Soigner avec le virus
La colère des sages-femmes déborde. Le Conseil national de l’Ordre (CNOSF) a dénoncé le déni du caractère médical de la profession dès le 20 juillet, dans une lettre ouverte au ministre des Solidarités et de la Santé. Le 30 juillet, un courrier du Conseil national professionnel des sages-femmes (CNP-SF), qui représente dix organisations professionnelles nationales, a estimé « inacceptable » le sort réservé à la profession, réclamant en urgence des négociations menées par les syndicats professionnels et un modèle d’organisation des soins « centré sur la femme ». La négociation entre les syndicats professionnels et l’Union nationale des caisses de l’Assurance Maladie s’est ouverte le 6 octobre, sans garantie encore que les points réclamés par l’ONSSF et l’UNSSF seront abordés.Durant le confinement, les sages-femmes ont accompagné près de 120 000 naissances, selon les estimations du CNOSF. Les conséquences des reports de soins, à l’hôpital ou en ville, sont encore mal évaluées. Pour le CNOSF, les femmes et les sages-femmes ont été invisibilisées pendant la crise (p. 20).Le ras-le-bol s’exprime sur les réseaux sociaux, comme dans la vidéo de sages-femmes de la maternité de Troyes, façon « Bref », mise en ligne le 3 octobre (#bref, je suis sage-femme). À cela s’ajoute une lassitude, comme en témoigne le Pr Olivier Picone, de l’hôpital Louis-Mourier, à Colombes (p. 22). Partout, le manque d’effectif et la fatigue persistent.Quelques îlots se sont adaptés plus facilement, comme les maisons de naissance. À Nancy, l’équipe d’Un Nid pour naître a pu accueillir des demandes supplémentaires sans trop de difficultés (p. 25).Alors que la pandémie persiste, des sages-femmes commencent à étudier ses répercussions sur les femmes et les sages-femmes dans le monde (p. 27).