« On ne naît pas orthogéniste, on le devient » Entretien avec Claire Wolker-Jarfaut
Quelle est la mesure phare de cette loi ? Elle était très attendue. En amont et dans l’ombre, il y a eu un gros travail de fond de toutes les associations et collectifs féministes, de divers professionnels, en collaboration avec la députée Albane Gaillot qui a fait preuve d’une vraie ténacité politique. La mesure phare est l’allongement du délai légal de l’accès à l’IVG jusqu’à 16 semaines d’aménorrhée. Chaque année, en France, 3000 à 4000 femmes partaient à l’étranger pour réaliser une IVG. Pour ces femmes, contraintes à un parcours extrêmement difficile, à leurs frais, c’était toujours trop. Tous les orthogénistes ont été confrontés à cette date butoir. Quand une femme en détresse nous sollicitait et que nous nous apercevions qu’elle avait dépassé le délai légal, souvent de très peu, c’était frustrant de ne pas pouvoir lui venir en aide. Les autres points sont-ils aussi importants ? L’obligation des professionnels d’informer sur les méthodes abortives, qui fait aussi partie de cette nouvelle loi, va au-delà d’une simple information. Désormais, les professionnels doivent définir l’IVG, présenter les différentes méthodes et les parcours. Ils doivent aussi répondre aux questions des patientes dans le cadre d’un entretien personnalisé. Malgré une éventuelle clause de conscience, le professionnel doit donc informer de façon exhaustive et orienter la patiente pour que son parcours puisse aboutir. Ce devoir d’information est renforcé. Il sera accompagné de la création d’un répertoire des professionnels pratiquant les actes d’IVG qui doit être tenu par les ARS. Il faudra faire un travail de veille et de réactualisation, notamment du côté des professionnels de ville, car cela évolue régulièrement. La disparition du délai de 48 heures entre l’entretien psychosocial et la réalisation de l’acte pour les mineures permet également de gagner du temps sur le parcours. Les mesures à propos de l’IVG médicamenteuse, établies dans le cadre de […]