Dans l’ensemble des pays développés, on s’était habitué à voir les filles et les jeunes femmes dépasser les garçons et les jeunes hommes à l’école. Elles avaient aussi plus de chances d’aller à l’université que leurs homologues masculins. C’était de bonne guerre, pensait-on, considérant le grand nombre de domaines dans lesquels les femmes restaient désavantagées. Au bout du compte, les hommes avaient quand même de meilleurs résultats sur le marché du travail. Ce n’est plus le cas, d’après une étude présentée mi-septembre dans le Financial Times.
Avancée nette des femmes
Dans plusieurs pays riches, les jeunes femmes sont désormais plus susceptibles de travailler que les jeunes hommes. Le Royaume-Uni a rejoint ce groupe en 2020, et l’écart entre le taux d’emploi des femmes de 20 à 24 ans et celui des hommes s’est creusé depuis pour atteindre trois points de pourcentage.
C’est en 2022 que, pour la première fois, le revenu moyen d’une jeune femme au Royaume-Uni a été supérieur à celui de son homologue masculin. La transition n’a pas encore eu lieu aux États-Unis, mais le déficit du taux d’emploi des jeunes femmes est passé de près de 10 points de pourcentage en 2006 à un seul point l’année dernière. Dans ces pays, lorsqu’on demande « qui fait le plus gros du travail pour élever les enfants ? » ou « qui se concentre sur l’obtention d’une bonne éducation ? » ou encore « qui travaille pour ramener un bon revenu à la maison ? », la réponse est la même : « les femmes ».
Si la France résiste encore au phénomène, les courbes suivent le même chemin et ne devraient plus tarder à se croiser.
Déclin des hommes non diplômés
Tandis que les jeunes femmes progressent, beaucoup de jeunes hommes se désengagent du travail et de l’éducation, ce qui génère des problèmes socio-économiques. Ces jeunes hommes sont davantage susceptibles de causer des troubles violents ou de soutenir les mouvements populistes. La formation des relations elle-même est affectée, car un nombre croissant de femmes diplômées se heurtent à une pénurie d’homologues socio-économiques masculins, elles qui ont moins besoin que jamais de s’associer à un homme pour obtenir un soutien financier. L’étude souligne l’importance de s’attaquer au déclin des hommes non diplômés, sans pour autant compromettre les progrès des jeunes femmes. Cette question constitue un défi majeur pour la stabilité socio-économique future.
Source : John Burn-Murdoch, The Financial Times, 20 septembre 2024.
