« Ne pas psychologiser systématiquement l’accompagnement du deuil »

Jocelyne Clutier Seguin, sage-femme, et Rose-Marie Toubin, pédopsychiatre, exercent depuis de nombreuses années au CHU de Montpellier. Elles viennent de coordonner l’ouvrage Deuil en maternité, aux éditions Erès, où l’on retrouve des témoignages de parents et de professionnels.

La littérature grise autour du deuil périnatal est de plus en plus riche, pourquoi avoir choisi de coordonner cet ouvrage ? Jocelyne Clutier Seguin : J’ai terminé mes études de sage-femme en 1978, juste au moment de la loi Veil qui instaurait le droit à l’IVG et codifiait les conditions d’une IMG. Alors que je commençais ma carrière, ces deux techniques se sont développées de façon très rapide, en parallèle avec l’essor du diagnostic prénatal. Très rapidement donc, j’ai été confrontée au deuil périnatal sans réelle formation. Il fallait inventer des outils pour accompagner les parents. Au fur et à mesure de ma carrière, j’ai vécu les évolutions des pratiques au sein même des équipes dans lesquelles j’ai travaillé, avec les questionnements venant des professionnels de soin comme des parents concernés. Cet ouvrage revient en quelque sorte sur ces trente années. Rose-Marie Toubin : Il existe en effet de plus en plus de livres sur le sujet, écrits par des psychologues, des pédopsychiatres, des psychanalystes, mais aussi des sociologues, des philosophes et même des écrivains. A travers cet ouvrage, notre objectif est de donner la parole à tous les interlocuteurs directs d’une femme, d’une famille sous le choc, maintenant et dans la durée. En plus des sages-femmes, gynécologues-obstétriciens et pédopsychiatres, on trouve par exemple des textes écrits par des fœtopathologistes, des auxiliaires de puériculture, des aides-soignantes, des médecins généralistes ou encore des anesthésistes, ce qui est très rare, voire inédit sur ce sujet. Toutes les professions sont représentées, car pour nous, l’accompagnement pluriprofessionnel des parents et le travail en équipe sont cruciaux. Par ailleurs, il ne s’agit pas seulement d’évoquer le deuil d’un bébé né à terme ou d’une IMG. Sont aussi traités des sujets comme le suivi de grossesse suivante, la fausse couche tardive, ou encore l’accouchement sous X qui pour la mère…

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