« Depuis que je suis installée en libéral, je passe beaucoup de temps à m’excuser pour la profession », raconte Nicole Andrieu, sage-femme spécialisée en sexologie. Nombreuses sont ses patientes à se plaindre de troubles de la sexualité depuis leur accouchement. Pour la professionnelle, les vécus traumatiques liés aux pratiques en salle de naissance et de consultation sont à prendre en compte. Elle a commencé à lister ces gestes qui blessent. En tête arrivent les touchers vaginaux et les poses de sonde sans demander l’accord de la patiente ni utiliser de lubrifiant. Vient ensuite tout ce qui met à mal la pudeur : le port de la blouse qui ne couvre pas les fesses, les portes laissées ouvertes, les examens sur les étriers en présence de multiples intervenants qui entrent et sortent sans même se présenter, l’orientation de la table vers la porte, les vitres sans tain qui donnent l’impression d’être à la vue de tous, etc. « La femme se sent dépossédée de son corps. Comment pourra-t-elle le réintégrer ensuite ? » Le déroulé de l’accouchement, mieux vécu si la femme est actrice plutôt que spectatrice, influence la reprise de la sexualité. La péridurale joue donc un rôle. Les forceps et les ventouses peuvent renforcer l’impression de ne pas avoir accouché correctement. « Attention aussi aux instruments pleins de sang laissés à la vue de la femme comme de l’homme. Il en va de même de l’utilisation du miroir en salle d’accouchement, avertit la sage-femme. Ce n’est pas la peine de montrer à une femme son sexe tuméfié. La réfection d’une suture sans anesthésie a également un gros impact sur la reprise de la sexualité. » De façon générale, la sage-femme recommande d’être très attentif à ses paroles et à ses propres mimiques pendant les examens et les gestes…
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Mental ou psychique : deux formes de handicap
TweetSelon l’OMS, la déficience intellectuelle est « un arrêt du développement mental ou un développement mental incomplet, caractérisé par une insuffisance des facultés et du niveau global d’intelligence, notamment au niveau des fonctions cognitives, du langage, de la motricité et des performances sociales ». La déficience, plus ou moins sévère, peut apparaître dès la conception (maladies génétiques, aberrations chromosomiques…), durant la grossesse (radiation ionisante, virus, médicaments, syndrome d’alcoolisation fœtale…), à la naissance (anoxie cérébrale, prématurité…) ou au cours de la vie (maladies infectieuses, traumatismes crâniens…). Pour l’Unapei, le handicap mental est la conséquence sociale d’une déficience intellectuelle. Cette dernière ne peut être soignée, mais le handicap peut être compensé par un environnement et un accompagnement adéquats.Le handicap psychique est quant à lui la conséquence d’une maladie psychique (psychose, trouble bipolaire, trouble grave de la personnalité ou névrotique). Il n’affecte pas les capacités intellectuelles, mais leur mise en œuvre. Ses manifestations sont variables dans le temps et des soins sont nécessaires...

La sexo, c’est d’abord de la physio
TweetDis donc, c’était mieux avant la naissance du deuxième. On ne s’éclate plus trop au lit. Tu n’aurais pas une idée ? » « Heu… Comment dire ? Face à cette patiente, je me suis sentie bien nulle ! », confie une sage-femme. « Lors des consultations de post-partum, je pose la question de la reprise de la sexualité, ajoute une de ses consœurs. Les femmes sont nombreuses à évoquer un trouble du désir. Je demande alors si c’était mieux avant. Et quand on me répond “non, avant non plus ce n’était pas terrible”, je me sens vraiment démunie. » « Si ma patiente se plaint au niveau de sa sexualité, je change sa pilule, je donne des compléments alimentaires, mais… en réalité, je ne peux pas l’aider », reconnaît une troisième collègue. En ce matin du mois de mai, seize sages-femmes libérales, venues des départements du Calvados et de la Manche, s’apprêtent à boire les paroles de Nicole Andrieu pendant deux jours complets. Formée à la sexologie, qu’elle pratique désormais en routine dans son cabinet d’Obernai, l’Alsacienne a été dépêchée pour ce stage par l’Association nationale des sages-femmes libérales. Depuis quelques années, elle parcourt la France pour former ses consœurs au sujet. Ce matin, elle a investi une salle de la maison des associations de Caen. L’IGNORANCE EN PARTAGE « Mettre au monde un enfant de façon la plus physiologique possible ne m’intéresse pas s’il n’a plus de parents ensuite », commence Nicole Andrieu, qui exerce depuis trente ans. Partant du constat que de nombreuses séparations surviennent dans les trois ans qui suivent une naissance, elle se focalise sur le couple. « Com ment va-t-il résister à ce tsunami qu’est l’arrivée d’un bébé ? » L’insatisfaction sexuelle, qui va souvent de pair avec le manque d’intimité, est un facteur important à l’origine de...

L’Ordre a 70 ans
TweetLe Conseil national de l’Ordre des sages-femmes a fêté ses 70 ans à l’hôtel des Invalides le 2 juin dernier. C’est dans un décor martial qu’élus de l’Ordre et invités se sont retrouvés autour d’une exposition de photos, en présence de Laurence Rossignol, ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes et de Catherine Lemorton, présidente de la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale. Laurence Rossignol a insisté sur le travail mené avec le CNOSF pour lutter contre les violences faites aux femmes et aux enfants. Présidente du CNOSF depuis dix ans, Marie-Josée Keller a retracé l’histoire de la profession, en rappelant évidement que 1995 fut un tournant, dès lors que le CNOSF a été dirigé par les sages-femmes et non plus par les médecins. Soulignant des avancées et des échecs, la présidente a estimé que la profession « est à mi-chemin » pour gagner la place qui devrait être la sienne dans le modèle périnatal. N.R.-G....