Raphaëlle Buhot de Launay
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Raphaëlle Buhot de Launay : « Notre métier a sa part d’ombre, mais c’est ce qui rend sa lumière plus éclatante encore »

Sage-femme, était-ce une vocation ? Au départ, j’hésitais entre devenir médecin, sage-femme ou infirmière. J’étais sûre de deux choses : je ne voulais pas me retrouver derrière un bureau et je voulais travailler au plus près des humains, avec une attirance particulière pour les femmes et les enfants.  J’ai étudié à Paris V-Descartes, puis à l’école de sage-femme Baudelocque, rattachée à la maternité de Port-Royal. J’y suis restée après l’obtention de mon diplôme en 2016. Je suis donc un pur produit de Port-Royal !  Sur Instagram, vous décrivez le métier de sage-femme comme le plus beau du monde… Il est souvent présenté ainsi. Mais ce métier a sa part d’ombre et c’est ce qui fait que sa part de lumière est si éclatante. Il n’y a pas de juste milieu, chez nous : quand c’est grave, c’est très grave. Mais quand c’est beau, c’est merveilleux ! J’étais à un mariage ce week-end et parmi les enfants présents, quatre ont vu le jour dans mes mains. J’ai marqué une pause pour les regarder et je me suis dit, « c’est fou quand même ».C’est vraiment un statut particulier dans ce monde, que d’être sage-femme. Moi, je le prends comme un privilège. Pleurez-vous souvent dans votre métier ? Et si oui, de joie ou de tristesse ? Oui, d’émotion positive ! C’est souvent quand les pères sont très émus que ça me touche le plus. J’ai ma petite larme. Elle est toujours bien reçue car les gens sont contents que l’on partage leur bonheur. Dans les situations très difficiles, je me pince pour ne pas pleurer devant les parents. Mais je pleure après. Quand il y a la naissance d’un enfant décédé, par exemple, on s’en occupe à deux. On ne se laisse jamais toute seule face à la mort. Dans la petite pièce dédiée, face au fœtus que l’on prépare, les […]

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Julie Chateauneuf : « En reprenant les gardes, j’ai vraiment retrouvé cette vibration. Tu sais, quand tu te sens très, très vivante »

Pourquoi as-tu choisi de devenir sage-femme, vocation ou hasard ? Je me souviens qu’à 18 ans, je me demandais comment on choisit un métier pour toute la vie. C’est une décision tellement énorme ! Je savais que je voulais prendre soin des autres, ça oui, je peux dire que c’est une vocation. Mais sage-femme, c’est plutôt le fruit du hasard car, au départ, je ne connaissais pas ce métier. Je faisais médecine, attirée par la psychologie et la pédiatrie. C’est un peu par défaut que j’ai passé le concours de sage-femme. Quand j’ai rencontré des consœurs, tout a changé, j’ai eu un vrai coup de foudre. Avec le recul, sage-femme me correspond davantage que médecin. C’était plutôt un mal pour un bien. J’ai fait deux premières années de médecine à la faculté Paris VI Saint-Antoine-la–Pitié-Salpêtrière, puis l’école de sage-femme de Saint-Antoine. Y a-t-il un moment clé ou une rencontre qui t’a confortée dans cette voie ? Oui, mon premier stage en salle de naissance, à Gonesse. J’ai rencontré deux sages-femmes qui m’ont fait confiance, Stéphanie et Sophie. Elles m’ont laissé la main sur un accouchement sans péridurale, pour que j’aie un maximum de sensations. C’était un moment très fort, un saut dans le grand bain que je n’oublierai jamais et qui m’a fait adorer ce métier. Un très beau souvenir. Quel a été ton parcours au sortir de l’école ? En 2015, j’ai fait deux mois à l’hôpital Tenon (Paris 20e) puis j’ai enchainé les CDD à l’hôpital de Montreuil. Mon plan de départ était de partir à Mayotte, la première maternité de France. J’ai finalement eu le coup de foudre pour l’équipe de Montreuil et j’y suis toujours. C’est une grosse maternité mais l’équipe est très familiale. Je suis restée en salle de naissance et en services d’hospitalisation jusqu’en 2019. J’y ai également […]

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Céline Rumi, de la danse à la maïeutique

Quand je serai grande, je serai… … Danseuse. C’est ça que je voulais faire. Je dansais plus de vingt heures par semaine en sport-études au lycée et j’aurais aimé en faire mon métier. Mais mes parents souhaitaient pour moi une carrière plus stable, plus concrète. Passionnée par le corps en mouvement, je me suis naturellement tournée vers le domaine médical et me suis inscrite en première année à la faculté de médecine de Lyon, avec l’objectif initial de devenir kinésithérapeute. Rapidement, j’ai réalisé que l’anatomie seule ne me suffisait pas. J’aimais comprendre le corps humain, mais je voulais aussi une profession plus complète, qui allie expertise scientifique, gestes techniques et contact humain. C’est au cours de cette première année que j’ai découvert la maïeutique : une révélation. Le métier de sage-femme coche toutes les cases : une profession médicale à part entière, avec une grande autonomie et un droit de prescription élargi. Une prise en charge globale des patientes, bien au-delà de l’accouchement : suivi gynécologique, contraception, accompagnement de la grossesse, accouchement, post-partum… Chaque étape de la vie d’une femme peut être suivie par une sage-femme. Ce qui me séduisait particulièrement, c’était cette approche complète et ce rôle essentiel dans la santé des femmes, tout en conservant une dimension humaine et bienveillante. Lorsque j’ai annoncé mon choix à mes parents, ma mère m’a rappelé qu’enfant, entre sept et dix ans, je répétais sans cesse : « Quand je serai grande, je ferai naître des bébés.  » Une anecdote qui m’a marquée, car je n’en avais aucun souvenir. Finalement, après un long détour, je revenais à mon premier choix, celui qui s’était imposé à moi sans même que j’en sois consciente. Bourg-en-Bresse : une formation au plus près de la physiologie J’ai été admise à l’école de sages-femmes de Bourg-en-Bresse, où j’ai étudié pendant quatre ans avec […]