
D’un point de vue privé, le sort des femmes enceintes et l’avenir matériel des nouveau-nés paraissent stimuler la générosité. De nombreux particuliers et plusieurs entreprises y sont sensibles. La cause fédère aussi une bonne poignée de « personnalités ». Encore tout étonnée, Samra Abaidia-Seddik peut en témoigner. Optimiste, son récit dériderait les plus convaincus des misanthropes. La sage-femme est à l’origine de l’association « Un petit bagage d’amour ». Née en 2016 d’un groupe Facebook, l’organisation fournit aux femmes enceintes en situation de grande précarité une « valise maternité ». De la layette aux couches en passant par le liniment, elle contient tout ce dont une femme a besoin pour accueillir son nouveau-né, et plus encore. Aujourd’hui, l’association Un petit bagage d’amour est presque devenue une multinationale de la solidarité. Si elle fonctionne toujours sur la base du bénévolat, de dons privés, d’ingéniosité et de bouts de ficelle, elle a ouvert plusieurs antennes sur l’ensemble du territoire français, à Lille, Perpignan, Rennes, Reims, Nancy, Strasbourg, Lyon, Toulouse, Bordeaux, Marseille… Autonomes, ces antennes sont tenues par des sages-femmes ou d’autres professionnelles de santé ou du social, certaines étant retraitées. Un autre « nid » est également en cours d’ouverture à Bruxelles, en Belgique. UN PETIT SAC DE RIEN L’histoire a démarré en trombe, surprenant la fondatrice qui n’en attendait pas tant. À l’époque, elle travaille à mi-temps à la maternité des Bluets, à Paris, et à l’hôpital Mère-Enfant de l’Est parisien, une structure spécialisée dans l’accueil des couples mères-enfants en difficulté psychosociale. Les femmes y sont reçues pendant la grossesse et en post-partum. Il s’agit de consolider le lien mère-enfant et de prendre en charge des femmes abîmées par un handicap ou un parcours de vie chaotique. En février 2016, une mère enceinte de jumelles y est accueillie. Avant, elle dormait dans une cafétéria. « Je fais un monitoring à…