Violence obstétricale : l’apport des sciences sociales La violence obstétricale est apparue récemment dans le débat public français, à propos de pratiques unanimement choquantes (point du mari, toucher vaginal sur patiente endormie). Mais la question de la maltraitance agite les sciences sociales depuis longtemps, tout comme, au niveau international, le milieu des défenseurs d’un accouchement plus respectueux. Dans un article très documenté, une équipe internationale fait le point. Dès 1985, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est inquiétée d’une médicalisation excessive de l’accouchement. Elle invitait le personnel de santé et l’administration à revoir ses protocoles et évaluer l’intérêt de ses pratiques. Depuis, l’épisiotomie et la césarienne – par exemple – ont continué de se multiplier, sans que le phénomène ait un quelconque effet positif sur les taux de mortalité et de morbidité périnatales et maternelles. Le taux d’épisiotomies atteint une moyenne de 70 % dans les maternités de Chypre, de la Pologne et du Portugal. En 2010, les taux les plus bas étaient rapportés au Danemark (4,9 %), en Suède (6,6 %) et en Islande (7,2 %). Côté césariennes, les pays scandinaves, Israël et les Pays-Bas présentaient en 2013 les plus bas taux (15-16,5 %), quand la Turquie, le Mexique, le Chili et le Brésil connaissaient des taux compris entre 45 % et 54 %. Des chiffres nettement plus élevés dans les maternités privées et pour les femmes riches. En 2015, des chercheurs ont montré que ces traitements subis par les femmes en maternité relèvent clairement de rapports de violence et de domination au sein de l’organisation biomédicale. En cause : la relation soignant/soigné, les cultures de service, l’institution et le système de santé dans sa globalité. Pour les sociologues, le phénomène résulte d’une inégalité de genre. Le concept est à l’origine du vocable « violence obstétricale », une des formes les plus invisibles…
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Les écoles de sages-femmes, à l’heure du LMD
TweetLa réforme LMD (Licence-Master-Doctorat), instaurée en 2011, est l’une des voies d’intégration des écoles de sages-femmes à l’université. Au programme ? Instituer les European Credit Transfert System (ECTS – voir encadré), avancer par semestre, proposer un catalogue d’unités d’enseignement librement choisies (UELC), diminuer le temps de stage, chercher la mutualisation de certaines unités d’enseignement (UE) avec la faculté de médecine. Cette réforme était souhaitée par les organisations et associations professionnelles, aspirant à une universitarisation plus poussée de la formation initiale. « Je l’attendais depuis trente ans. Elle nous tire vers le haut », s’enthousiasme Christiane Roux, directrice de l’école de sages-femmes de la faculté libre de médecine et de maïeutique de Lille. « Enfin, nous accédons à un processus d’évaluation des sages-femmes par le Haut Conseil de la recherche et de l’enseignement supérieur », renchérit Isabelle Derrendinger, directrice de l’école de sages-femmes de Nantes depuis cinq ans. « Aujourd’hui, les étudiants bénéficient du système universitaire reconnu au niveau européen, avec les unités et les crédits d’enseignement qui permettent des passerelles », détaille Marie-Christine Leymarie, directrice de l’école de sages-femmes de Clermont-Ferrand. Tout a commencé avec Grenoble, école pionnière qui a rendu la première année de médecine obligatoire, dès 1992, bien avant la généralisation de la première année commune aux études de santé (Paces), en 2003 (voir encadré). Avec la réforme LMD, l’intégration universitaire s’est accélérée, sans avancer au diapason dans les 35 écoles de sages-femmes, loin de là. Et pour cause, elles jouissent d’une grande autonomie, tout comme les universités auxquelles elles sont rattachées sous des formes variées. « Il n’existe pas d’enquête nationale sur la mise en place du schéma LMD. », avance Christine Morin, présidente de la Conférence nationale des enseignants en maïeutique (Cnema). Alors, Profession Sage-femme a contacté directrices d’écoles, enseignants et étudiants pour faire le point sur les avancées et les couacs de cette...

Baisse du numerus clausus : les représentantes disent non !
TweetLe CNOSF a préconisé une baisse du numerus clausus (NC) de 1005 à 900 à la rentrée 2017 et davantage ensuite. Une décision qui pourrait menacer certaines écoles de sages-femmes. Objectif pour l’Ordre : freiner la croissance de l’effectif total des sages-femmes, sans le diminuer pour autant (voir Profession Sage-Femme n° 229 – octobre 2016). Depuis, les représentantes de la profession ont réagit. L’immense majorité s’oppose fermement à l’avis de l’Ordre, pris sans concertation. Seul le conseil d’administration de l’Association nationale des sages-femmes libérales (ANSFL) a voté pour cette baisse, tout en soutenant la nécessité d’une femme/une sage-femme pour un meilleur accompagnement des patientes. Un vote serré, obtenu d’une voix, preuve que le sujet prête à débat. Pragmatisme à court terme ? Dans son argumentaire, l’ANSFL a choisi l’exercice délicat de faire parler les chiffres. Il y aurait actuellement assez de sages-femmes pour assurer un suivi global à toutes les femmes, si les maisons de naissance étaient généralisées. Prenant exemple sur le Québec, où un équivalent temps plein de sage-femme permet le suivi de 40 femmes enceintes par an, l’ANSFL estime qu’avec 21 632 sages-femmes en activité en 2015 et près de 800 000 naissances, cela correspondrait à 37 accouchements par sage-femme et par an. Certes, ce calcul simple omet de prendre en compte les besoins de congés maternité ou parentaux, dans une profession à majorité féminine. Il oublie aussi le choix de travailler à temps partiel. Mais le calcul de l’ANSFL peut aussi sembler large, car les sages-femmes ne suivront jamais toutes les grossesses. Quant aux nouvelles compétences (suivi gynécologique, IVG médicamenteuses, vaccination et tabacologie), elles ne seraient pas à même de fournir suffisamment d’activité aux professionnelles. En admettant que les libérales réalisent toutes les IVG en ville (31 771), cela ferait près de 6 IVG par sage-femme libérale chaque année...



Européennes, comment allez-vous ?
TweetDans tous les pays du monde, les femmes ont une espérance de vie plus longue que les hommes. En Europe, 70 % des 14 millions de personnes qui ont dépassé les 85 ans sont des femmes. Que cache cet avantage féminin ? L’OMS a voulu le savoir, dans le but d’atteindre les objectifs n° 3 et 5 du programme de développement durable à l’horizon 2030 : la « bonne santé et le bien-être » et « l’égalité de genre ». Mi-septembre, l’organisation a présenté un bilan sur la santé des femmes en Europe. Maladies cardiovasculaires et dépression Dans la grande région de l’Europe géographique, on compte 466,7 millions de femmes. Si globalement elles vivent plus vieilles que les hommes, les différences géographiques au sein du continent demeurent. De l’Ouzbékistan à la Norvège, en passant par la France, les contextes ont peu à voir. La durée moyenne de la vie des femmes court de 70 à 85 ans selon les pays. Et dans chacun d’entre eux, des disparités subsistent. Avant tout, les femmes meurent de maladies cardiovasculaires et de cancers. Côté morbidité, les troubles mentaux et musculo-squelettiques sont les premiers pourvoyeurs de malaise, spécialement entre 18 et 49 ans. « Les taux de maladies mentales parmi les femmes augmentent dans toutes les parties de la région et représentent un fardeau significatif pour tous les âges, à partir de l’adolescence », s’inquiètent les spécialistes de l’OMS. Ils s’en alarment d’autant plus que ces troubles sont associés à d’autres problèmes de santé, comme les maladies chroniques qui surviennent au fur et à mesure du vieillissement. Les troubles mentaux, dépression et anxiété sont également associés à l’usage de l’alcool et du tabac, à l’hypertension artérielle, l’obésité, la faible activité physique, un taux de cholestérol et une glycémie élevés. Si la violence interpersonnelle pèse lourd dans l’origine des troubles mentaux, chez les adolescentes,...