Violence obstétricale : de quoi parle-t-on ?

La parole des femmes se libère, révélant des maltraitances dans les soins passées sous silence jusqu’ici. Pourquoi les termes de « violences gynécologiques et obstétricales » s’imposent ? Que recouvrent-ils ? S’il n’est pas question de stigmatiser tous les soignants, il est temps de tenir compte du phénomène.

Épisiotomie sans consentement, touchers vaginaux abusifs, plaisanteries grasses ou propos humiliants, absence d’information ou de consentement, actes médicaux non expliqués ou non justifiés. Sur Internet, les femmes témoignent et les polémiques se multiplient. Comment en est-on arrivé là ? SCANDALES RÉPÉTÉS Février 2012, le Collectif interassociatif autour de la naissance (Ciane) lance une enquête en ligne sur le vécu de l’accouchement. Les analyses successives soulignent l’immense marge de progrès à combler en matière d’information et de consentement des patientes. Le 21 mars 2014, Agnès Ledig, sage-femme et romancière, révèle la pratique du point du mari, scandale repris dans les médias traditionnels et sur Internet. Le 9 novembre 2014, une étudiante en pharmacie lance le hashtag PayeTonUtérus sur Twitter, appelant à des témoignages de femmes sur les consultations gynécologiques. En 24 heures, 7 000 témoignages affluent. Le 28 janvier 2015, un pharmacien diffuse sur Twitter des documents de l’université de Lyon Sud sur la pratique des touchers vaginaux sur patientes endormies. Suite à ces révélations, en février 2015, le Tumblr (micro blogging participatif) intitulé « Je n’ai pas consenti » est lancé par Béatrice Kammerer, journaliste et fondatrice du blog lesvendredisintellos, Anne-Charlotte Husson, chercheuse à l’École normale supérieure de Lyon et auteure du blog Genre !, Clara de Bort, directrice d’hôpital et spécialiste des questions de violences en milieu de santé, et Marie-Hélène Lahaye, juriste et auteure du blog marieaccouchela. Là encore, les témoignages de maltraitances se multiplient jusqu’à la nausée. En parallèle, les quatre femmes publient une tribune sur le « Consentement, point aveugle de la formation des médecins », cosignée par 72 personnes et organisations, dont le Ciane et plusieurs associations féministes. L’affaire des touchers vaginaux sans consentement prend de l’ampleur jusqu’à une condamnation de ces actes par la ministre de la Santé dix mois plus tard. En avril 2016, l’Association française pour l’accouchement respecté,…

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