
Y aura-t-il un avant et un après les recommandations pour la pratique clinique (RPC) sur l’administration de l’oxytocine lors du travail spontané ? Le Collège national des sages-femmes de France (CNSF), pour qui l’établissement de ces “reco” est une première (voir encadré), le souhaite et appelle à l’adoption de nouveaux réflexes dans les maternités. Alors que 58 % des femmes en travail spontané ont reçu de l’oxytocine en 2010, selon l’Enquête nationale périnatale, les auteurs des RPC estiment ce taux excessif au regard de la littérature. LONGUE GENÈSE Ne pas banaliser l’usage de l’oxytocine. Tel est le message clé de ces RPC. A l’origine, la question a été soulevée par le Collectif interrassociatif autour de la naissance (Ciane). Ce rassemblement d’usagers a interrogé le lien entre l’hémorragie du post-partum (HPP) et les pratiques médicales routinières depuis 2002. En 2004, lorsque le Collège national des gynécologues-obstétriciens (CNGOF) publie avec l’Anaes (aujourd’hui Haute Autorité de santé) ses RPC sur « Les hémorragies du post-partum immédiat », le Collectif critique un texte qui ne se concentre que sur la prise en charge de l’HPP, délaissant la prévention. Le Ciane s’active alors pour que l’Assurance Maladie finance le recrutement d’une population témoin, intégrée au sein de l’étude Pithagore6 de l’Inserm, dont la population originelle est composée de femmes ayant connu une HPP. Jérémie Belghiti et ses collègues démontrent au final en 2011 que l’oxytocine est un facteur de risque indépendant d’HPP, dose-dépendant. Le thème des premières RPC du CNSF est alors tout trouvé. Pour parvenir à établir des recommandations, menées en partenariat avec le CNGOF, le Ciane, l’Inserm, un pédiatre et un anesthésiste, les auteurs ont formulé plusieurs champs d’investigation. Ils ont analysé les définitions et caractéristiques du travail normal et anormal, les indications de l’oxytocine au cours des différents stades du travail spontané et son efficacité selon…