Violences conjugales : combien ça coûte ?

Chiffrer le coût des violences conjugales, tel est l’objectif de chercheurs depuis plusieurs années pour convaincre les décideurs d’investir dans la prévention. Ils ont affiné leurs méthodes et la fiabilité de leurs données s’améliore. La collectivité paye cher les conséquences des violences conjugales.

Trois milliards et six cent millions d’euros. Voilà ce qu’ont coûté, en 2012, en France, les violences entre partenaires intimes, qu’elles surviennent au sein d’un couple ou d’un ex-couple. Le montant est énorme. C’est la troisième fois qu’il est évalué et les chiffres ne cessent d’augmenter, selon l’étude publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire. Il est aussi très approximatif. Car les chercheurs veulent inclure l’ensemble des coûts, complexes à récolter. Cette fois, les spécialistes ont ajouté une estimation chiffrée des conséquences sur les enfants. Indispensable, cette ligne supplémentaire sur ce macabre bilan comptable n’en est pas moins largement sous-évaluée. L’équipe de Sciences Po Paris et de l’Observatoire national de la protection de l’enfance le reconnaît. Des coûts globaux Comment sont-ils parvenus à un pareil montant ? Les coûts directs, médicaux ou non, ont d’abord été retenus : consommation de soins, dépenses liées à l’accompagnement des victimes et des auteurs, dépenses générées par des activités de police, gendarmerie, justice, administration pénitentiaire, centres d’hébergement d’urgence, etc. S’y ajoutent des coûts indirects. Les spécialistes les définissent comme un manque à gagner, consécutif aux incapacités, aux maladies ou à la mortalité. Il s’agit de « pertes de rémunération et de temps pour les personnes concernées comme victimes, mais aussi comme auteurs (arrêts de travail, pertes de production provoquées par l’absentéisme des victimes ou les incarcérations des auteurs, pertes en capital humain liées à des décès prématurés, y compris ceux des enfants) », précisent les auteurs. Le prix de la vie et de la douleur est donc classé dans cette catégorie des « coûts indirects ». L’étalon de mesure est la « valeur de la vie statistique ». Cette dernière ne concerne pas le coût estimé, impossible et indécent à chiffrer, mais « l’effort financier que la collectivité est prête à consentir pour réduire un risque de décès ». La valeur de la vie…

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