Utérus artificiel : bientôt des essais cliniques sur l’être humain

La Food and Drug Administration (FDA) a rencontré des experts pour discuter des étapes suivantes afin d'intégrer l'utérus artificiel dans les essais cliniques sur l'homme. Elle prévoit d'annoncer une décision à ce sujet plus tard dans l'année.

Le système Extend (EXTrauterine Environment for Neonatal Development), développé par l’équipe de recherche du Children’s Hospital of Philadelphia (CHOP), est une technologie d’utérus artificiel conçue pour améliorer la survie et le développement des bébés nés extrêmement prématurés. Après avoir réussi 300 essais sur des fœtus de moutons, où les agneaux ont survécu et se sont développés normalement pendant 3 à 4 semaines, les chercheurs envisagent désormais des essais sur l’humain. Alan Flake, chirurgien prénatal auteur principal de cette étude, et ses collègues ont publié leurs résultats dans la revue Nature Communications.


L’utérus artificiel a été expérimenté sur des agneaux prématurés (ici au quatrième jour).

Les expérimentations ont été couronnées de succès pour plus de 300 agneaux (ici au 28e jour).

Améliorer les chances de survie

L’objectif principal de l’utilisation de l’Extend chez l’humain serait d’offrir une alternative aux soins intensifs pour les bébés nés à la limite de la viabilité, en particulier ceux nés avant leur 28e semaine de développement. Ces bébés pourraient bénéficier d’une meilleure chance de survie et de développement dans cet environnement artificiel. Cependant, la mise en œuvre de cette technologie chez l’humain nécessite l’approbation de la FDA, ainsi qu’une réflexion approfondie sur ses implications éthiques et légales.

Imiter les conditions de l’utérus

Le principe de l’Extend est de fournir un environnement contrôlé et sécurisé qui imite les conditions de l’utérus. La technologie comprend un sac de gestation rempli de liquide appelé Biobag, simulant l’environnement amniotique. Le Biobag ne ressemble pas à un utérus, mais il comporte les mêmes éléments : une enveloppe synthétique transparente entourant le fœtus d’agneau, assurant une fonction protectrice semblable à celle de l’utérus ; une solution électrolyte similaire au liquide amniotique pour immerger l’agneau ; un système de circulation sanguine permettant au fœtus d’échanger le dioxyde de carbone contre de l’oxygène.

Durant les essais, les agneaux ont vu leurs poumons et cerveaux se développer, leur peau se couvrir de laine. Ils ont ouvert les yeux, gigoté, et appris à avaler.

Pour commencer les essais sur les humains, les chercheurs doivent obtenir une exemption de dispositif d’investigation de la FDA*. Ces essais initiaux se concentreraient probablement sur des bébés ayant peu d’autres options de traitement.

L’utilisation d’un utérus artificiel pour une gestation complète reste une perspective lointaine et soulève d’importantes questions éthiques, légales et sociales. 

* Une exemption de dispositif d’investigation (Investigational Device Exemption – IDE) de la FDA permet aux chercheurs de tester un dispositif médical expérimental sur des êtres humains lors d’essais cliniques, même si le dispositif n’a pas encore été approuvé pour une utilisation sûre et efficace. Cette exemption est nécessaire pour assurer que les essais sont menés avec des protocoles rigoureux pour protéger la santé et la sécurité des participants.