Bisphénol A (BPA), phtalates, pesticides, métaux lourds, PCB, dioxines et retardateurs de flammes… Pas moins de trois tomes seront publiés courant 2016 par l’Institut national de veille sanitaire (INVS) concernant l’imprégnation des femmes enceintes à ces polluants. Les premiers résultats concernant le BPA, les phtalates et pesticides ont été rendus publics le 2 mai dernier, lors des Lundis de l’Institut national d’études démographiques. Ces substances présentes dans l’environnement font régulièrement parler d’elles en raison de leur effet perturbateur des fonctions endocrines. L’exposition prénatale est suspectée d’entrainer des petits poids à la naissance, une prématurité, des problèmes de développement et des dysfonctionnements du système reproducteur. BIOSURVEILLANCE Dans le cadre du Grenelle 2 et du Plan santé environnement, l’InVS (aujourd’hui regroupé au sein de l’agence Santé publique France) a été chargé de mener une étude de biosurveillance dans le domaine périnatal. Au sein de la cohorte Elfe, un sous-échantillon représentatif de 4145 femmes enceintes a été inclus pour quantifier le degré d’imprégnation à ces produits et identifier les facteurs déterminant ces niveaux d’imprégnation. « La biosurveillance permet de détecter la présence dans l’organisme de substances chimiques ou de leurs produits de dégradation, appelés métabolites, qui sont autant de biomarqueurs », explique Clémentine Dereumeaux, chercheuse à l’InVS. Ces indicateurs biologiques ont été dosés dans des prélèvements (urine, sérum, sang du cordon, cheveux) recueillis chez des femmes lors de l’accouchement dans 211 maternités de France continentale en 2011. Les différents vecteurs d’exposition des femmes à ces polluants ont été évalués via un auto-questionnaire rempli en maternité et un autre, six à huit semaines après la naissance. Ces questionnaires évaluaient la fréquence d’exposition aux différents produits au cours des trois derniers mois, mais pas les quantités de substances auxquelles les femmes s’exposent. Les résultats ont aussi été comparés à des études antérieures ou étrangères, pour…
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« Accueillir des patientes handicapées, c’est s’adapter au cas par cas »
TweetRacontez-nous la genèse du projet… Chantal Mathis : A l’été 2013, Christophe Matrat, directeur de la Fondation Saint-Vincent-de-Paul, est entré en contact avec l’Association des paralysés de France (APF), afin de développer un accueil spécifique pour les mères handicapées. Nos équipes se sont tout de suite montrées motivées par ce projet ! Des travaux allaient bientôt être réalisés dans nos locaux, c’était donc l’occasion. Dès le mois de septembre, notre direction s’est rendue à l’Institut mutualiste Montsouris, à Paris, pour rencontrer notamment Béatrice Idiard-Chamois, la première sage-femme en France a avoir créé une structure dédiée aux femmes handicapées, et Edith Thoueille, directrice du service de guidance périnatale et parentale pour personnes en situation de handicap (SAPPH) de la Fondation hospitalière Sainte-Marie. Quand avez-vous commencé à vous y impliquer ? C.M. : Six mois plus tard, avec David Sogne, Brigitte Bacquez (responsable de la clinique Sainte-Anne) et des représentants d’APF Alsace, nous avons fait la même visite à Montsouris ainsi qu’à l’Institut de puériculture, avec une volonté d’être encore plus concrets : voir quels travaux allaient devoir être faits, envisager la charge de travail pour le personnel, l’organisation nécessaire… En une journée, il a fallu aborder toutes les questions qui allaient se poser à nous et par lesquelles Montsouris était déjà passé. Ils étaient très contents de nous accueillir, de nous répondre, de voir qu’une équipe en province s’investit dans un tel projet ! On a senti qu’ils avaient très envie d’essaimer leur savoir-faire, pour faciliter la vie de plus de mamans en situation de handicap. Par la suite et avant que les travaux ne commencent, l’équipe de Montsouris est venue chez nous à Sainte-Anne pour nous aider à réfléchir aux adaptations qui allaient être nécessaires dans nos locaux. Concrètement, quels travaux ont été réalisés ? David Sogne : Il s’agit d’abord de travaux...

Allaitement sans frontière
TweetDurand l’année 2015, près de 750 000 réfugiés du Moyen-Orient, du Maghreb, d’Asie centrale ou d’Afrique sub-saharienne sont entrés en Grèce de façon irrégulière à partir de la Turquie, dont les côtes sont toutes proches, selon le Haut Commissariat aux réfugiés des Nations Unies et les autorités locales. Ces dernières ont ouverts plu- sieurs structures pour accueillir les migrants. C’est armée de sa bonne volonté que Maria Fertaki, consultante en lactation IBCLC et membre du conseil d’administration de la Leche League de Grèce (LLLG), se rend pour la première fois dans un des camps de réfugiés d’Athènes en novembre 2015, avec deux autres membres de l’association. Elle venait de rencontrer une maman participant aux réunions de la LLLG qui fabriquait des écharpes de portage et les distribuait dans le gymnase de Galatsi, transformé en camp d’accueil, au centre de la capitale. Mais accompagner des femmes réfugiées n’a rien à voir avec le soutien à l’allaitement auprès de citadines grecques. PREMIÈRES RENCONTRES « Les familles étaient rassemblées dans le gymnase de Galatsi où des toiles avaient été tendues pour créer des espaces personnels, raconte Maria Fertaki. Les enfants et nouveau- nés y étaient nombreux. Il n’était pas rare que les familles aient entre deux et cinq enfants en bas âges. La plupart ne restaient dans le camp qu’un jour ou deux, avant de rejoindre rapide- ment la frontière nord de la Grèce et poursuivre leur périple. » Malgré la barrière de la langue, les volontaires parviennent à échanger par gestes avec les mères, l’écharpe de portage offerte les amenant à évoquer l’allaitement. Dès ce premier jour, Maria Fertaki rencontre des bénévoles de l’organisation Amurtel, qui vient en aide aux femmes enceintes et aux bébés. Ils lui proposent de poursuivre la visite accompagnée d’une interprète parlant farsi, la langue des réfugiés afghans...

Postures : ce qu’en dit la science
TweetLes postures, c’est de la tambouille de sage-femme ». Aujourd’hui, peu d’obstétriciens français assument encore ces mots en public. Certains sont même convaincus des bienfaits de l’usage des positions alternatives au décubitus dorsal pendant le travail et l’accouchement. N’empêche. Dans les couloirs de certaines maternités et dans le for intérieur des professionnelles de l’accompagnement de la grossesse et de l’accouchement, la sentence demeure. Les postures, on y croit ou pas. Pour sortir de cet « effet religion », plusieurs équipes de recherche – la plupart incluant des sages-femmes – ont suivi le mouvement général qui traverse désormais l’obstétrique et la maïeutique : s’appuyer sur « l’evidence-based medicine », apporter des preuves scientifiques. Ces derniers temps, quelques études ont tenté de montrer l’intérêt des postures au cours de l’accouchement. Dans l’ensemble, leurs résultats sont très décevants. Y compris pour leurs auteurs. Pourtant, en se fiant à leur sens clinique mis en œuvre dans le secret des salles de naissance, les sages-femmes qui pratiquent ces postures sont persuadées de leur efficacité. Comment expliquer ces résultats ? DÉCUBITUS LATÉRAL ASYMÉTRIQUE L’étude la plus récente a été menée en France sous la houlette de Camille Le Ray, gynécologue-obstétricienne à la maternité de Port- Royal, à Paris, et Anne Chantry, sage-femme et chercheuse en épidémiologie à l’Inserm. Leurs résultats, présentés lors de plusieurs congrès, sont en cours de publication (1). Baptisé Evadela, pour « évaluation du décubitus latéral asymétrique pour faire tourner les variétés postérieures », cet essai randomisé multicentrique se voulait un exemple de scientificité. Dans quatre maternités françaises de différents types, les chercheurs ont recruté 322 femmes avec une grossesse de plus de 37 SA dont le fœtus vivant avait une présentation céphalique en variété postérieure diagnostiquée cliniquement entre deux et neuf centimètres de dilatation et confirmée par échographie. De manière aléatoire, les...