Portrait

Sara Da Cunha Bento, « L’énergie que je récupère en libéral, je la délivre à l’hôpital »

Sara Da Cunha Bento, sage-femme Pourquoi sage-femme ? Aviez-vous la vocation ? Enfant, j’avais un cousin très malade, atteint d’une cardiopathie. Lorsque j’allais le visiter à l’hôpital, avec ma mère, j’étais en admiration devant les infirmières, je voulais leur ressembler. C’est comme ça que tout a commencé. Puis, mon cousin est décédé et j’ai décidé de devenir cardiologue, pour sauver d’autres enfants comme lui. Ça n’a duré qu’un temps. J’ai fini par me dire que je préférais accompagner la vie plutôt que lutter contre la maladie. C’est ainsi que, dès l’âge de 12 ans, j’ai su que ma vocation était de devenir sage-femme.   Je suis tombée pile l’année où il fallait faire médecine. En parallèle de ma classe de terminale scientifique, j’ai tenté le concours de médecine, mais ce fut un échec. Je me suis alors inscrite l’année suivante en médecine à Orsay. Une année terrible, j’enregistrais mes cours et je les écoutais en dormant.Je n’ai fêté aucune fête cette année-là, c’était du non-stop. Cela m’a permis tout de même de valider l’année et d’avoir le choix de suivre médecine, dentaire ou sage-femme. Dans l’amphithéâtre au Kremlin-Bicêtre, le professeur a demandé quelle spécialité chacun de nous voulait suivre et il n’y avait même pas sage-femme dans sa liste. Il semblerait que quand on a médecine, on reste médecin. Quand j’ai dit sage-femme, tout le monde s’est retourné vers moi. J’ai même entendu « mais qu’elle est conne ! » Je voulais devenir sage-femme, c’était une certitude. Je le suis depuis seize ans et je n’ai jamais regretté mon choix, j’adore ! Avez-vous toujours eu la double casquette hôpital-­libéral ?  J’ai exercé exclusivement à l’hôpital privé d’Antony depuis l’obtention de mon diplôme et jusqu’en 2019. C’est une maternité de type 2A qui se distingue pour le côté physiologique, par l’envie d’accompagner au plus proche de la physiologie....

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Point juridique

Patient mineur et consentement

Par Marie Josset-Maillet, juriste Quels sont les actes médicaux qui peuvent être pratiqués sans l’accord des parents, dans quelles limites le mineur peut-il prendre seul les décisions le concernant ? Plus spécifiquement concernant les actes effectués par les sages-femmes, qu’en est-il de l’IVG, de la contraception, du dépistage des IST ?  En principe, les décisions médicales qui concernent l’état de santé d’un patient mineur sont prises par les titulaires de l’autorité parentale. Mais dans certaines circonstances, les mineurs ont le droit d’y participer, selon leur âge et leur niveau de maturité : le mineur a le droit de recevoir une information selon son degré de maturité. Son consentement doit être ­systématiquement recherché s’il est apte à exprimer sa volonté et à participer à la décision médicale qui le concerne. En ce qui concerne les sages-femmes, leur activité fait qu’elles ont essentiellement à faire à des adolescents qui sont particulièrement concernés par cette règle, puisque suffisamment matures pour être informés sur les décisions médicales qui les concernent et en mesure de donner ou non leur consentement.  Le principe : le consentement des parents Le principe est que, pour tout acte médical, la sage-femme doit recueillir le consentement des représentants légaux du mineur (parents quelle que soit leur situation conjugale ou tuteur). En effet, ce sont les parents (ou le tuteur) qui sont titulaires de l’autorité parentale et qui doivent à ce titre prendre les décisions permettant de protéger l’enfant « dans sa sécurité, sa santé et sa moralité, pour assurer son éducation et permettre son développement, dans le respect dû à sa personne » (article 371-1 du Code civil). Cet article dispose également que « les parents associent l’enfant aux décisions qui le concernent, selon son âge et son degré de maturité ». L’article L1111-4 du Code de la santé publique dispose quant à lui que le mineur peut être...

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Pratiques

Les maladies hivernales respiratoires : quelle prévention chez la femme enceinte ?

Par Anh-Chi Ton, sage-femme Mme B, future seconde pare à 20 SA, vient vous voir en décembre pour son suivi de grossesse. « Je m’inquiète, car l’hiver arrive, et autour de moi, tous mes collègues sont soit enrhumés, soit ils toussent. Dans mon métier, je ne peux pas faire de télétravail et je dois donc les côtoyer tous les jours… Qu’est-ce que je peux faire pour prendre le moins de risque pour ma grossesse ? »  Un rappel sur les gestes barrières est toujours le bienvenu. Ces gestes sont simples et efficaces pour réduire la transmission des germes. Ils sont bien connus depuis le confinement, mais ils ne sont pas toujours appliqués au quotidien… Premier geste : Se laver les mains correctement, à l’eau et au savon (de préférence liquide), est la mesure d’hygiène la plus efficace pour réduire TOUS les virus. Nous abordons dans cet article les virus respiratoires, mais ces gestes barrières seront aussi efficaces pour le virus de la gastro-entérite, par exemple. On peut se contaminer en touchant une autre personne (en serrant la main) ou en touchant des objets ou des surfaces souillées (poignée de porte, clavier d’ordinateur…) avant de se toucher le visage. On essaiera d’ailleurs de moins se toucher le visage, même si on le fait souvent sans s’en rendre compte.  On rappelle qu’on se lave d’abord paume contre paume, puis le dos des mains, entre les doigts, le dos des doigts, les pouces et enfin le bord des doigts et des ongles. Tout cela doit durer environ 30 secondes, puis on se sèche avec une serviette propre. On se lave après chaque sortie à l’extérieur, après avoir pris les transports en commun, après avoir été aux toilettes, après s’être mouché ou éternué, après avoir côtoyé quelqu’un de malade. Et avant de préparer le repas et de manger !...

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Grand Angle

L’addiction chez la femme enceinte : trente ans d’engagement

Les femmes enceintes ne consomment pas de drogues, car on ne les voit pas en consultation. A quelques exceptions près. Voilà le discours largement répandu jusque dans les années 1990 dans le corps médical. En réalité, les femmes addicts qui attendent un bébé existent. Mais elles ont trop peur et trop honte pour pousser la porte des cabinets et des hôpitaux. « A l’époque, il y avait des centres de soin pour les toxicomanes et des maternités, mais pas de professionnels référents » pour faire le pont entre ces deux mondes, raconte Corinne Chanal, sage-femme dans l’Hérault. Elle résume : « Pour les gynécos, en gros, c’était des situations sociales : les femmes arrivaient en maternité, elles accouchaient, elles repartaient deux jours après et les enfants étaient placés. » Accompagner les femmes depuis les maternités À cette époque, des initiatives naissent sur l’ensemble du territoire français pour prendre en compte ces (futures) mamans. Des initiatives lancées par des professionnels comme Corinne Chanal. Elle intervient bénévolement dans un quartier difficile de Montpellier où elle est particulièrement au contact de personnes atteintes du VIH, consommatrices d’opiacés. Parmi elles, des mères. « Je leur ai demandé ce qu’il faudrait pour qu’elles acceptent un accompagnement », explique-t-elle. Leurs critères : ne pas être jugée, qu’on ne prenne pas mon enfant et ne pas être considérée comme une toxicomane, mais comme une femme enceinte.  « J’ai donc monté un projet en 1996 d’accueil de femmes enceintes à la maternité de Montpellier : c’était le premier projet de ce genre », souligne la sage-femme. Le Pr Claude Lejeune s’empare aussi de la question. Il est pédiatre, chef de service de la réanimation néonatale à l’hôpital de Louis-Mourier (Colombes, 92) et est lui aussi au contact de femmes atteintes du sida et addicts à l’héroïne. Il publie une première étude sur la stigmatisation et donc la mauvaise prise en...

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A la Une

Sage-femme addictologue : un métier d’écoute, de lien et de soins 

Œil rieur et pas cadencé, Aurélie Debaecker arpente les couloirs de l’hôpital. À peine sortie d’une réunion sur le sujet de la prise en charge des vulnérabilités, elle passe une tête dans le bureau des sages-femmes de la maternité. « Quelqu’un pour moi aujourd’hui ? », demande-t-elle. Pas cette fois-ci. Elle passe en revue les accouchements qui ont eu lieu depuis sa dernière visite, reconnaît le nom d’une femme vue il y a quelques mois pour du tabac, l’autre lors d’une précédente grossesse pour du cannabis. Elle se note de passer les voir pour prendre des nouvelles. Elle reprend sa route, passe devant une exposition d’affiches dans le hall d’accueil qu’elle a co-réalisée à l’occasion du Mois sans tabac puis gagne le service auquel elle est rattachée, « l’addicto ». Aurélie Debaecker est sage-femme au sein d’une équipe de liaison et de soins en addictologie (Elsa). Elle exerce sur trois sites : le centre hospitalier de La Rochelle qu’elle vient de traverser, celui de Rochefort et l’hôpital Marius Lacroix dédié à la psychiatrie. Repérer, informer, déculpabiliser et amener vers le soin Ces quelques pas en sa compagnie ont suffi pour donner un bref aperçu du rôle de sage-femme addictologue : c’est faire le lien entre les différents services, c’est proposer une prise en charge adaptée aux femmes, surtout les mères et futures mères qui ne peuvent se passer d’alcool, d’héroïne, de haschich, de médicaments ou d’autres substances et les accompagner au mieux. Pour y parvenir, elle a quatre grandes missions. Elle les décrit, désormais installée dans son bureau, sa panoplie de prospectus sur les addictions en toile de fond. « Ma première mission est la prise en charge clinique du public périnatalité », débute-t-elle, donc beaucoup de femmes enceintes. « Le matin, la priorité est de savoir s’il y a des personnes identifiées par les autres services qui ont besoin...

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