Ici et ailleurs

Allaitement sans frontière

Durand l’année 2015, près de 750 000 réfugiés du Moyen-Orient, du Maghreb, d’Asie centrale ou d’Afrique sub-saharienne sont entrés en Grèce de façon irrégulière à partir de la Turquie, dont les côtes sont toutes proches, selon le Haut Commissariat aux réfugiés des Nations Unies et les autorités locales. Ces dernières ont ouverts plu- sieurs structures pour accueillir les migrants. C’est armée de sa bonne volonté que Maria Fertaki, consultante en lactation IBCLC et membre du conseil d’administration de la Leche League de Grèce (LLLG), se rend pour la première fois dans un des camps de réfugiés d’Athènes en novembre 2015, avec deux autres membres de l’association. Elle venait de rencontrer une maman participant aux réunions de la LLLG qui fabriquait des écharpes de portage et les distribuait dans le gymnase de Galatsi, transformé en camp d’accueil, au centre de la capitale. Mais accompagner des femmes réfugiées n’a rien à voir avec le soutien à l’allaitement auprès de citadines grecques. PREMIÈRES RENCONTRES « Les familles étaient rassemblées dans le gymnase de Galatsi où des toiles avaient été tendues pour créer des espaces personnels, raconte Maria Fertaki. Les enfants et nouveau- nés y étaient nombreux. Il n’était pas rare que les familles aient entre deux et cinq enfants en bas âges. La plupart ne restaient dans le camp qu’un jour ou deux, avant de rejoindre rapide- ment la frontière nord de la Grèce et poursuivre leur périple. » Malgré la barrière de la langue, les volontaires parviennent à échanger par gestes avec les mères, l’écharpe de portage offerte les amenant à évoquer l’allaitement. Dès ce premier jour, Maria Fertaki rencontre des bénévoles de l’organisation Amurtel, qui vient en aide aux femmes enceintes et aux bébés. Ils lui proposent de poursuivre la visite accompagnée d’une interprète parlant farsi, la langue des réfugiés afghans...

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Ici et ailleurs

Là où les autres ne vont pas

Medina est née de la volonté de deux médecins intervenus lors de la guerre en Bosnie en 1994. Ils avaient alors tenté de guérir une petite fille leucémique, dont l’association porte aujourd’hui le nom en hommage. Créée en 1998, l’ONG s’est fait la spécialité d’intervenir dans des zones de conflits non desservies par les autres ONG. Bosnie, Tchétchénie, Kosovo, Palestine : autant de pays où des projets d’urgence, de post-urgence ou de développement sont en cours. En 2011, la guerre éclate en Syrie. Dès 2012, l’association Medina y noue un réseau. La région d’Alep, la deuxième ville du pays, est aux mains de la rébellion faite d’alliance entre l’armée syrienne libre et des groupes fondamentalistes comme le Front Al Nusra. Elle est régulièrement bombardée par les forces du régime de Bachar al-Assad. Si des hôpitaux et des postes de soins subsistent au cœur de la ville, la banlieue ouest, notamment, est plus démunie. Le besoin d’une maternité se fait sentir et Medina décide d’y remédier. MATERNITÉ CLANDESTINE L’établissement ouvre ses portes en janvier 2015, dans une maison de ville. « Bien qu’elle soit connue de la population locale, la maternité ne doit pas être identifiable, comme un hôpital classique, car elle pourrait constituer une cible, témoigne Franck Carrey, médecin du travail et président de l’association. Nous évitons aussi de communiquer les noms ou des photos des personnes qui y travaillent, par souci de sécurité. » Au démarrage, seuls les accouchements sans complications sont praticables. L’association parvient ensuite à acheminer les équipements nécessaires pour mettre sur pied un bloc opératoire et réaliser des césariennes, à partir de novembre 2015. Aujourd’hui, le taux de césarienne est élevé, car l’équipe est la seule de la zone à pouvoir pratiquer des opérations, ce qui attire des femmes d’un large périmètre. Durant les mois de...

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