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L’IA est-elle un remède à l’épuisement des soignants ?

Les professionnels passent parfois plus de trois heures par jour sur des tâches administratives. « Beaucoup ont le sentiment de ne plus exercer leur métier, mais de nourrir une machine bureaucratique », déplore Axel Pries. L’IA pourrait être une solution. Mais à condition qu’elle soit « vraiment intelligente ». « Les systèmes numériques ont souvent ajouté du travail, car ils exigeaient de multiples validations et clics inutiles », rappelle le directeur du Sommet. Pour être efficace, l’intelligence artificielle doit s’appuyer sur des données fiables, diversifiées et représentatives. « Si l’IA est entraînée avec des données limitées à une population américaine, elle sera inadaptée ailleurs, y compris pour des questions de genre ou d’origine », souligne Pries. Sans une numérisation pensée pour le soin, le risque est grand de reproduire les erreurs du passé — celles d’un numérique censé libérer du temps mais qui, mal intégré, a contribué à l’épuisement des soignants. Autre enjeu : la protection des données de santé. « Je vois une grande différence entre confier mes données à Google et les donner à un institut de recherche publique », nuance-t-il. L’enjeu, selon Axel Pries, est désormais clair : « l’IA doit rendre la médecine plus humaine, pas plus administrative »....

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Europe : l’OMS alerte sur la dépendance aux soignants formés à l’étranger

La majorité de ces soignants viennent désormais de pays situés hors d’Europe : 60 % des médecins et 72 % des infirmiers recrutés en 2023 ont été formés dans des États tiers. Cette tendance, portée par la recherche de meilleures conditions de vie et de travail, crée un déséquilibre : tandis que les pays d’Europe de l’Ouest attirent massivement ces professionnels, certains États de l’Est voient leurs effectifs s’effondrer. Dans des pays comme la Roumanie ou la République de Moldavie, les départs massifs aggravent la pénurie de soignants. À l’inverse, des pays comme l’Irlande comptent aujourd’hui plus de la moitié de leurs infirmiers et 43 % de leurs médecins formés à l’étranger. Avec une pénurie estimée à 950 000 professionnels de santé d’ici 2030, l’OMS appelle à de meilleures conditions dans les pays d’origine et plus d’autosuffisance dans les pays d’accueil, sous peine d’aggraver les inégalités de santé. ...

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Mois de sensibilisation à l’infertilité, dixième édition – Collectif Bamp

Alors qu’un couple sur quatre fait face à l’infertilité aujourd’hui, le Collectif Bamp lance un mouvement de mobilisation nationale, avec son Mois de sensibilisation à l’infertilité.  Conférences avec des experts médicaux et en sciences sociales, des tables rondes avec des personnes concernées, des webinaires informatifs, des capsules vidéo sur différents sujets, un festival de théâtre, des actions en entreprise ainsi que des initiatives festives et artistiques… Des évènements auront lieu partout en France du 2 au 30 novembre 2025, en ligne comme en présentiel. ...

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Paracétamol et grossesse : une vaste étude écarte tout lien causal avec l’autisme ou le TDAH

Une alerte controversée Le débat autour du paracétamol en période prénatale a été ravivé à la suite d’une alerte émise par la Food and Drug Administration (FDA) en septembre 2024, évoquant un risque neurologique potentiel chez l’enfant. Cette mise en garde a été relayée et amplifiée par le président américain Donald Trump qui a livré ses prescriptions de santé avec l’aplomb d’un médecin de famille : « N’en prenez pas ! N’en prenez pas ! » Inquiétude et confusion se sont emparées des patientes et de la communauté médicale, alors même que le paracétamol reste le seul antipyrétique en vente libre recommandé pendant la grossesse.  Une cohorte de 2,5 millions d’enfants suivis sur vingt ans L’étude dirigée par le Pr Brian Lee (université Drexel, Philadelphie) s’appuie sur les registres nationaux suédois couvrant la période 1995–2019. Les chercheurs ont examiné les données de plus de 2,5 millions de naissances et ont comparé le devenir neurodéveloppemental des enfants selon que leur mère avait ou non utilisé du paracétamol pendant la grossesse. Les analyses ont d’abord mis en évidence une association statistique apparente entre l’exposition prénatale et les diagnostics d’autisme, de TDAH ou de déficience intellectuelle. Des biais méthodologiques évités Le résultat initial montrait une association statistique entre exposition prénatale et troubles neurodéveloppementaux. Mais en utilisant une analyse intrafamiliale sur fratries, les chercheurs ont contrôlé les facteurs génétiques et environnementaux susceptibles de biaiser l’interprétation. Cette méthode, considérée comme l’une des plus robustes pour les études observationnelles, a fait disparaître toute association : les enfants exposés in utero au paracétamol ne présentaient aucun risque accru de trouble du neurodéveloppement comparés à leurs frères et sœurs non exposés. Prudence clinique usuelle, mais pas d’inquiétude fondée Interrogé par la rédactrice adjointe du JAMA, la Dr Linda Brubaker, le Pr Lee rappelle que les principes de prescription demeurent inchangés : « Comme pour tout médicament...

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Échographies « plaisir » : une pratique désormais illégale

Quand l’échographie devient une « expérience » Depuis quelques années, les échographies « plaisir », « souvenir » ou « affectives » s’étaient multipliées sur internet et dans certaines boutiques. Présentées comme des moments d’émotion, ces séances permettaient aux futurs parents de découvrir leur bébé en 3D ou 4D, parfois entourés de proches, hors du cadre médical.  Proposées comme de véritables prestations commerciales — avec formules, options et effets visuels ou sonores — elles promettaient une « expérience magique » et même de voir « grandir son bébé en temps réel ». Les images pouvaient être retouchées par intelligence artificielle et remises sur clé USB, pour un coût atteignant parfois 200 euros, intégralement à la charge des parents. Mais derrière cette offre séduisante, le monde médical alertait depuis longtemps sur les risques d’une telle dérive. Des alertes sur les risques pour le fœtus Dès 2004, l’Académie de médecine soulignait les dangers potentiels d’une exposition prolongée du fœtus aux ultrasons, recommandant de réserver ces examens à un usage strictement médical. L’année suivante, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) mettait en garde contre les échographies réalisées à des fins purement esthétiques : pour obtenir des images nettes, les praticiens prolongeaient les séances et concentraient les ultrasons sur des zones précises (profil, visage, organes génitaux), sans justification médicale. Bien qu’aucun effet nocif n’ait été démontré à ce jour, ces pratiques faisaient courir un risque inutile au fœtus, sans finalité diagnostique ni thérapeutique. Un encadrement juridique désormais clair Le rapport de la Haute Autorité de santé (HAS) publié en 2012 marque un tournant. Il qualifie les échographies « plaisir » de prestations commerciales, étrangères à tout objectif médical, et appelle à un encadrement législatif. Ce cadre a été établi en 2017, avec le décret n° 2017-91, interdisant formellement l’utilisation d’échographes destinés à l’imagerie fœtale par toute personne n’exerçant pas la profession de médecin ou de sage-femme. Cette interdiction...

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Une sage-femme sanctionnée pour avoir délivré un certificat de virginité

Une démarche « par empathie », mais illégale En 2022, une sage-femme engagée auprès d’associations de défense des droits des femmes rédige un certificat de virginité destiné à permettre à une patiente de se marier. Elle ignore alors que la loi du 24 août 2021, inscrite à l’article L.1110-2-1 du Code de la santé publique, interdit formellement à tout professionnel de santé d’établir un tel document. La chambre disciplinaire de première instance de l’Ordre des sages-femmes la condamne à trois mois d’interdiction d’exercice, sans sursis. Estimant avoir agi sans mauvaise intention, la professionnelle conteste la décision devant la Chambre disciplinaire nationale, invoquant la méconnaissance d’un texte encore récent. « Nul n’est censé ignorer la loi » La juridiction nationale confirme néanmoins la sanction, ramenée à trois mois d’interdiction assortis d’un sursis. Elle rappelle qu’un professionnel de santé ne peut établir de certificat visant à attester la virginité d’une personne, en application de l’article L.1110-2-1 du Code de la santé publique, et ne saurait se prévaloir de son ignorance de la loi. Certes, le site de l’Ordre des sages-femmes ne mentionnait pas encore cette interdiction au moment des faits. Mais la publication de la loi avait fait l’objet d’une couverture médiatique suffisante pour que les professionnels concernés s’en informent. La Chambre souligne en outre que la sage-femme aurait dû, « en toutes hypothèses, garder une certaine distance à l’endroit d’une telle demande », et rappelle qu’un praticien ne peut établir un certificat de complaisance ni rédiger un rapport tendancieux, conformément à l’article R.4127-335 du Code de la santé publique. Une infraction aux conséquences multiples Cette affaire illustre la portée disciplinaire, mais aussi civile et pénale, de l’établissement d’un certificat de virginité. Outre les sanctions prononcées par l’Ordre, la délivrance d’un tel document expose à des poursuites judiciaires : L’infraction commise peut également déboucher sur des sanctions civiles, avec...

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54es Journées de la Société française de médecine périnatale (Sfmp)

Du nouveau pour l’Odon device (marquage CE) © Avanti Santé (image AI) Depuis le test de ce nouveau dispositif d’accouchement par voie basse instrumental (VBI) soutenu par l’OMS et déployé au CHU de Besançon en 2019, OdonAssist™ fait son entrée au CHU Grenoble Alpes cet automne. C’est un manchon souple et gonflable qui se place autour de la tête du bébé afin de l’accompagner dans sa sortie, sans pression excessive sur le crâne ni sur le périnée. Il réduit les risques de lésions de la tête du nouveau-né, protège le périnée et représente une alternative révolutionnaire, simple et sécurisée aux autres instruments d’accouchement par VBI.  L’Odon device va être testé sur un an et environ 60 accouchements. Les résultats de cette étude multicentrique, si concluants, influenceront les perspectives d’une large diffusion.  18,3 % des femmes n’ont pas recours à la visite à domicile (VAD) post-partum par les sages-femmes  En se basant sur les données de l’Enquête nationale -périnatale 2021 (ENP-2021) auprès de femmes à deux mois post-partum et accouchées à terme de nouveau-né bien-portant (n=7 872), Santé publique France a découvert que près d’un cinquième de ces femmes (18,3%) n’avait pas eu recours à la VAD. Le non-recours était associé à des facteurs socio-économiques (faible niveau d’étude, précarité), et/ou individuels et organisationnels :  Le non-recours était particulièrement élevé en Normandie (45,8%), Centre-Val-de-Loire (32,0%), et Île-de-France (25,4%) Ces résultats soulignent la nécessité de l’établissement de liens précoces avec une sage-femme libérale, lors du suivi per partum, de la préparation à la naissance, ou en s’appuyant sur des stratégies type Prado.  Le Newborn Behavorial Observation (NBO), un nouvel outil pour améliorer la relation au nouveau-né  Le Newborn Behavorial Observation (NBO) est un outil dérivé de l’échelle de Brazelton (NBAS), validé cliniquement. Ce n’est pas un outil d’évaluation, mais relationnel : à l’aide d’une ou plusieurs séances...

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Portrait

Élise Bertheau, sage-femme échographiste

Pourquoi sage-femme ? J’ai toujours voulu travailler dans le milieu médical. C’est une curiosité d’enfant qui ne m’a jamais quittée. Quand j’étais petite, chaque fois que j’allais chez le docteur, je ressortais en disant : « Je serai docteur ». Adolescente, j’ai eu à faire avec un chirurgien et mon projet a changé : « Je serai chirurgienne ». C’est vers 15 ans que j’ai compris que sage-femme me correspondait davantage. Il y avait le côté médical, mais aussi la proximité avec les patientes dans des moments clés de leur vie. Et puis sage-femme est un métier aux multiples facettes : un peu de chirurgie, un peu de technique, beaucoup d’humain. Quand j’étais en classe de première — à cent mètres d’ici — nous devions faire un exposé annuel et j’avais choisi l’échographie fœtale. J’étais déjà fascinée par ces images mystérieuses, venues de l’intérieur du corps.  Comment se sont passées vos études ? C’était le début du passage obligatoire par médecine. Mais c’était clair dans ma tête : « Même si j’ai médecine, je ferai sage-femme ! » Dentaire, je n’y ai même pas pensé. Fidèle à mon rêve de petite fille, je voulais travailler dans un hôpital, c’était le graal ! Finalement, je n’ai pas eu médecine, et j’ai intégré l’école de sages-femmes de Saint-Antoine à Paris, après une première année à la Pitié-Salpêtrière. C’était exigeant, et parfois vraiment difficile, mais j’aimais ça. Et à la sortie, j’ai été embauchée à la maternité de Rambouillet. J’y suis restée de 2009 à 2014, après quoi j’ai travaillé à l’autre bout de Paris dans un grand cabinet libéral. C’était un choix de revenir travailler dans la ville où vous avez grandi ? Pas spécialement. J’étais plutôt attirée par les maternités de niveau 3, j’avais adoré mes stages à Necker et à Trousseau. Mais après plusieurs années de trajets quotidiens pendant mes études, j’étais lasse des trains et métros. Je...

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