Les granules de la discorde

En 2021, les médicaments homéopathiques ne seront plus remboursés. La ministre de la Santé a suivi l’avis de la Haute Autorité de santé, estimant nul le service médical rendu par ces thérapeutiques. Retour sur une année de débats, qui risquent de se poursuivre.

Au 1er janvier 2021, les médicaments homéopathiques ne seront plus remboursés. Comme elle s’y était engagée, Agnès Buzyn a suivi l’avis de la Haute Autorité de santé (HAS), rendu public le 28 juin. Ce déremboursement se déroulera par étapes, pour permettre aux patients, aux industriels et aux prescripteurs de s’adapter. Au 1er janvier 2020, le taux de remboursement des médicaments homéopathiques passera à 15 % au lieu de 30 % actuellement. Cette décision, très attendue, clôt la polémique sur la question du remboursement, mais laisse la place aux débats concernant la pratique et l’enseignement de l’homéopathie.

TEMPÊTE MÉDIATIQUE

C’est une tribune publiée le 18 mars 2018 dans les colonnes du Figaro qui a mis le feu aux poudres : 124 professionnels de santé s’adressent alors au Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) pour demander l’interdiction des thérapeutiques n’ayant pas fait la preuve de leur efficacité scientifique. Au premier rang d’entre elles : l’homéopathie, qualifiée de « croyance » « irrationnelle et dangereuse ». Signé par plus de 3300 professionnels de santé, dont une dizaine de sages-femmes, le texte réclame le déremboursement total de l’homéopathie, l’abandon de la reconnaissance des formations et titres universitaires s’y rapportant, ainsi que la sanction des professionnels de santé qui continueraient à la promouvoir.
Presque immédiatement, les réseaux sociaux s’enflamment tandis que s’affrontent sur les plateaux de télévision supporters et adversaires de l’homéopathie. Le 22 mars, le Cnom finit par répondre à l’invective en se déclarant incompétent et en appelant à l’autorité de l’Académie de médecine. En parallèle, la contre-offensive s’organise : dès le printemps 2018, le Syndicat national des médecins homéopathes français (SNMHF) entreprend de porter plainte devant le Cnom contre soixante signataires de la tribune pour « non-confraternité et non-respect du code de déontologie ». Plusieurs avertissements seront finalement prononcés par les chambres disciplinaires de première instance, avant d’être suspendus par le Cnom. L’homéopathie a perdu une bataille.