année. Le nombre de bébés qui souffrent de troubles de l’alcoolisation fœtale n’est pas connu. Et 23 % des femmes enceintes continuent de boire de l’alcool. D’ailleurs, pour 37 % des parturientes, le danger n’existe que si la consommation est quotidienne. Or, l’alcool ingéré par la mère passe directement dans le placenta. Les taux d’alcoolémie sont donc identiques chez la mère et le fœtus. C’est d’autant plus grave que ce dernier ne dispose pas de la maturité hépatique suffisante pour se détoxiquer. Le poison diffuse donc dans tous ses tissus. Ses effets délétères sont directement…