
Le vécu des patientes au coeur de la prise en charge
Certains rapports estiment à 80 % la proportion de femmes pour lesquelles la grossesse se déroulerait sans complication majeure1. Toutefois, certaines femmes présentant une pathologie antérieure ou inhérente à la grossesse peuvent nécessiter une hospitalisation.
Souvent soudaine et d’une durée indéterminée2, l’hospitalisation pendant une grossesse est vécue de manière très fluctuante d’une patiente à l’autre. En effet, chaque femme est différente et chaque grossesse est unique.
L’hospitalisation a des répercussions évidentes sur les besoins fondamentaux (alimentation, sommeil…) de la patiente qui perd de son autonomie. En effet, le choix et l’horaire des repas sont imposés par le service. La modification du régime alimentaire, associée à un transit physiologiquement ralenti pendant la grossesse, entraîne très souvent des troubles digestifs. Parallèlement, le changement d’environnement, les inquiétudes et les questionnements de la future mère sur son état de santé et celui de l’enfant à venir impactent fortement son sommeil.
Il a été décrit que l’hospitalisation engendre également un isolement social et familial. La solitude peut envahir les patientes, avec parfois un sentiment d’incompréhension vis-à-vis du personnel médical, mais aussi de l’entourage. L’hospitalisation prénatale peut ainsi avoir des répercussions négatives sur le fonctionnement familial à moyen ou long terme3. La mère en devenir se sent souvent coupable. Elle a l’impression d’être la cause de la pathologie et d’être, avant même la naissance de son enfant, une mauvaise mère pour lui.
De plus, le suivi médical, les prises de sang, les enregistrements répétés du rythme cardiaque foetal, les examens cliniques (touchers vaginaux, palpation utérine) peuvent modifier la tolérance de la femme vis-à-vis de l’hospitalisation et être ressentis comme une violation. Les avis médicaux peuvent être multiples et désorienter davantage la femme hospitalisée engendrant une situation très anxiogène. Le stress demeure, pour la plupart des patientes, omniprésent tout au long de l’hospitalisation, parfois potentialisé par l’évolution défavorable de la grossesse ou le peu de soutien reçu de l’entourage immédiat.
En post-partum, 38 % des femmes préfèreraient rentrer plus tôt à domicile, mais cette demande n’est pas toujours entendue et parfois impossible du fait de complications obstétricales4. Les motivations principales sont en lien avec la présence d’enfants en bas âge au domicile, la volonté de retrouver un cadre de vie habituel et le besoin de repos5. Les patientes mettent également en avant le manque de confort de l’hôpital, source de stress et de fatigue.
L’étude de l’opportunité et de la faisabilité à la maternité de Roanne
L’étude montre des conditions favorables, mais surtout des éléments indispensables et des enjeux dans la mise en place de cette HAD ante et post-partum. Elle est basée sur une analyse des données PMSI de l’établissement, une revue de littérature, une analyse de l’environnement, des entretiens auprès des cadres de santé infirmiers du CH de Roanne et de l’HAD obstétricale présente sur le territoire, une analyse financière, des entretiens téléphoniques avec 22 sages-femmes libérales du territoire roannais et également un outil d’analyse stratégique (la matrice SWOT).