En France, les hôpitaux distinguent deux types de patients : les assurés sociaux et ceux qui ne le sont pas. « On n’enregistre pas si les personnes sont étrangères ou non », précise Lise Selleret, gynécologue-obstétricienne spécialisée en médecine de la reproduction à l’hôpital Tenon, à Paris. Difficile donc d’obtenir des données. Mais quelques couples en mal d’enfants font tout de même le grand voyage. Pour s’assurer une descendance, ils n’hésitent pas à migrer pour consulter dans des centres spécialisés en Europe. Ils ne sont pas tous richissimes. « L’accès à l’AMP n’est conditionné à aucune enquête sociale ou investigation sur les revenus, explique le médecin. On demande seulement aux couples de fournir des preuves de vie commune. De ce fait, on ne sait pas vraiment si les personnes sont dans la précarité ou pas. » Les parcours d’AMP étant longs, il arrive que les visas expirent. Les personnes se trouvent alors dans une situation délicate vis-à-vis de l’administration. Et depuis 2011, les examens, produits ou médicaments nécessaires à l’AMP ne sont plus pris en charge pour les bénéficiaires de l’Aide médicale d’état (AME), autrement dit les personnes étrangères en situation irrégulière résidant sur le territoire français depuis au moins trois mois et disposant de faibles ressources. « Cette modification législative a eu un impact sur notre activité. A l’hôpital Tenon, nous suivions de nombreux couples dont l’un des membres était bénéficiaire de l’AME. Depuis, nous n’en recevons qu’un par mois. Nous leur conseillons désormais de s’orienter vers une régularisation de leur situation administrative avant d’entamer les procédures d’AMP. » Sauf que ce parcours peut prendre des années, et les femmes n’ont pas toujours tout ce temps devant elles… Autre solution : payer directement pour les frais engagés. Quand un centre désire proposer ses services à un couple de non-assurés…
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Vers des parentalités partagées ?
TweetEn 2011, sur 417 enfants nés de parents avec une déficience intellectuelle pris en charge au sein de tous les établissements d’accueil de Seine-Maritime, 11,7 % étaient reconnus porteurs de handicap. Dans la population générale, ils ne sont que 2 %. « La transmission du handicap est rarement génétique », analyse Bertrand Morin, qui a été directeur de deux établissements accueillant des adultes en situation de handicap intellectuel sur la région rouennaise. C’est l’un des nombreux aspects de son livre Accompagner vers la parentalité les personnes en situation de handicap, qui insiste notamment sur la transmission transgénérationnelle occasionnant des troubles d’attachement responsables d’une forme de handicap « acquis ». Pour Bertrand Morin, il n’est évidemment pas question d’empêcher les personnes handicapées d’avoir des enfants, pas plus que de promouvoir ces parentalités, mais de les accompagner au mieux, y compris lorsque l’intérêt de l’enfant n’est pas de rester à temps complet avec ses parents. Constatant qu’environ un tiers des 140 000 enfants pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance a des parents en situation de handicap, il estime nécessaire d’organiser des modes d’accueil plus durables que ceux proposés, pour éviter les ruptures affectives. « Via toutes les nouvelles parentalités actuelles, la société est prête, analyse l’auteur. Le cadre existe : le Code civil organise juridiquement la délégation d’autorité parentale permettant à un enfant d’être confié à un tiers digne de confiance. Une adoption simple, sans perte de la filiation, est aussi envisageable. Bien sûr, cela doit être préparé, médiatisé, accompagné. Un parent handicapé peut, à condition d’y être sensibilisé, accepter de partager l’exercice de sa parentalité. Cela se passe alors mieux que lorsque la décision tombe en urgence comme une sanction. » Cette préparation s’inscrit plus largement dans l’accompagnement à la vie affective des personnes handicapées, dont il est largement...

Entretien : « Les parents déficients intellectuels sont d’abord des parents »
TweetCombien d’enfants sont nés de parents avec une déficience intellectuelle ? Une seule étude à visée épidémiologique menée en 1995 par l’Unapei (Union nationale des associations de parents et amis de personnes handicapées mentales) recensait 13 000 enfants nés d’un parent avec une déficience intellectuelle (Padi). Depuis les années 1990-2000, nous constatons une augmentation exponentielle de ces parentalités. On peut dire qu’aujourd’hui, plusieurs dizaines de milliers d’enfants ont un parent dans cette situation, malgré l’absence de chiffres officiels. Au niveau politique et juridique, nous sommes passés progressivement d’une ségrégation des personnes handicapées à une volonté d’intégration. Les lois de 1975, 2002 et 2005 ont renforcé leurs droits. Les citoyens côtoient plus souvent des personnes atteintes de déficiences intellectuelles intégrées en milieu ouvert. Même si une méfiance perdure à leur égard, ces personnes apparaissent moins étranges. De leur côté, les institutions ont mis l’accent sur l’autonomie et l’épanouissement. Leurs compétences étant valorisées, ces personnes revendiquent de vivre « comme tout le monde ». Le désir d’enfant s’inscrit dans cette logique. Ce phénomène suscite des craintes concernant le devenir des enfants. Que disent les études ? La plupart des études ont été menées à l’international, dans des contextes différents et non extrapolables. Comme elles sont rares, cela laisse libre courts aux discours affirmant que les parents handicapés ne devraient pas avoir d’enfant. En 2005, le laboratoire Padi amené une étude auprès de 144 services d’accompagnement à la vie sociale (SAVS) de France auprès de familles où au moins un des parents avait une déficience légère reconnue. Elle incluait 1060 enfants : 83 % ne présentaient aucun handicap. Cela signifie que 17 % avaient une déficience, un taux supérieur à ce qu’on observe ordinairement. Mais cela va à l’encontre du préjugé qui veut que tous les enfants nés de Padi naissent également déficients....

La sexo, c’est d’abord de la physio
TweetDis donc, c’était mieux avant la naissance du deuxième. On ne s’éclate plus trop au lit. Tu n’aurais pas une idée ? » « Heu… Comment dire ? Face à cette patiente, je me suis sentie bien nulle ! », confie une sage-femme. « Lors des consultations de post-partum, je pose la question de la reprise de la sexualité, ajoute une de ses consœurs. Les femmes sont nombreuses à évoquer un trouble du désir. Je demande alors si c’était mieux avant. Et quand on me répond “non, avant non plus ce n’était pas terrible”, je me sens vraiment démunie. » « Si ma patiente se plaint au niveau de sa sexualité, je change sa pilule, je donne des compléments alimentaires, mais… en réalité, je ne peux pas l’aider », reconnaît une troisième collègue. En ce matin du mois de mai, seize sages-femmes libérales, venues des départements du Calvados et de la Manche, s’apprêtent à boire les paroles de Nicole Andrieu pendant deux jours complets. Formée à la sexologie, qu’elle pratique désormais en routine dans son cabinet d’Obernai, l’Alsacienne a été dépêchée pour ce stage par l’Association nationale des sages-femmes libérales. Depuis quelques années, elle parcourt la France pour former ses consœurs au sujet. Ce matin, elle a investi une salle de la maison des associations de Caen. L’IGNORANCE EN PARTAGE « Mettre au monde un enfant de façon la plus physiologique possible ne m’intéresse pas s’il n’a plus de parents ensuite », commence Nicole Andrieu, qui exerce depuis trente ans. Partant du constat que de nombreuses séparations surviennent dans les trois ans qui suivent une naissance, elle se focalise sur le couple. « Com ment va-t-il résister à ce tsunami qu’est l’arrivée d’un bébé ? » L’insatisfaction sexuelle, qui va souvent de pair avec le manque d’intimité, est un facteur important à l’origine de...