
Dis donc, c’était mieux avant la naissance du deuxième. On ne s’éclate plus trop au lit. Tu n’aurais pas une idée ? » « Heu… Comment dire ? Face à cette patiente, je me suis sentie bien nulle ! », confie une sage-femme. « Lors des consultations de post-partum, je pose la question de la reprise de la sexualité, ajoute une de ses consœurs. Les femmes sont nombreuses à évoquer un trouble du désir. Je demande alors si c’était mieux avant. Et quand on me répond “non, avant non plus ce n’était pas terrible”, je me sens vraiment démunie. » « Si ma patiente se plaint au niveau de sa sexualité, je change sa pilule, je donne des compléments alimentaires, mais… en réalité, je ne peux pas l’aider », reconnaît une troisième collègue. En ce matin du mois de mai, seize sages-femmes libérales, venues des départements du Calvados et de la Manche, s’apprêtent à boire les paroles de Nicole Andrieu pendant deux jours complets. Formée à la sexologie, qu’elle pratique désormais en routine dans son cabinet d’Obernai, l’Alsacienne a été dépêchée pour ce stage par l’Association nationale des sages-femmes libérales. Depuis quelques années, elle parcourt la France pour former ses consœurs au sujet. Ce matin, elle a investi une salle de la maison des associations de Caen. L’IGNORANCE EN PARTAGE « Mettre au monde un enfant de façon la plus physiologique possible ne m’intéresse pas s’il n’a plus de parents ensuite », commence Nicole Andrieu, qui exerce depuis trente ans. Partant du constat que de nombreuses séparations surviennent dans les trois ans qui suivent une naissance, elle se focalise sur le couple. « Com ment va-t-il résister à ce tsunami qu’est l’arrivée d’un bébé ? » L’insatisfaction sexuelle, qui va souvent de pair avec le manque d’intimité, est un facteur important à l’origine de…