C’est la première cohorte de cette envergure en France. PréCARE rassemble des données sur plus de 10 000 couples mères-enfants. Impulsée il y a dix ans par Dominique Mahieu-Caputo, cheffe du service de gynécologie-obstétrique à l’hôpital Bichat et fondatrice du réseau de périnatalité Solidarité Paris Maman (Solipam), décédée en 2009, la cohorte a été coordonnée par Elie Azria, gynécologue-obstétricien, épidémiologiste à l’Inserm et chef de service à l’hôpital Saint-Joseph. Les premiers résultats permettant d’évaluer l’impact de la précarité maternelle sur le devenir obstétrical et néonatal des couples mères-enfants ont été rendus publics lors du congrès « La grossesse à l’épreuve de la précarité », qui s’est tenu le 6 juin dernier à l’hôtel de ville de Paris. UNE COHORTE INÉDITE De septembre 2010 à novembre 2011, toutes les femmes majeures inscrites, accouchant ou admises en post-partum immédiat dans l’un des quatre centres franciliens participants (Bichat-Claude-Bernard, Robert-Debré, Louis Mourier et Beaujon) ont été incluses dans la cohorte. Les femmes consultant pour une interruption spontanée ou médicale de grossesse au-delà de 14 SA également. Au total, 10 419 femmes ont accepté de remplir un questionnaire en début et en fin de grossesse évaluant leur degré de précarité.Les chercheurs en ont retenu plusieurs dimensions : isolement social, conditions de logement, absence de revenus, type de couverture sociale, situation irrégulière et immigration récente (de moins d’un an). Pour différencier les degrés de précarité, ils ont construit un indice allant de 0 à 3. Les variables concernant la barrière linguistique, le degré de scolarisation et le lieu de naissance ont aussi été prises en compte. Les équipes de gynécologie-obstétrique de chaque maternité ont récolté les données médicales concernant ces patientes et leur enfant. Au final, compte tenu des perdues de vue, des données manquantes et des accouchements avant 22 SA, 9 615 cas ont servi…
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Mental ou psychique : deux formes de handicap
TweetSelon l’OMS, la déficience intellectuelle est « un arrêt du développement mental ou un développement mental incomplet, caractérisé par une insuffisance des facultés et du niveau global d’intelligence, notamment au niveau des fonctions cognitives, du langage, de la motricité et des performances sociales ». La déficience, plus ou moins sévère, peut apparaître dès la conception (maladies génétiques, aberrations chromosomiques…), durant la grossesse (radiation ionisante, virus, médicaments, syndrome d’alcoolisation fœtale…), à la naissance (anoxie cérébrale, prématurité…) ou au cours de la vie (maladies infectieuses, traumatismes crâniens…). Pour l’Unapei, le handicap mental est la conséquence sociale d’une déficience intellectuelle. Cette dernière ne peut être soignée, mais le handicap peut être compensé par un environnement et un accompagnement adéquats.Le handicap psychique est quant à lui la conséquence d’une maladie psychique (psychose, trouble bipolaire, trouble grave de la personnalité ou névrotique). Il n’affecte pas les capacités intellectuelles, mais leur mise en œuvre. Ses manifestations sont variables dans le temps et des soins sont nécessaires...



En France, un accès à l’AMP pour tous les couples ?
TweetEn France, les hôpitaux distinguent deux types de patients : les assurés sociaux et ceux qui ne le sont pas. « On n’enregistre pas si les personnes sont étrangères ou non », précise Lise Selleret, gynécologue-obstétricienne spécialisée en médecine de la reproduction à l’hôpital Tenon, à Paris. Difficile donc d’obtenir des données. Mais quelques couples en mal d’enfants font tout de même le grand voyage. Pour s’assurer une descendance, ils n’hésitent pas à migrer pour consulter dans des centres spécialisés en Europe. Ils ne sont pas tous richissimes. « L’accès à l’AMP n’est conditionné à aucune enquête sociale ou investigation sur les revenus, explique le médecin. On demande seulement aux couples de fournir des preuves de vie commune. De ce fait, on ne sait pas vraiment si les personnes sont dans la précarité ou pas. » Les parcours d’AMP étant longs, il arrive que les visas expirent. Les personnes se trouvent alors dans une situation délicate vis-à-vis de l’administration. Et depuis 2011, les examens, produits ou médicaments nécessaires à l’AMP ne sont plus pris en charge pour les bénéficiaires de l’Aide médicale d’état (AME), autrement dit les personnes étrangères en situation irrégulière résidant sur le territoire français depuis au moins trois mois et disposant de faibles ressources. « Cette modification législative a eu un impact sur notre activité. A l’hôpital Tenon, nous suivions de nombreux couples dont l’un des membres était bénéficiaire de l’AME. Depuis, nous n’en recevons qu’un par mois. Nous leur conseillons désormais de s’orienter vers une régularisation de leur situation administrative avant d’entamer les procédures d’AMP. » Sauf que ce parcours peut prendre des années, et les femmes n’ont pas toujours tout ce temps devant elles… Autre solution : payer directement pour les frais engagés. Quand un centre désire proposer ses services à un couple de non-assurés...


Parents handicapés mentaux : quel accompagnement ?
TweetAvoir un handicap mental est-il compatible avec l’exercice de la parentalité ? Jusque dans les années 2000, ce phénomène faisait peur, la déficience intellectuelle des parents rendant leurs enfants vulnérables. Bien souvent, ces derniers étaient placés par les services de protection de l’enfance. Face à un nombre grandissant de parents, plusieurs professionnels de l’accompagnement du handicap ont décidé de réunir leurs connaissances avec les professionnels de l’accompagnement de la grossesse et de l’enfance. Faisant le pari d’une parentalité possible, ils ont fait évoluer leur philosophie et leurs actions, tout en restant vigilants sur la sécurité physique et psychique des enfants nés dans ces familles particulières. SERVICES DÉDIÉS A Saint-Nazaire, au sein de l’association Jeunesse et Avenir, qui gère plusieurs services d’accompagnement, foyers d’accueil ou établissements de service d’aide par le travail [Esat (1)], un Service d’accompagnement et de soutien à la parentalité (Sasp) a été mis sur pied en 2004. « Depuis, le département de Loire-Atlantique en compte trois autres », explique Benoît Lacourt, directeur des structures d’hébergement et d’accompagnement de l’association. Le Sasp dispose de trois éducatrices spécialisées, une psychologue et une secrétaire. Il offre 26 places pour des personnes ayant une notification de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH). « Les parents ou futurs parents euxmêmes s’adressent à nous, même s’ils sont accompagnés, et nous contractualisons directement avec eux », souligne le directeur.Un Service d’aide et d’accompagnement à la parentalité (Saap) a aussi été créé en 2004, au sein des Papillons Blancs, une des neuf associations de parents et amis de personnes en situation de handicap mental (Apei) de Roubaix-Tourcoing. Trois éducateurs suivent en continu 36 familles avec un enfant de moins de six ans. « Nous accompagnons des parents avant d’accompagner des personnes handicapées », insiste Valérie Devestel, directrice des services de milieu ouvert de l’Apei...