L’IA est-elle un remède à l’épuisement des soignants ?

« Ce qui est drôle, c’est que l’une des principales raisons pour lesquelles les médecins américains ont souffert d’épuisement professionnel au cours des vingt dernières années est l’introduction des systèmes numériques. » C’est par cette formule ironique qu’Axel Pries, directeur du Sommet mondial de la santé, a résumé le paradoxe qui traverse aujourd’hui le monde médical : la promesse de soulagement par la technologie s’est souvent traduite par une surcharge supplémentaire.

© Avanti Santé

Les professionnels passent parfois plus de trois heures par jour sur des tâches administratives. « Beaucoup ont le sentiment de ne plus exercer leur métier, mais de nourrir une machine bureaucratique », déplore Axel Pries. L’IA pourrait être une solution. Mais à condition qu’elle soit « vraiment intelligente ». « Les systèmes numériques ont souvent ajouté du travail, car ils exigeaient de multiples validations et clics inutiles », rappelle le directeur du Sommet. Pour être efficace, l’intelligence artificielle doit s’appuyer sur des données fiables, diversifiées et représentatives. « Si l’IA est entraînée avec des données limitées à une population américaine, elle sera inadaptée ailleurs, y compris pour des questions de genre ou d’origine », souligne Pries. Sans une numérisation pensée pour le soin, le risque est grand de reproduire les erreurs du passé — celles d’un numérique censé libérer du temps mais qui, mal intégré, a contribué à l’épuisement des soignants. Autre enjeu : la protection des données de santé. « Je vois une grande différence entre confier mes données à Google et les donner à un institut de recherche publique », nuance-t-il. L’enjeu, selon Axel Pries, est désormais clair : « l’IA doit rendre la médecine plus humaine, pas plus administrative »….

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