« Il subsiste plusieurs freins à l’universitarisation totale des études. D’abord, les sages-femmes enseignantes n’ont pas de statut permettant de cumuler une activité clinique et l’enseignement à l’université. Aujourd’hui, pour accéder à ce statut, il faut avoir un doctorat dans une autre discipline, car la filière maïeutique ne dispose pas d’un troisième cycle. Ou encore, être qualifié au Conseil national des universités dans une discipline de thèse, avec un statut d’enseignant-chercheur qui limite l’activité à l’enseignement. Second frein : compte tenu de l’autonomie des universités, localement, les relations entre le président de l’université, le doyen de la faculté de médecine ou de santé et la directrice de l’école de sages-femmes ont un impact sur les modalités juridiques d’intégration des écoles. Sans compter que les finances manquent. La région se charge de nombreux frais (fonctionnement, investissement, innovation, formation) et préfère souvent laisser la masse salariale à la charge des universités, en proie à des problèmes budgétaires, ce qui pénalise les écoles de sages-femmes. Du point de vue des locaux, les universités n’ont pas de murs extensibles. Enfin, la formation n’est pas harmonisée. Libre aux directrices d’écoles de pousser plus ou moins l’intégration universitaire, qui pose aux plus réticentes des problèmes d’organisation. » *Association nationale des étudiants sages-femmes….
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Le b.-a.-ba de la réforme
TweetLa première année, celle de la Paces, correspond à la première année de licence de science maïeutique. Le premier cycle universitaire dure donc trois ans. Cette période apporte les connaissances théoriques et cliniques qui préparent au master. Le second cycle universitaire (master 1/master 2) dure deux ans, permet un approfondissement des connaissances et assure la professionnalisation de l’étudiant. Le diplôme est organisé en semestres et en unités d’enseignement (UE). A côté d’un socle commun à toutes les écoles d’UE théoriques et cliniques, l’étudiant poursuit un parcours personnalisé, avec un projet qui correspond à son parcours professionnel soutenu par un stage et des UE librement choisies. Celles-ci peuvent s’intégrer à la formation théorique ou clinique ou dans le parcours recherche. Les écoles gardent une liberté dans le nombre d’ECTS (European Credit Transfert System) par UE. Et elles choisissent les UE libres, qui représentent 10 à 20 % du contenu des études. Les étudiants doivent obtenir 60 ECTS en première année. En deuxième et troisième année, ils cumulent 120 ECTS pour obtenir la licence (DFGSMa). A ce stade, ils ont effectué six semestres. Ce diplôme validé, les étudiants ne peuvent exercer. A l’issue de la quatrième et de la cinquième année, ils obtiennent les 120 ECTS requis dans le master de sciences maïeutiques (diplôme d’Etat)....

Les mémoires récompensés à Evian
TweetLe Grand Prix Evian des écoles de sages-femmes (ESF) soufflait cette année ses 25 bougies. Autant d’années qui ont rendu ce rendez-vous incontournable pour la profession. D’une part, les mémoires présentés sont censés représenter ce qui se fait de mieux dans les écoles. C’est aussi une occasion de rencontres informelles dans un cadre luxueux et paisible. En période de rentrée, les sujets de débats ou d’échanges ne manquent pas pour les représentants des associations invitées et les responsables d’écoles. Temps forts Comme le veut la tradition, la séance inaugurale de ce week-end studieux est en partie consacrée à l’histoire géologique du plateau de Gavot, qui a permis l’éclosion de la source d’Evian, et à la préservation des qualités de son eau aujourd’hui. Puis des exposés thématiques centrés sur la pratique de sages-femmes sont proposés. En partenariat avec le laboratoire Gallia, Hassan Moumin Bahdon, gynécologue-obstétricien à Trappes, a présenté un topo sur la mastite. L’auditoire a surtout réagi aux présentations de deux sages-femmes exerçant en maison de naissance, l’une en Suisse et l’autre en France. Ornella Lenoir et Amélie Battaglia ont détaillé les spécificités de leur pratique, permettant une comparaison. Six lauréats, deux prix Pour ce grand prix 2016, trente écoles ont participé et adressé des candidats ayant validé leur diplôme en amont. Au total, 23 mémoires étaient en lice pour le prix scientifique et 8 pour le prix spécial du jury, qui porte sur des thématiques ayant trait à l’alimentation, l’hydratation ou l’environnement. Les sages-femmes membres du jury ont ensuite sélectionné à partir des résumés les six lauréats présents à Evian. Présidé par la directrice de l’ESF de Tours, Claire Perrin, le jury rassemblait Marjan Nadjafizadeh, enseignante à l’école de Nancy, Patricia Farges, membre de l’Association nationale des sages-femmes territoriales, Françoise Damageux, sage-femme coordinatrice à l’hôpital de Poissy-Saint-Germain, la docteure...

Les écoles de sages-femmes, à l’heure du LMD
TweetLa réforme LMD (Licence-Master-Doctorat), instaurée en 2011, est l’une des voies d’intégration des écoles de sages-femmes à l’université. Au programme ? Instituer les European Credit Transfert System (ECTS – voir encadré), avancer par semestre, proposer un catalogue d’unités d’enseignement librement choisies (UELC), diminuer le temps de stage, chercher la mutualisation de certaines unités d’enseignement (UE) avec la faculté de médecine. Cette réforme était souhaitée par les organisations et associations professionnelles, aspirant à une universitarisation plus poussée de la formation initiale. « Je l’attendais depuis trente ans. Elle nous tire vers le haut », s’enthousiasme Christiane Roux, directrice de l’école de sages-femmes de la faculté libre de médecine et de maïeutique de Lille. « Enfin, nous accédons à un processus d’évaluation des sages-femmes par le Haut Conseil de la recherche et de l’enseignement supérieur », renchérit Isabelle Derrendinger, directrice de l’école de sages-femmes de Nantes depuis cinq ans. « Aujourd’hui, les étudiants bénéficient du système universitaire reconnu au niveau européen, avec les unités et les crédits d’enseignement qui permettent des passerelles », détaille Marie-Christine Leymarie, directrice de l’école de sages-femmes de Clermont-Ferrand. Tout a commencé avec Grenoble, école pionnière qui a rendu la première année de médecine obligatoire, dès 1992, bien avant la généralisation de la première année commune aux études de santé (Paces), en 2003 (voir encadré). Avec la réforme LMD, l’intégration universitaire s’est accélérée, sans avancer au diapason dans les 35 écoles de sages-femmes, loin de là. Et pour cause, elles jouissent d’une grande autonomie, tout comme les universités auxquelles elles sont rattachées sous des formes variées. « Il n’existe pas d’enquête nationale sur la mise en place du schéma LMD. », avance Christine Morin, présidente de la Conférence nationale des enseignants en maïeutique (Cnema). Alors, Profession Sage-femme a contacté directrices d’écoles, enseignants et étudiants pour faire le point sur les avancées et les couacs de cette...