Point juridique

Patient mineur et consentement

Par Marie Josset-Maillet, juriste Quels sont les actes médicaux qui peuvent être pratiqués sans l’accord des parents, dans quelles limites le mineur peut-il prendre seul les décisions le concernant ? Plus spécifiquement concernant les actes effectués par les sages-femmes, qu’en est-il de l’IVG, de la contraception, du dépistage des IST ?  En principe, les décisions médicales qui concernent l’état de santé d’un patient mineur sont prises par les titulaires de l’autorité parentale. Mais dans certaines circonstances, les mineurs ont le droit d’y participer, selon leur âge et leur niveau de maturité : le mineur a le droit de recevoir une information selon son degré de maturité. Son consentement doit être ­systématiquement recherché s’il est apte à exprimer sa volonté et à participer à la décision médicale qui le concerne. En ce qui concerne les sages-femmes, leur activité fait qu’elles ont essentiellement à faire à des adolescents qui sont particulièrement concernés par cette règle, puisque suffisamment matures pour être informés sur les décisions médicales qui les concernent et en mesure de donner ou non leur consentement.  Le principe : le consentement des parents Le principe est que, pour tout acte médical, la sage-femme doit recueillir le consentement des représentants légaux du mineur (parents quelle que soit leur situation conjugale ou tuteur). En effet, ce sont les parents (ou le tuteur) qui sont titulaires de l’autorité parentale et qui doivent à ce titre prendre les décisions permettant de protéger l’enfant « dans sa sécurité, sa santé et sa moralité, pour assurer son éducation et permettre son développement, dans le respect dû à sa personne » (article 371-1 du Code civil). Cet article dispose également que « les parents associent l’enfant aux décisions qui le concernent, selon son âge et son degré de maturité ». L’article L1111-4 du Code de la santé publique dispose quant à lui que le mineur peut être...

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Pratiques

Les maladies hivernales respiratoires : quelle prévention chez la femme enceinte ?

Par Anh-Chi Ton, sage-femme Mme B, future seconde pare à 20 SA, vient vous voir en décembre pour son suivi de grossesse. « Je m’inquiète, car l’hiver arrive, et autour de moi, tous mes collègues sont soit enrhumés, soit ils toussent. Dans mon métier, je ne peux pas faire de télétravail et je dois donc les côtoyer tous les jours… Qu’est-ce que je peux faire pour prendre le moins de risque pour ma grossesse ? »  Un rappel sur les gestes barrières est toujours le bienvenu. Ces gestes sont simples et efficaces pour réduire la transmission des germes. Ils sont bien connus depuis le confinement, mais ils ne sont pas toujours appliqués au quotidien… Premier geste : Se laver les mains correctement, à l’eau et au savon (de préférence liquide), est la mesure d’hygiène la plus efficace pour réduire TOUS les virus. Nous abordons dans cet article les virus respiratoires, mais ces gestes barrières seront aussi efficaces pour le virus de la gastro-entérite, par exemple. On peut se contaminer en touchant une autre personne (en serrant la main) ou en touchant des objets ou des surfaces souillées (poignée de porte, clavier d’ordinateur…) avant de se toucher le visage. On essaiera d’ailleurs de moins se toucher le visage, même si on le fait souvent sans s’en rendre compte.  On rappelle qu’on se lave d’abord paume contre paume, puis le dos des mains, entre les doigts, le dos des doigts, les pouces et enfin le bord des doigts et des ongles. Tout cela doit durer environ 30 secondes, puis on se sèche avec une serviette propre. On se lave après chaque sortie à l’extérieur, après avoir pris les transports en commun, après avoir été aux toilettes, après s’être mouché ou éternué, après avoir côtoyé quelqu’un de malade. Et avant de préparer le repas et de manger !...

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Grand Angle

L’addiction chez la femme enceinte : trente ans d’engagement

Les femmes enceintes ne consomment pas de drogues, car on ne les voit pas en consultation. A quelques exceptions près. Voilà le discours largement répandu jusque dans les années 1990 dans le corps médical. En réalité, les femmes addicts qui attendent un bébé existent. Mais elles ont trop peur et trop honte pour pousser la porte des cabinets et des hôpitaux. « A l’époque, il y avait des centres de soin pour les toxicomanes et des maternités, mais pas de professionnels référents » pour faire le pont entre ces deux mondes, raconte Corinne Chanal, sage-femme dans l’Hérault. Elle résume : « Pour les gynécos, en gros, c’était des situations sociales : les femmes arrivaient en maternité, elles accouchaient, elles repartaient deux jours après et les enfants étaient placés. » Accompagner les femmes depuis les maternités À cette époque, des initiatives naissent sur l’ensemble du territoire français pour prendre en compte ces (futures) mamans. Des initiatives lancées par des professionnels comme Corinne Chanal. Elle intervient bénévolement dans un quartier difficile de Montpellier où elle est particulièrement au contact de personnes atteintes du VIH, consommatrices d’opiacés. Parmi elles, des mères. « Je leur ai demandé ce qu’il faudrait pour qu’elles acceptent un accompagnement », explique-t-elle. Leurs critères : ne pas être jugée, qu’on ne prenne pas mon enfant et ne pas être considérée comme une toxicomane, mais comme une femme enceinte.  « J’ai donc monté un projet en 1996 d’accueil de femmes enceintes à la maternité de Montpellier : c’était le premier projet de ce genre », souligne la sage-femme. Le Pr Claude Lejeune s’empare aussi de la question. Il est pédiatre, chef de service de la réanimation néonatale à l’hôpital de Louis-Mourier (Colombes, 92) et est lui aussi au contact de femmes atteintes du sida et addicts à l’héroïne. Il publie une première étude sur la stigmatisation et donc la mauvaise prise en...

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A la Une

Sage-femme addictologue : un métier d’écoute, de lien et de soins 

Œil rieur et pas cadencé, Aurélie Debaecker arpente les couloirs de l’hôpital. À peine sortie d’une réunion sur le sujet de la prise en charge des vulnérabilités, elle passe une tête dans le bureau des sages-femmes de la maternité. « Quelqu’un pour moi aujourd’hui ? », demande-t-elle. Pas cette fois-ci. Elle passe en revue les accouchements qui ont eu lieu depuis sa dernière visite, reconnaît le nom d’une femme vue il y a quelques mois pour du tabac, l’autre lors d’une précédente grossesse pour du cannabis. Elle se note de passer les voir pour prendre des nouvelles. Elle reprend sa route, passe devant une exposition d’affiches dans le hall d’accueil qu’elle a co-réalisée à l’occasion du Mois sans tabac puis gagne le service auquel elle est rattachée, « l’addicto ». Aurélie Debaecker est sage-femme au sein d’une équipe de liaison et de soins en addictologie (Elsa). Elle exerce sur trois sites : le centre hospitalier de La Rochelle qu’elle vient de traverser, celui de Rochefort et l’hôpital Marius Lacroix dédié à la psychiatrie. Repérer, informer, déculpabiliser et amener vers le soin Ces quelques pas en sa compagnie ont suffi pour donner un bref aperçu du rôle de sage-femme addictologue : c’est faire le lien entre les différents services, c’est proposer une prise en charge adaptée aux femmes, surtout les mères et futures mères qui ne peuvent se passer d’alcool, d’héroïne, de haschich, de médicaments ou d’autres substances et les accompagner au mieux. Pour y parvenir, elle a quatre grandes missions. Elle les décrit, désormais installée dans son bureau, sa panoplie de prospectus sur les addictions en toile de fond. « Ma première mission est la prise en charge clinique du public périnatalité », débute-t-elle, donc beaucoup de femmes enceintes. « Le matin, la priorité est de savoir s’il y a des personnes identifiées par les autres services qui ont besoin...

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L’accès restreint à l’avortement entrainerait une augmentationdes placements en famille d’accueil aux États-Unis

En 2022, la décision de la Cour suprême des États-Unis dans l’affaire Dobbs contre Jackson Women’s Health Organization a annulé les protections fédérales en matière de droit à l’avortement. Suite à cela, de nombreux États ont pu en restreindre considérablement l’accès, ou l’interdire purement et simplement. Compte tenu des implications de l’arrêt Dobbs, il était nécessaire d’en comprendre les répercussions sur le système de placement en famille d’accueil américain. Une étude sur plus de quatre millions d’enfants C’est la mission que s’est fixée une équipe de chercheurs du Jama (Journal of the American Medical Association). L’étude de cohorte portait sur plus de quatre millions d’enfants ayant fait l’objet d’un placement familial aux États-Unis entre 2000 et 2020. L’accès restreint à l’avortement a été associé à une augmentation de 11 % des placements en famille d’accueil. Ces résultats étaient particulièrement significatifs pour les enfants noirs et les enfants issus de minorités raciales et ethniques, par rapport aux enfants blancs. Pression accrue sur le système de placement familial Ces résultats suggèrent que la restriction de l’accès à l’avortement accroît la pression sur le « foster care »américain (système de placement en famille d’accueil américain), affectant particulièrement les communautés raciales et ethniques marginalisées et les familles financièrement vulnérables. Il a été démontré que ces placements ont des conséquences à vie pour les enfants et des coûts substantiels pour les États et le gouvernement fédéral. Adkins S, Talmor N, White MH, Dutton C, O’Donoghue AL. Association Between Restricted Abortion Access and Child Entries Into the Foster Care System. JAMA Pediatr. 2024;178(1):37–44. doi:10.1001/jamapediatrics.2023.4738

Recherche

Amie : l’IA de Google plus performante qu’un médecin ?

Les progrès récents ont montré les capacités insoupçonnées des modèles de langage à mener des conversations riches, à planifier et raisonner. Dans cette optique, Google Research a développé Amie, un système d’IA optimisé pour le raisonnement diagnostique et les conversations. Amie a été entrainé sur un très grand nombre de situations, puis évalué. Ses performances ont été comparées à celles de vingt médecins de premiers recours, sur de nombreux axes, dont le recueil d’antécédents médicaux, la précision diagnostique et l’empathie.  Des résultats globalement en faveur de l’IA Il en ressort que Amie a réalisé des conversations diagnostiques au moins aussi bien que les médecins.Les patients-tests ont dialogué à l’aveugle, via un chat textuel, sans savoir si leur interlocuteur était un vrai médecin ou Amie. Ensuite, on leur a demandé d’évaluer la qualité de leur consultation. Les médecins ont également été invités à en juger à posteriori, à l’aveugle également.  Il en ressort que l’IA a montré une plus grande précision diagnostique et une performance supérieure sur 28 des 32 axes du point de vue des médecins interrogées.  Sur 24 des 26 axes du point de vue des patients. Parmi ces axes, il y avait le professionnalisme, l’empathie, la précision du diagnostic différentiel, la clarté du dialogue et de la délivrance d’informations.  La prudence reste de rigueur Google invite à la prudence. L’évaluation pourrait sous-estimer la valeur des conversations humaines en conditions réelles, car elle se base sur une interface de chat texte non représentative de la pratique clinique habituelle. De plus, il s’agit là d’une première étape. Transformer le prototype en un outil complètement fiable nécessitera des recherches supplémentaires importantes. Mais dans un monde où l’accès à l’expertise clinique reste limité, une IA conversationnelle empathique, sûre, utile et accessible, est une perspective fascinante.   Research Leads, Google Research, « AMIE: A […]

Actus

Les Français et leur santé : part croissante du numérique

Le ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités a dévoilé les conclusions d’une enquête menée auprès d’un échantillon représentatif de 2032 personnes de 18 ans ou plus : les Français utilisent de plus en plus les outils et services numériques en matière de santé. Pour prendre un rendez-vous médical, récupérer des résultats d’examens ou d’analyses, échanger avec l’Assurance Maladie ou la mutuelle, téléconsulter, ou via leurs objets connectés, les Français se tournent de plus en plus vers l’Internet.   L’usage du numérique se banalise 90 % des sondés ont utilisé au moins un service numérique dans ce secteur, en premier lieu pour la prise de rendez-vous.  Une majorité, soit 74 %, voit dans ces outils un moyen d’améliorer le suivi des dossiers médicaux des patients. 72 % pensent qu’il rendra les démarches administratives (prises en charge, remboursements…) plus fluides. Mais des inquiétudes demeurent Certaines préoccupations subsistent, en particulier celles liées au risque que le numérique contribue à une perte d’humanité dans les soins et crée des disparités dans l’accès aux services. Car les Français ne sont pas égaux devant Internet. Certains ne sont pas à l’aise devant leur écran, quand d’autres n’ont simplement pas ou peu accès au réseau. 78 % des sondés redoutent également que leurs datas soient utilisées à des fins commerciales ou fassent l’objet d’un piratage. Mon Espace Santé Autre enseignement de cette étude, l’usage de Mon ­Espace Santé demeure timide au sein de la population et du corps médical. Depuis le lancement du dispositif en janvier 2022, chaque Français dispose d’un espace de stockage de ses données de santé. Si 1 personne sur 2 déclare avoir déjà utilisé Mon Espace Santé, 15 % d’entre elles seulement ont activé leur profil. Les Français sont encore trop nombreux à ne pas en voir l’utilité.   Source : Ministère du Travail, de la Santé […]

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Actus

54 % des Français déclarent rejeter les stéréotypes de genre

La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) a publié les résultats de son enquête annuelle sur les stéréotypes de genre*. Une majorité des Français (54 %) les rejettent, bien que l’adhésion soit plus forte chez les hommes, les personnes âgées, les personnes issues de l’immigration et les pratiquants religieux. Les femmes et les diplômés du supérieur sont plus enclins à les rejeter.  Partage inégalitaire des tâches ménagères En dépit de ces résultats encourageants, l’étude souligne aussi une distribution inégale des tâches ménagères dans les couples. Ainsi, 54 % des femmes déclarent assumer majoritairement les responsabilités domestiques, telles que faire les courses, le nettoyage et s’occuper du linge, contre 7 % seulement des hommes. Cette différence est presque aussi marquée en ce qui concerne les tâches liées à la prise en charge des enfants (comme la préparation des repas, les activités de loisirs et l’éducation), où 46 % des femmes affirment s’en charger principalement, contre 6 % des hommes. Sans surprise, plus les personnes adhèrent aux stéréotypes de genre, moins elles déclarent un partage égalitaire des tâches ménagères dans leur couple.  * La Drees publie, chaque année depuis 2000, une enquête sur la perception des inégalités et l’opinion des individus sur les politiques sociales et de santé. L’étude se déroule auprès d’un échantillon de 4000 personnes, représentatif de la population française âgée d’au moins 18 ans.

Actus

Entretien postnatal précoce (EPNP) Guide pratique 2024

Le CNSF vient de publier son nouveau guide Entretien Post-Natal Précoce (EPNP) qui regroupe un ensemble de conseils pratiques et de lignes directrices essentielles pour les sages-femmes et les médecins. Pour rappel, l’entretien postnatal précoce (EPNP) est obligatoire depuis le 1er juillet 2022. Sa mise en place fait suite aux nombreuses demandes des professionnels et usagères. Elle entre dans le cadre du programme « Les 1000 premiers jours » lancé par l’Unicef et décliné par le Gouvernement français. L’EPNP ne se substitue pas à la consultation postnatale, obligatoire entre la sixième et la huitième semaine du post-partum. Il vient en complément, avec plusieurs objectifs propres : L’EPNP permet d’assurer « une continuité entre le suivi prénatal et le suivi postnatal, et d’éviter une rupture de parcours de soins, notamment pour la femme, une fois l’enfant né ». Le guide pratique 2024 est téléchargeable sur le site du Collège national des sages-femmes de France (CNSF).

Actus

Le respect du droit à l’image des enfants inscrit dans la loi

Connaissez-vous le sharenting, contraction de sharing et de parenting ? C’est le fait pour des parents de publier sur leurs réseaux des contenus relatifs à leurs enfants. Une étude britannique révèle qu’un enfant apparaît en moyenne « sur 1300 photographies publiées en ligne avant l’âge de 13 ans » et « 50 % des photographies qui s’échangent sur les forums pédopornographiques avaient été initialement publiées par les parents sur leurs réseaux sociaux ».  Une fois mises en ligne, les images y sont durablement. Elles peuvent nuire à l’enfant sur le long terme et faire le jeu de cyberharceleurs.  Le 6 février 2024, l’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité la proposition de loi visant à lutter contre ces dérives. Les détenteurs de l’autorité parentale devront non seulement assurer la sécurité et la santé de l’enfant, mais aussi protéger sa vie privée.