En recevant l’annonce de la fermeture provisoire de la maternité de Guingamp, courant avril 2023, Yann Fañch, membre du comité de défense de l’hôpital, ne s’attendait pas à ce qu’elle soit encore fermée deux ans plus tard. « Tous les trois, quatre mois, on nous annonce la prolongation de cette fermeture provisoire », dénonce-t-il en soupirant. Il se pourrait donc, que d’ici peu, la maternité de cette petite ville bretonne qui réalisait 497 accouchements par an soit condamnée à fermer ses portes pour toujours. Car la France est championne depuis plusieurs décennies de ces arrêts de fonctionnement. 40 % des maternités françaises ont fermé leur porte depuis les années 2000. Le droit de voir naître ses enfants Guingamp, la ville la plus pauvre de Bretagne, a perdu le droit de voir naître ses enfants. D’autres territoires similaires ruraux ou périurbains ont également fermé leur maternité. La plupart ont des caractéristiques comparables à celles de Guingamp sur le plan socioéconomique, comme des taux de chômage ou de pauvreté supérieurs à la moyenne nationale. Les populations y sont fréquemment confrontées à des difficultés d’accès aux transports en communs ou à la voiture. Pourtant, les instances de santé mènent des campagnes pour regrouper les accouchements dans des services de niveau 2 ou 3, dans de plus grandes villes à proximité… ou presque. À proximité… ou presque De nombreuses personnes se retrouvent désormais contraintes de conduire plus de 45 minutes pour pouvoir accoucher à l’hôpital. Un choix de restructuration de l’offre de soin appuyé par l’Académie de médecine qui préconisait en 2023 de « fermer les maternités réalisant moins de 1 000 accouchements par an », soit 111 d’entre elles. « Toutes ces données nous ont interpellés », raconte Sébastien Leurquin, coauteur avec -Anthony Cortes de 4,1, Le Scandale des accouchements en France (ed. Buchet-Chastel). Dans ce livre enquête, les deux journalistes partent d’un chiffre…
