« C’est une campagne innovante ! » annonçait Marisol Touraine en conférence de presse le 22 juin, lors du lancement de la campagne d’information sur les compétences des sages-femmes. Côté contenus, la campagne répond bien aux attentes de la profession qui souhaitait médiatiser ses compétences auprès des femmes depuis longtemps. Affiches, micro-trottoir, dépliants, bannières Web… Les outils conçus avec les organisations et associations de sages-femmes soulignent la diversité du champ d’intervention des sages-femmes. C’est bien le minimum. Mais les moyens de diffusion ont été limités, un point sur lequel l’ONSSF a alerté le ministère en amont. PLAN MEDIA REDUIT Interrogé, le ministère de la Santé nous a donné des détails sur son plan media. Une campagne de bannières internet courrait du 22 juin au 6 juillet, soit sur une période très courte. En ciblant des critères de sexe et d’âge et des mots-clés, ces messages auraient été très présents sur des sites féminins (Femme actuelle, Aufeminin, Voici, Gala), généralistes (20 minutes, Libération, Le Monde, Le Figaro, etc.) ou parentaux (Famili, Magic Maman). Sans avoir vérifié au quotidien la réalité de cette présence sur l’ensemble de ces sites, un tour d’horizon auxdites dates contredit l’affirmation du service de presse de Marisol Touraine. Autre volet du plan media : un partenariat plus précis avec deux sites Web, Aufeminin.com et Madmoizelle.com. Le premier a bien réalisé deux articles sur le thème de la campagne, mais ils n’étaient pas mis en valeur sur le site. Et Aufeminin.com n’a pas habillé la page d’accueil de son site aux couleurs de la campagne le 29 juillet dernier, comme nous l’avait pourtant annoncé le ministère. Les bannières n’ont pas davantage été diffusées à travers les différentes rubriques du site pendant un mois. Le partenariat avec le site Madmoizelle, lui, était hyper ponctuel : il s’agissait de diffuser une vidéo sur les missions…
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« Ne pas psychologiser systématiquement l’accompagnement du deuil »
TweetLa littérature grise autour du deuil périnatal est de plus en plus riche, pourquoi avoir choisi de coordonner cet ouvrage ? Jocelyne Clutier Seguin : J’ai terminé mes études de sage-femme en 1978, juste au moment de la loi Veil qui instaurait le droit à l’IVG et codifiait les conditions d’une IMG. Alors que je commençais ma carrière, ces deux techniques se sont développées de façon très rapide, en parallèle avec l’essor du diagnostic prénatal. Très rapidement donc, j’ai été confrontée au deuil périnatal sans réelle formation. Il fallait inventer des outils pour accompagner les parents. Au fur et à mesure de ma carrière, j’ai vécu les évolutions des pratiques au sein même des équipes dans lesquelles j’ai travaillé, avec les questionnements venant des professionnels de soin comme des parents concernés. Cet ouvrage revient en quelque sorte sur ces trente années. Rose-Marie Toubin : Il existe en effet de plus en plus de livres sur le sujet, écrits par des psychologues, des pédopsychiatres, des psychanalystes, mais aussi des sociologues, des philosophes et même des écrivains. A travers cet ouvrage, notre objectif est de donner la parole à tous les interlocuteurs directs d’une femme, d’une famille sous le choc, maintenant et dans la durée. En plus des sages-femmes, gynécologues-obstétriciens et pédopsychiatres, on trouve par exemple des textes écrits par des fœtopathologistes, des auxiliaires de puériculture, des aides-soignantes, des médecins généralistes ou encore des anesthésistes, ce qui est très rare, voire inédit sur ce sujet. Toutes les professions sont représentées, car pour nous, l’accompagnement pluriprofessionnel des parents et le travail en équipe sont cruciaux. Par ailleurs, il ne s’agit pas seulement d’évoquer le deuil d’un bébé né à terme ou d’une IMG. Sont aussi traités des sujets comme le suivi de grossesse suivante, la fausse couche tardive, ou encore l’accouchement sous X qui pour la mère...

Dans les bidonvilles parisiens
TweetDebout devant sa cabane, Isabella* conserve un sourire triste. Oui, elle se sent bien. Non, cette semaine, elle n’a pas eu de contraction. C’est vrai, la veille, elle n’a pas été reçue en consultation à l’hôpital. Elle s’y est pourtant bien rendue, mais on lui a répondu qu’elle n’avait pas de rendez-vous. Coutumiers de ces couacs, les bénévoles de l’association parisienne Agir pour la santé des femmes (ADSF) ne s’en étonnent même plus. Depuis quatre mois, ils rendent régulièrement visite aux femmes de ce camp rrom de Saint-Denis (93), en lisière de Paris, à deux minutes à pied d’une station de métro. Objectif principal : assurer un suivi de grossesse minimal, en incitant et accompagnant les patientes à rejoindre le droit commun. A chacune de ses maraudes, l’association compte trois bénévoles : une sage-femme, un gynécologue ou une infirmière puéricultrice, ainsi qu’un travailleur social et un logisticien. Dans ces bidonvilles, les besoins des femmes et des enfants sont énormes. « Sans nous, la grossesse de cette femme ne serait pas suivie », chuchote Karine Renaudie, infirmière puéricultrice présente ce jour de fin juillet devant la baraque d’Isabella. « Médecine de brousse » Après quelques minutes d’échanges avec la patiente, la sage-femme Julia Bouyssou s’inquiète : Isabella se plaint d’un prurit généralisé. A-t-elle aussi des maux de tête ? Voit-elle des points blancs ? Souffre-t-elle de douleurs en haut du ventre ? Et surtout : serait-elle d’accord pour être auscultée ? Isabella invite les bénévoles à l’intérieur de son logement. Après avoir pris sa tension, la sage-femme sort de son sac à main une petite trousse, puis utilise un outil emblématique de sa profession, dont l’usage a quasiment disparu en France : un stéthoscope de Pinard. Couplé à son sens clinique, ce qu’elle entend et observe la rassure. Le bébé bouge bien. Elle insiste néanmoins pour qu’Isabella se rende rapidement aux urgences obstétricales...

Trop ou pas assez de frottis cervico-vaginaux ?
TweetEn 2015, 2800 nouveaux cas de cancer du col de l’utérus ont été diagnostiqués en France. La même année, 1100 femmes sont mortes des conséquences de cette maladie. C’est trop. Pourtant, l’incidence de ce cancer a fortement reculé depuis la mise en place du dépistage volontaire. Chaque année, dans notre pays, six millions de frottis sont réalisés. Mais seulement 10 % des femmes en bénéficient dans les temps recommandés. Quelles caractéristiques distinguent les 40 % de femmes qui en font trop souvent des 50 % qui passent au travers ? Pour tenter de comprendre, des chercheurs de l’université Pierre-et-Marie-Curie, de l’Inserm et du CNRS, à Paris, ont passé à la loupe la région Ile-de-France. A cet effet, ils ont étudié les données de 2010 de la cohorte SIRS (Santé, Inégalités et Ruptures sociales), conduite dans les quatre départements centraux franciliens. L’examen des quartiers de vie des femmes a été couplé à leurs caractéristiques individuelles (âge, niveau d’éducation, couverture maladie, vie de couple). Et si la réponse venait de la mobilité ? RESTER DANS SON QUARTIER D’après les résultats de l’étude, les femmes peu mobiles présentent davantage de risque de négliger leur dépistage. Un gros quart de celles qui ont été interrogées (26,9 %) a déclaré n’avoir effectué aucun frottis au cours des trois dernières années. Le plus souvent, ces femmes étaient plus jeunes ou plus âgées, ne vivaient pas en couple, avaient un faible niveau d’études et pas d’assurance ou de mutuelle complémentaire. Surtout, leur espace d’activité était restreint à leur quartier de résidence. Or, pour ces femmes, « on estime que le fait d’habiter dans un quartier faiblement doté en médecins généralistes et gynécologues était associé à un risque significativement plus élevé de retard de dépistage (…) alors que ce n’était pas le cas pour les femmes avec un espace d’activité...