“Les sages-femmes sont là !” Avec cette pancarte, les sages-femmes ont participé à rendre visible leur mouvement de mécontentement et leurs revendications à l’occasion du 8 mars, journée de lutte pour le droit des femmes. Une présence qui était une évidence pour nombre d’entre elles.
C’est la première fois que les syndicats appelaient officiellement à rejoindre les défilés féministes. Outre la CGT, la CFTC et la CFE CGC ont aussi rejoint le mouvement (lire leur communiqué dans les liens). L’Union nationale des syndicats de sages-femmes (UNSSF) se voulait “avec les femmes”. Même discours à l’Organisation nationale des syndicats de sages-femmes (ONSSF). Objectif : poursuivre le mouvement entamé le 26 janvier, puis les 10 et 24 février. Sans le vouloir, le mot d’ordre de la marche -“grève féministe”- a donc fait écho avec les grèves des sages-femmes.
Dans une trentaine de ville de France métropolitaine, les professionnelles se sont organisées pour faire connaître leurs revendications à cette occasion.
À Paris, un petit groupe d’une cinquantaine de sages-femmes a rejoint le cortège parti de Port-Royal, proche de la maternité éponyme. Une dizaine d’entre elles venaient de la maternité des Bluets, d’autres de Versailles, de Saint-Denis, d’Argenteuil ou d’autres maternités de la région parisienne. La petite troupe a répondu aux sollicitations médiatiques ou fait cliqueter ses spéculums durant le défilé.
Pour Hayat Hebib, sage-femme échographiste à l’hôpital Delafontaine, à Saint-Denis, c’était une première. “Pour une fois que je n’ai pas été assignée ou d’astreinte, je suis venue manifester, confie-t-elle. Il est important de participer à la marche du 8 mars car les luttes des femmes et des sages-femmes sont liées. Nous demandons notre reconnaissance et une meilleure sécurité des soins pour les femmes que nous accompagnons pendant une période importante de leur vie.”
Pour Marie Galbrun-Noël, du centre hospitalier de Versailles, défiler le 8 mars est une évidence en tant que sage-femme. “Notre profession est exercée en majorité par des femmes et pour des femmes”, résume-t-elle. Certaines ont choisi d’arborer une affiche “les sages-femmes croient les femmes”, allusion à l’injonction féministe de croire la parole des femmes et des victimes de violences sexistes et sexuelles.
À Bordeaux, le cortège des sages-femmes était plus massif et une banderole géante “sage-femme code rouge” a été déployée. Multipliant les recours aux symboles forts, les sages-femmes d’Aquitaine ont organisé une flashmob sur la chanson Mesdames, du slameur Grand Corps Malade (voir la vidéo ici). À Marseille, les sages-femmes ont fait un haka impressionnant (voir la vidéo ici).
Dans les maternités aussi, les professionnelles de la périnatalité ont fait preuve de créativité. À Grenoble, elles ont arboré des costumes de la Servante écarlate. L’objectif de médiatisation du mouvement a été atteint avec de nombreux relais sur les réseaux sociaux.
La presse n’était pas en reste, avec un article dans Charlie Hebdo ou une tribune de la présidente de l’Ordre, Anne-Marie Curat, dans Le Monde. Mais c’est surtout la presse régionale qui s’est fait l’écho de ces mouvements.
Le prochain rendez-vous pressenti dans la rue serait prévu pour le 5 mai, pour la journée internationale des sages-femmes.