Pratiques

Infléchissement de courbe pondérale inexpliqué : enquête au cœur d’un allaitement idéal 

Cas clinique Anton* est né à terme, suite à un déclenchement par Syntocinon pour dépassement de terme. À la naissance, il est eutrophe, en bonne santé, et l’allaitement démarre sans difficulté particulière. Mme J.*, sa mère, avait suivi avec assiduité une préparation à la naissance, incluant un accompagnement spécifique à l’allaitement, afin de mettre toutes les chances de son côté. En effet, son premier allaitement avait été marqué par une prise de poids insuffisante à partir de la fin du troisième mois. Cela avait conduit à l’introduction de préparations pour nourrissons, puis au sevrage rapide face à une lactation devenue insuffisante. Pour éviter un nouvel échec, Mme J. a choisi d’être suivie par une sage-femme IBCLC dès le début de sa seconde grossesse. Un accompagnement régulier est donc mis en place dès la naissance, avec l’objectif de soutenir Mme J. et de prévenir toute baisse de lactation.  Les trois premiers mois, tout semble parfait : transfert de lait efficace, succion optimale, aucune douleur lors des tétées. La prise de poids et les autres indicateurs d’une lactation satisfaisante sont au vert. Pourtant, au cours du deuxième trimestre, la courbe de poids d’Anton commence à s’infléchir progressivement, sans qu’aucune cause évidente ne soit identifiée. La lactation paraît toujours efficace. Un ECBU est prescrit pour rechercher une infection urinaire : il revient stérile. Face à la réapparition de cette problématique dans un contexte pourtant optimal, une anamnèse approfondie est reprise. Aucun trouble hormonal n’est détecté (le bilan thyroïdien est normal) et aucune anomalie anatomique (type hypoplasie mammaire) n’est suspectée. La succion d’Anton reste bonne. C’est alors que nous explorons l’alimentation de la mère. Mme J précise qu’elle est végane et qu’elle a cessé sa supplémentation en vitamines après l’accouchement. La reprise d’une complémentation en vitamine B12 est aussitôt recommandée. Un dosage biologique viendra confirmer la...

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L’activité libérale selon Louise et Sophie

Dans le premier épisode d’avril, Sophie, sage-femme libérale depuis 24 ans à Nantes conseillait Louise, jeune sage-femme diplômée à Brest sur les différentes démarches pour sa future installation en libéral. Elles se sont donné un deuxième rendez-vous téléphonique pour poursuivre leurs échanges. — Bonjour Louise, je t’appelle comme convenu. J’ai bloqué trente minutes dans mon agenda entre deux consultations, est-ce que cela te semble suffisant ? — Bonjour Sophie, oui c’est parfait ! Merci beaucoup. — Alors dis-moi… Comment vas-tu et où en es-tu de ton projet d’installation ? — J’ai eu quelques soucis personnels mais cela va mieux. Du coup, je me suis concentrée sur mon installation pour me changer les idées et ça m’a fait du bien d’avoir un projet à construire. — C’est bien que tu puisses trouver un équilibre entre ta vie professionnelle et personnelle. En libéral, c’est parfois complexe, car tu dois fixer tes propres limites et tu n’as pas de relève de garde qui arrive à la fin de la journée ! C’est beaucoup d’énergie pour s’investir au début, mais tu verras que cela en vaut la peine ! — Ah oui, je vais devoir me fixer des horaires et m’y tenir si je ne veux pas passer ma vie au cabinet ! J’ai signé un contrat de collaboration d’une durée indéterminée avec ma consœur dont je t’avais parlé, Mathilde. Nous avons convenu d’une clause de liberté d’installation avec interdiction de concurrence déloyale et fixé une redevance qui me semble raisonnable de 750 euros par mois. J’ai préféré un montant fixe à un pourcentage pour pouvoir gagner plus si je veux travailler davantage. Qu’en penses-tu ? — Cela me semble bien démarré. Pour la redevance, c’est un choix stratégique propre à chaque situation, qui se confirme ou non ensuite dans le temps. Si cela te parait justifié financièrement dans ta situation,...

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Pratiques

L’activité libérale selon Louise et Sophie

Depuis qu’elle a obtenu son diplôme en juillet 2024, Louise fait des remplacements en maternité, mais les stages effectués pendant ses études lui ont donné l’envie d’exercer en libéral. Comment s’y prendre ? En Novembre 2024, elle rencontre Sophie au Congrès National des Sage-Femmes Libérales à Troyes, qui est installée en libéral depuis 2001. Louise lui fait part de ses appréhensions. Sophie se revoit quand elle était jeune diplômée, pleine d’ambition mais très stressée de faire le grand saut ! Elle la rassure et lui propose de fixer un rendez-vous téléphonique après le congrès pour échanger sur son projet. — Bonjour Sophie, je te remercie de prendre du temps par téléphone avec moi, c’est trop sympa ! — Bonjour Louise, je t’en prie. Moi aussi quand je me suis installée en 2001 j’aurais aimé avoir des conseils d’une professionnelle, mais à l’époque il y avait très peu de sages-femmes libérales. — Je me sens prête à franchir le pas de l’installation ! J’ai très envie d’accompagner les femmes et d’entretenir avec les couples un suivi sur le long terme, ce que je ne peux pas faire en maternité. En même temps, le libéral me fait un peu peur et avec toutes les démarches administratives, je suis perdue… — Ne t’inquiète pas, c’est juste au début. Les démarches sont bien plus simples aujourd’hui qu’à mon époque ! D’abord il faut que tu prennes contact avec la CPAM (Caisse Primaire d’Assurance Maladie) de ton secteur d’installation afin de savoir s’il y a des restrictions à ton conventionnement ou si tu peux bénéficier de mesures incitatives. — Je me suis renseignée et il n’y a ni l’un ni l’autre ! — Super ! Je vois que tu as déjà bien commencé ! Maintenant il faut donc que tu remplisses et adresses une déclaration d’installation libérale et une fiche de changement de...

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Offre de soin

Pathologies bucco-dentaires chez la femme enceinte

Il existe plusieurs types de pathologies bucco-dentaires en population générale qui peuvent être aggravées chez la femme enceinte Pathologies de la dent : destruction de l’émail et de la dentine L’érosion dentaire : c’est l’usure de la surface de l’émail dentaire, qui est un processus pouvant être très rapide et irrémédiable, car l’émail ne peut pas repousser. Cela peut provoquer un changement de couleur de la dent et une hypersensibilité dentaire. L’érosion est liée à l’acidité de la cavité buccale (consommation d’aliments acides, modification salivaire, reflux gastrique…). La carie dentaire : c’est la destruction de la dent (émail puis dentine), formant une cavité, due à des bactéries. C’est donc une maladie infectieuse d’évolution lente (la carie atteint la pulpe en deux ans environ, et peut évoluer ensuite selon divers facteurs), et réversible au premier stade : une carie peut être reminéralisée. Pathologies parodontales (péri=autour, odonto=dent) : concernent les tissus de soutien autour de la dent (gencive, os de soutien de la dent)  La gingivite : c’est l’inflammation de la gencive. Ses symptômes : œdème, rougeur, saignements, sensibilité. Elle est due à l’accumulation de plaque bactérienne autour de la dent et peut être réversible. On estime que deux femmes enceintes sur trois sont sujettes à la gingivite. La parodontite : c’est une complication de la gingivite malheureusement irréversible. Lorsque la gingivite n’est pas traitée, le processus inflammatoire atteint en profondeur l’os de soutien des dents, pouvant provoquer des déplacements dentaires, un abcès voire des pertes dentaires. Dans sa forme la plus sévère (10% des sujets), elle est un facteur de risques de complications durant la grossesse : prématurité, petit poids de naissance et prééclampsie selon une revue de la littérature (1), En France, une étude prospective a démontré un lien significatif entre parodontite généralisée et prématurité pour cause de prééclampsie (2). Épulis de grossesse : c’est une tumeur bénigne de la...

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Offre de soin

Rythmes et besoins du nouveau-né et du nourrisson : pourquoi informer de manière « intensive » ?

Pourquoi intensifier et repenser l’information ? Les recommandations de la HAS précisent que les interventions prénatales ont peu d’impact sur le risque de dépression du post-partum, alors que des interventions intensives en postnatal ont un impact majeur (niveau de preuve 1) (4). Il est donc essentiel que les informations données en prénatal soient renforcées en post-partum, période où les parents sont plus réceptifs. L’une des principales difficultés rencontrées en post-partum est la fatigue, touchant plus de neuf femmes sur dix (5). Une étude de Kurth a montré que la perception de « troubles du sommeil » chez le bébé est liée au risque de dépression du post-partum. À l’inverse, une information pré et postnatale améliore le sommeil maternel et diminue ce risque (6). L’importance du soutien en allaitement Selon l’enquête périnatale 2021, 15 à 18 % des mères estiment ne pas avoir reçu le soutien nécessaire. « … seulement 18% des mères estimaient avoir reçu tout le soutien dont elles avaient eu besoin. Une lacune fréquemment citée par les mères était le manque de clarté des informations sur la fréquence et la durée des tétées, et elles souhaitaient mieux savoir comment être sûres que leur bébé avait reçu assez de lait » (7).  Le démarrage de l’allaitement joue un rôle clé dans sa poursuite (8) (9). Une bonne gestion de l’engorgement, notamment grâce à des tétées fréquentes et efficaces entre H0 et H72, est essentielle pour éviter des complications. Informer les mères sur les rythmes du nourrisson, les signes indiquant qu’il est prêt à téter, les risques du sommeil refuge et l’importance des tétées groupées est crucial, mais il est tout aussi indispensable que ces informations soient répétées en post-partum par tous les professionnels de santé (10) (11) (12). Adapter l’information aux réalités des parents Même lorsqu’elles sont informées en prénatal, les mères sont souvent déstabilisées par...

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Pratiques

Les maladies hivernales respiratoires : quelle prévention chez la femme enceinte ?

Par Anh-Chi Ton, sage-femme Mme B, future seconde pare à 20 SA, vient vous voir en décembre pour son suivi de grossesse. « Je m’inquiète, car l’hiver arrive, et autour de moi, tous mes collègues sont soit enrhumés, soit ils toussent. Dans mon métier, je ne peux pas faire de télétravail et je dois donc les côtoyer tous les jours… Qu’est-ce que je peux faire pour prendre le moins de risque pour ma grossesse ? »  Un rappel sur les gestes barrières est toujours le bienvenu. Ces gestes sont simples et efficaces pour réduire la transmission des germes. Ils sont bien connus depuis le confinement, mais ils ne sont pas toujours appliqués au quotidien… Premier geste : Se laver les mains correctement, à l’eau et au savon (de préférence liquide), est la mesure d’hygiène la plus efficace pour réduire TOUS les virus. Nous abordons dans cet article les virus respiratoires, mais ces gestes barrières seront aussi efficaces pour le virus de la gastro-entérite, par exemple. On peut se contaminer en touchant une autre personne (en serrant la main) ou en touchant des objets ou des surfaces souillées (poignée de porte, clavier d’ordinateur…) avant de se toucher le visage. On essaiera d’ailleurs de moins se toucher le visage, même si on le fait souvent sans s’en rendre compte.  On rappelle qu’on se lave d’abord paume contre paume, puis le dos des mains, entre les doigts, le dos des doigts, les pouces et enfin le bord des doigts et des ongles. Tout cela doit durer environ 30 secondes, puis on se sèche avec une serviette propre. On se lave après chaque sortie à l’extérieur, après avoir pris les transports en commun, après avoir été aux toilettes, après s’être mouché ou éternué, après avoir côtoyé quelqu’un de malade. Et avant de préparer le repas et de manger !...

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Pratiques

Les accouchements inopinés extrahospitaliers en question

Quelles sont les données disponibles ? En 2021, les données du PMSI, disponibles sur Scansanté, font état de 5160 accouchements hors établissement pour toute la France. Mais cette donnée mêle plusieurs cas de figure : accouchement à domicile choisi et accompagné par une sage-femme donnant lieu à un transfert, accouchement inopiné à domicile, accouchement pendant le transport ou en Centre périnatal de proximité. « Il n’y a pas de codage spécifique pour identifier l’origine des accouchements hors établissement dans le PMSI, explique Margaux Creutz-Leroy, présidente de la Fédération française des réseaux de périnatalité (FFRSP).Cependant, le code Z39.00 ” Soins et examens immédiatement après un accouchement hors d’un établissement de santé “ permet d’estimer le nombre de séjours après AIEH (ex. : domicile, voie publique, trajet, maison de naissance…) hors de la présence de l’équipe du Smur, ceci même si la délivrance a lieu dans l’établissement. » Pendant plusieurs années, l’Observatoire national des AIEH a répertorié les données des AIEH de 25 centres de Samu sur les 103 que compte la France. Ces analyses ont surtout servi à élaborer des protocoles de prise en charge pour les urgentistes. Les accouchements hors établissement augmentent-ils ? Les données du PMSI pour la période 2013-2021 permettent de calculer une légère augmentation des AIEH, passant de 0,34 % à 0,56 % du total des accouchements en France métropolitaine, alors que le nombre d’accouchements est en baisse.Sur la même période, le taux passe de 1,9 % à 3 % dans les départements et régions d’outre-mer, où le nombre ­d’accouchements est en hausse. Les taux cachent des différences territoriales. En Franche-Comté, la proportion d’accouchements hors établissement a quasi doublé, de 0,44 % en 2013 à 0,85 % en 2021. En Bourgogne, le taux est passé de 0,38 % en 2013 à 0,6 % en 2021. En Île-de-France, le taux a peu augmenté, passant de 0,3 % en 2013 à 0,49 % en 2021. Reste à interpréter les […]

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Pratiques

Le Smur obstétrical d’Autun, un modèle d’avenir ?

Le 16 décembre 2022, l’autorisation d’activité de naissance de la maternité d’Autun a été suspendue. En cause : une situation dégradée de longue date, du fait du manque d’attractivité de ce territoire rural, et la grande difficulté à mener des concertations territoriales pour envisager des solutions, à cause de résistances de différents acteurs locaux. Un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales de 2022 et un rapport de la Chambre régionale des comptes d’octobre 2023 listaient les problématiques : protocoles obsolètes, problèmes de recrutement, rémunérations élevées et irrégulières des médecins pour les fidéliser, qualité des soins non garantie. En 2022, les tensions sur les effectifs, y compris de sages-femmes, ont accéléré la décision de fermeture. Ce n’est que devant le fait accompli qu’une concertation territoriale a pu se tenir pour bâtir un nouveau projet local. Il a été annoncé en février 2023. L’Agence régionale de santé de Bourgogne-Franche-Comté a ainsi proposé quatre mesures. À Autun et Château-Chinon, des centres périnataux de proximité (CPP), baptisés « centres de périmaternité » sont créés pour les suivis pré et postnataux, les consultations de gynécologie et d’orthogénie. Les accouchements de la maternité d’Autun sont transférés vers les maternités du Creusot (à 30 minutes en voiture) et de Chalon-sur-Saône (à une heure de route), voire de Nevers (à 1 heure 30). Des hébergements temporaires sont prévus à proximité des maternités du territoire pour les femmes habitant à plus de 45 minutes. Le CPP d’Autun doit assurer des consultations d’urgences relevant d’une sage-femme et une activité de Smur obstétrical 24 h/24, notamment pour prendre en charge les accouchements inopinés extrahospitaliers (AIEH, voir p. 35). La mise en œuvre de ces mesures a été progressive. L’ensemble fonctionne dans le cadre d’une Fédération médicale interhospitalière, créée en juin dernier et regroupant par convention les CH de Chalon-sur-Saône, d’Autun, de Nevers, de Château-Chinon et l’hôpital du Creusot, avec […]

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À Bruxelles, la « clinique du siège » implique médecins et sages-femmes

La « clinique du siège » de l’hôpital Érasme, à Bruxelles, prend en charge les patientes et les couples dont le bébé se présente en siège au-delà de 36 à 37 semaines de grossesse (ce qui survient dans 3 % des cas). Son histoire a commencé en 2016. La docteure Sara Derisbourg, obstétricienne, travaillait depuis octobre 2015 à la maternité de l’hôpital universitaire Érasme de Bruxelles, avec une de ses consœurs, la professeure Caroline Daelemans. UN PARCOURS DÉDIÉ « Nous avons constaté qu’il y avait vraiment beaucoup d’accouchements par césarienne de bébés se présentant en siège, alors que nous venions toutes les deux d’un autre hôpital où nous étions habituées à une pratique différente, raconte-t-elle. En 2016, avant la mise en place du parcours dédié, les primipares dont le bébé était en siège accouchaient à 88 % par césarienne et ce chiffre était de 77 % pour les multipares à Bruxelles (1). Tout confondu, il n’y avait que 4,3 % d’accouchements par voie basse à Érasme avant l’implémentation de la clinique du siège. » Autre constat de l’équipe : un manque d’information des patientes sur les options qui s’offraient à elles pour leur accouchement. La professeure Daelemans a alors décidé de mettre en place un « trajet de soins » afin d’accompagner les futures mères dans les processus décisionnels, avec une information détaillée et éclairée sur l’accouchement en siège et la mise en place de protocoles basés sur des recommandations internationales. « L’objectif principal de la clinique du siège est d’offrir aux patientes des informations sur toutes les options qui s’offrent à elles, mais également de leur proposer ces différentes possibilités », souligne la docteure Sara Derisbourg, qui a repris le pilotage de la clinique après le départ de sa collègue. L’hôpital réalise environ 2000 accouchements chaque année. Il encourage l’accouchement physiologique et dispose d’une maison de naissance adossée à l’hôpital, Le Cocon. La mise en […]

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Pratiques

Solipam lance l’alerte

« Si ça continue, nous allons devoir ouvrir une maison de naissance à Solipam. » Telle est la plaisanterie douce-amère qui circule au sein de l’équipe du réseau Solidarité Paris Mamans (Solipam), tant l’équipe de sages-femmes et d’assistantes sociales est entravée dans ses accompagnements. Le sentiment d’impuissance, la colère et l’indignation sont palpables pour qui va à leur rencontre. Fondé en 2006 par la professeure Dominique Mahieu Caputo, le réseau est destiné à coordonner l’accompagnement des femmes enceintes et de leurs enfants en situation de grande précarité en Île-de-France et à les orienter. Mais la crise des effectifs en maternité et le manque de places d’hébergement durable ou d’urgence mettent à mal l’équipe. Des facteurs que l’Agence régionale de santé d’Île-de-France, à l’écoute du réseau qu’elle finance, ne peut résorber seule.  MANQUE DE PLACE EN MATERNITÉ Solipam propose plusieurs types de prise en charge. Une simple orientation fait suite à une demande ou à un besoin ponctuel. Un accompagnement dit de support consiste en un soutien médicosocial à moyen terme, de quelques semaines à quelques mois. Quant à l’accompagnement dit d’inclusion, il consiste à suivre une mère et son nouveau-né jusqu’aux 3 mois de ce dernier, voire jusqu’à son premier anniversaire, en raison d’une situation aiguë sur le plan social ou médical. À chaque fois, l’objectif est que les femmes et leur famille accèdent aux ressources de droit commun et que le maillage autour d’elles soit correct. Depuis 2022, le nombre des orientations est en baisse tandis que les supports et les inclusions augmentent. Des tendances en lien avec une aggravation de la pauvreté, des conditions de vie et des états de santé des femmes.  En 2022, 664 femmes étaient dans la file active et l’association a reçu 586 autres demandes. Ces chiffres sont les plus élevés depuis 2019, date d’une restructuration de l’association. Depuis […]