
En France, plus d’une femme sur cinq voit son accouchement déclenché artificiellement. Autrement dit, chaque année, ce sont près de 175 000 femmes qui subissent la douleur des contractions provoquées et l’interminable durée du travail associées au déclenchement, auxquelles s’ajoutent des risques d’asphyxie du fœtus, d’hématome rétroplacentaire, de césarienne en urgence, entre autres. En 2010, 22,7 % des femmes étaient concernées, d’après la dernière enquête nationale de périnatalité (ENP). Au fil des ans, spécialement depuis les années 80, cette proportion n’a cessé d’augmenter. Menée auprès de 18 648 femmes ayant accouché dans 617 maternités entre le 1er janvier 2008 et le 31 décembre 2014, une enquête du Collectif interassociatif autour de la naissance (Ciane) affichait un taux global redressé pour l’ensemble des accouchements de 23,5 %. Aujourd’hui, qui déclenche-t-on ? Pourquoi ? Comment ? Ces derniers mois, plusieurs spécialistes ont tenté de répondre à ces questions lors de divers rassemblements professionnels. LES RAISONS DU DECLENCHEMENT En Europe, le taux de déclenchements varie de 6 % à 33 %, selon les pays, d’après les données d’Europeristat. « Souvent, lorsque le taux de déclenchements est faible, le taux de césariennes est plus élevé, sauf en France, où le déclenchement paraît augmenter le risque de césarienne », commente Camille Le Ray, gynécologue-obstétricienne de la maternité Port-Royal, à Paris. Selon l’ENP de 2010, les deux principales indications de déclenchement étaient la prévention du post-terme (34 %) et la rupture prématurée des membranes (19 %), suivies par les anomalies de vitalité fœtale comme le retard de croissance intra-utérin (7,9 %), la suspicion de macrosomie (2,6 %), le diabète gestationnel ou préexistant (4,7 %). Malgré un certain manque de données, quelques enquêtes passées ont montré une très grande variabilité territoriale, en termes de taux, mais aussi de pratiques. Pour y voir plus clair sur la situation dans l’Hexagone, Camille Le…