Des frenchies au Royaume-Uni

Plusieurs sages-femmes françaises ont traversé la Manche pour exercer en Angleterre et profiter du one-to-one : pendant l’accouchement, une sage-femme accompagne une seule patiente en travail. Si leurs retours d’expérience sont positifs, le tableau n’est pourtant pas si rose.

« En tant que sage-femme, je me sens beaucoup plus épanouie en Angleterre qu’en France. D’un point de vue professionnel, mon départ pour l’Angleterre a été la meilleure décision que j’ai prise. Alors qu’en France, je me posais vraiment la question de savoir si j’étais faite pour ce métier », raconte Kerstin Lelubre. Elle a exercé deux ans dans un établissement de type II à Perpignan, avant de migrer.

Depuis son arrivée outre-Manche, elle a suivi diverses formations. À 33 ans, elle est devenue manager à l’hôpital de Lewisham, un gros hôpital londonien.

REDÉCOUVRIR SON MÉTIER

Les sages-femmes françaises qui ont suivi le même chemin n’expriment pas autre chose. Tout au moins celles que nous avons interrogées, qui exercent toutes dans la capitale. « En arrivant en Angleterre, j’ai eu l’impression de découvrir ce qu’était la naissance et l’accouchement physiologiques. J’ai aussi eu l’impression de redécouvrir le métier de sage-femme. Si j’étais restée en France, je n’aurais pas connu le même niveau d’épanouissement. J’ai le sentiment qu’aujourd’hui, je ne pourrais pas retravailler dans une maternité française, surtout pas en salle d’accouchement, avec trois ou quatre patientes à prendre en charge… », évoque de son côté Camille Mallet. Quant à Noémie Roux, elle « aurait du mal à voir une patiente à qui on pose un cathéter en début de travail. Je n’aurais pas envie de me plier aux protocoles français. Je serais frustrée. » Même son de cloche du côté de Sarah Kheirallah, qui pense ne plus être capable de travailler en France après son expérience anglaise. Bref, les sages-femmes françaises ayant pratiqué dans l’Hexagone avant de rejoindre Londres paraissent unanimes. Si la qualité de vie en France et les petits marchés du dimanche matin peuvent manquer à certaines, d’un point de vue professionnel, elles sont heureuses d’avoir franchi le pas. Plus élevé, le salaire leur offre un niveau de vie équivalent, la vie londonienne étant très chère. Même celles qui avaient imaginé un séjour temporaire ont fini par rester.