
Les postures, c’est de la tambouille de sage-femme ». Aujourd’hui, peu d’obstétriciens français assument encore ces mots en public. Certains sont même convaincus des bienfaits de l’usage des positions alternatives au décubitus dorsal pendant le travail et l’accouchement. N’empêche. Dans les couloirs de certaines maternités et dans le for intérieur des professionnelles de l’accompagnement de la grossesse et de l’accouchement, la sentence demeure. Les postures, on y croit ou pas. Pour sortir de cet « effet religion », plusieurs équipes de recherche – la plupart incluant des sages-femmes – ont suivi le mouvement général qui traverse désormais l’obstétrique et la maïeutique : s’appuyer sur « l’evidence-based medicine », apporter des preuves scientifiques. Ces derniers temps, quelques études ont tenté de montrer l’intérêt des postures au cours de l’accouchement. Dans l’ensemble, leurs résultats sont très décevants. Y compris pour leurs auteurs. Pourtant, en se fiant à leur sens clinique mis en œuvre dans le secret des salles de naissance, les sages-femmes qui pratiquent ces postures sont persuadées de leur efficacité. Comment expliquer ces résultats ? DÉCUBITUS LATÉRAL ASYMÉTRIQUE L’étude la plus récente a été menée en France sous la houlette de Camille Le Ray, gynécologue-obstétricienne à la maternité de Port- Royal, à Paris, et Anne Chantry, sage-femme et chercheuse en épidémiologie à l’Inserm. Leurs résultats, présentés lors de plusieurs congrès, sont en cours de publication (1). Baptisé Evadela, pour « évaluation du décubitus latéral asymétrique pour faire tourner les variétés postérieures », cet essai randomisé multicentrique se voulait un exemple de scientificité. Dans quatre maternités françaises de différents types, les chercheurs ont recruté 322 femmes avec une grossesse de plus de 37 SA dont le fœtus vivant avait une présentation céphalique en variété postérieure diagnostiquée cliniquement entre deux et neuf centimètres de dilatation et confirmée par échographie. De manière aléatoire, les…