Aux origines du microbiote

Le microbiote d’un nouveau-né influence sa santé future. Identifier ses origines s’avère complexe. Chez le bébé, les bonnes bactéries sont-elles seulement acquises à la naissance ? Faut-il enrichir le microbiote buccal et intestinal d’un bébé né par césarienne avec le microbiote vaginal de sa mère ? Les études foisonnent et posent de nouvelles questions.

« Lors d’une naissance par voie naturelle, le bébé entre en contact avec les microbiotes vaginal et intestinal – via les selles parfois expulsées – de sa mère. C’est une étape cruciale. Puis, s’il est nourri au sein, il ingère un peu de microbiote cutané et reçoit à travers le lait certaines bactéries d’origine maternelle pouvant avoir des propriétés probiotiques favorables à la croissance de son propre microbiote. » Résumant la pensée dominante, Marie-José Butel, qui dirige l’unité de microbiologie de l’Université Paris Descartes, estime que dans le ventre de sa mère, le foetus a un intestin quasi stérile. Jusqu’à récemment, on pensait d’ailleurs que le futur bébé grandissait dans une poche totalement stérile. Mais de nouveaux travaux viennent perturber ces connaissances et créent une polémique. Du coup, la question reste entière : d’où proviennent les différents microbiotes qui habitent nos organes ? Quelle est l’origine des premières bactéries qui colonisent le nouveau-né ? À ce sujet, la naissance est-elle vraiment l’événement primordial ?

UN NOUVEL ORGANE

L’étude des divers microbiotes est devenue un champ d’investigation hyperactif ces dernières années. Au point que les spécialistes parlent même de « nouvel organe ». La peau et l’ensemble des muqueuses (nez, bouche, poumons, vagin, pénis…) disposent d’un microbiote particulier. Celui des organes sexuels joue un rôle important dans la protection contre les infections (lire page 20). Le microbiote cutané est un acteur majeur de notre signature olfactive et son déséquilibre est associé à des pathologies comme l’acné ou le psoriasis. Quant aux poumons, la composition de leur microbiote influence la sévérité des symptômes de l’asthme. À lui seul, le microbiote intestinal pèse près de 2 kg. Il est composé « de bactéries, essentiellement de type Bacteroidetes et Firmicutes, mais