Actus
« Les compétences des sages-femmes les rendent incontournables »
La mobilisation des sages-femmes se poursuit en coulisses
Jusqu’au 5 mai, les sages-femmes n’iront pas dans la rue. Les derniers défilés du 8 mars dans une trentaine de villes de France métropolitaine, à l’occasion de la Journée internationale pour les droits des femmes, furent symboliques. Pour les syndicats, l’objectif était d’associer la cause des sages-femmes aux causes féministes et de se montrer « avec les femmes » avant tout. Depuis, alors que le Gouvernement a botté en touche lors de la rencontre ministérielle du 24 février dernier, en annonçant un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), il s’agit d’économiser les forces de professionnelles déjà à bout. Pour autant, sages-femmes de terrain, associations et instances professionnelles s’activent en coulisses : leurs différentes initiatives convergent vers les mêmes objectifs. BOYCOTTER L’ENP Début mars, l’idée a été lancée de boycotter la remontée des résultats de l’Enquête nationale périnatale (ENP), qui se déroulait du 15 au 21 mars. Cinq maternités de Grenoble en ont fait part sur le groupe Facebook Sages-Femmes en lutte, relayées par d’autres établissements, sans qu’il soit possible d’établir l’ampleur du mouvement. « Nous avons eu le sentiment de perdre notre salaire pour rien durant les journées de grèves, estime avec lassitude Alexandra Licina, coordinatrice à la maternité du groupement hospitalier mutualiste de Grenoble. Nous avons rassuré l’équipe du comité national de l’ENP en décidant de mener l’enquête sur le terrain, tout en bloquant la remontée des résultats jusqu’à une date indéterminée. » L’Organisation nationale des syndicats de sages-femmes (ONSSF) avait aussi plaidé pour que l’enquête soit bien réalisée, soulignant que « pour la première fois, l’étude comportera des items sur les effectifs sages-femmes » et qu’elle devrait donner des arguments légitimant les revendications des sages-femmes. « L’enquête était prévue pile un an après le premier confinement, note cependant Alexandra Licina. Ses résultats ne seront pas représentatifs, car les maternités ont connu une baisse de la natalité de 10 % […]
Grèves : Que veulent les sages-femmes ?
Dans l’histoire récente des sages-femmes, le fait est suffisamment rare pour être souligné : cette fois, et malgré leurs différences, les sages-femmes espèrent bien afficher un front uni face aux autorités. La colère, la fatigue et la lassitude sont trop importantes. Il ne faut pas laisser poindre la moindre faille, la moindre divergence, dans laquelle pourraient s’engouffrer les autorités pour enliser le mouvement. Plus facile à dire qu’à faire. Mais pour la première fois, une intersyndicale a été créée. L’Organisation nationale des syndicats de sages-femmes (ONSSF), l’Union nationale des syndicats de sages-femmes (UNSSF) et l’Union fédérale médecins, ingénieurs, cadres, techniciens de la Confédération générale du travail (Ufmict-CGT) se sont associées. Les trois organisations ont même signé un communiqué de presse commun pour la grève du 10 février, auquel se sont joint nombre d’organisations professionnelles : Collège national des sages-femmes de France, associations nationales des étudiants, des sages-femmes territoriales, libérales, orthogénistes et coordinatrices… Une immense partie de la galaxie française de la maïeutique est donc réunie. Hausses des rémunérations et des effectifs sont les principales revendications d’une longue liste. MULTIPLES REVENDICATIONS Volontairement général, le communiqué de presse commun exige « des mesures concrètes et des engagements institutionnels forts pour permettre aux sages-femmes de gagner un salaire à la hauteur de leurs responsabilités, de prendre en charge les femmes et les familles dans des conditions de sécurité dignes de notre pays. » Côté rémunération, l’ONSSF et l’Ufmict-CGT semblent alignées. Elles demandent une augmentation franche et massive. « Les sages-femmes ont un bac + 5 ainsi que la responsabilité des mères et des enfants, note Camille Dumortier, sage-femme hospitalière à Nancy et présidente de l’ONSSF. À l’hôpital, une autre profession a à peu près les mêmes caractéristiques. Il s’agit des ingénieurs biomédicaux. Entre leur salaire et leur prime, ils débutent leur carrière à environ 3000 euros par mois. » Aujourd’hui, selon l’Ordre national […]
Les étudiantes face aux discriminations
Recherche-COVID-19
Code rouge pour les sages-femmes
Au plus fort de la mobilisation, une petite centaine de sages-femmes étaient réunies à proximité du ministère des Solidarités et de de la Santé dans l’après-midi de ce mardi 26 janvier, à Paris. De nombreuses autres étaient en grève et assignées dans leurs établissements. Elles étaient venues clamer leur colère et faire connaître leurs revendications. Une petite délégation des principaux représentants de la profession (ONSSF, UNSSF, Ufmict CGT et Anesf) a été reçue par trois membres du cabinet du ministre. « C’est l’étage politique qui nous a rencontré, celui qui décide, et pas l’étage technique, celui qui applique les décisions, analyse Vincent Porteous, de l’Ufmict CGT. C’est une bonne nouvelle. Ils nous prennent au sérieux. » ÉCOUTE ET ATTENTE La rencontre a duré près de deux heures. La délégation a eu le temps d’exposer toutes ses revendications et s’est sentie écoutée. « De leur côté, il y avait une vraie connaissance des dossiers, poursuit Vincent Porteous. De notre côté, nous avons beaucoup insisté sur la rémunération, les effectifs et la formation. Sur ce dernier point, ils ont un peu botté en touche, nous renvoyant vers le ministère de l’Éducation nationale. Ils ont aussi évoqué « beaucoup de choses transversales », « des contraintes budgétaires ». J’ai senti qu’ils cherchaient à nous orienter vers de solutions d’attente. » Hausse des rémunérations pour toutes, y compris pour les libérales, augmentation des effectifs, formation, accompagnement physiologique, arrêt des fermetures des maternités, arrêt des fermetures de lits, revalorisation des compétences en PMI,… Tout ou presque a été balayé. LA GIFLE DU SÉGUR Dans le froid de la rue, les sages-femmes essayaient de rester positives malgré leur faible nombre et leur lassitude. Beaucoup de jeunes étaient présentes. « On veut que notre métier soit reconnu comme un vrai métier médical, demandent deux sages-femmes hospitalières parisiennes qui ont souhaité rester anonymes. Nous voulons ne plus être maltraitantes contre notre gré […]
Covid-19 : Dans l’Est, des soignants immunisés
Bonne nouvelle sur le front de l’épidémie : à Strasbourg, presque tous les soignants qui ont récupéré de symptômes modérés de Covid-19 semblent désormais immunisés contre la maladie. Ils auraient même, pour l’essentiel, développé des anticorps neutralisant le virus. C’est tout au moins ce que tend à montrer une nouvelle étude sur le sujet, même s’il faut prudence garder, car la publication, parue sur un site de « preprint », n’a pas encore été revue par les pairs. Si elle est vérifiée, l’information est importante car jusqu’à présent, on pensait que les personnes ayant eu des symptômes mineurs étaient peu ou pas immunisées. Et l’on ne savait pas non plus si cette immunité protégeait d’une hypothétique réinfection. Réunis sous la houlette d’Olivier Schwartz, du département de virologie de l’Institut Pasteur, à Paris, et d’Arnaud Fontanet, de l’unité d’épidémiologie des maladies émergentes de l’Institut Pasteur, également à Paris, vingt-deux médecins et chercheurs, dont la moitié œuvrent à Strasbourg, ont été réunis pour ce travail. PAS DE SAGE-FEMME CONCERNÉE Entre le 6 et le 8 avril, tous les soignants des hôpitaux universitaires de Strasbourg qui ont eu une rt-PCR positive pour le Sars-Cov-2 ont été invités à participer. A priori, aucune sage-femme n’était concernée. Seuls « des médecins, des infirmières, des kinésithérapeutes, des dentistes, des étudiants en médecine, des aides-soignantes, des assistants et du personnel administratif » ont participé. Au total : 162 personnes. Mais deux personnes ont ensuite été exclues de la cohorte car leurs symptômes se sont aggravés et elles ont dû être hospitalisées. Globalement, la population concernée était jeune, entre 26 et 44 ans, avec un âge médian de 32 ans. Un tiers d’hommes et deux tiers de femmes. Les professions les plus touchées étaient des internes (28 %), des médecins (20 %) et des infirmières (19 %). En plus des informations habituelles sur son état […]
Covid-19 : Sages-femmes libérales, comment déconfiner son cabinet ?
« La première priorité est de garder un contact régulier avec la femme quel que soit le motif de consultation. » Telle est la ligne directrice à retenir du guide publié le mercredi 6 mai au soir par le Collège national des sages-femmes de France (CNSF). Le Conseil national de l’Ordre (CNOSF) a aussi publié le sien, à visée plus hygiéniste, de même que des affiches d’information à destination des patientes. Alors que les professionnelles de terrain souhaitent anticiper et organiser leurs plannings de rendez-vous en vue du 11 mai, les deux instances n’ont pas souhaité attendre l’intervention du Premier ministre du jeudi 7 mai, ni les recommandations de la Haute Autorité de santé sur les modalités du déconfinement, en discussion depuis quinze jours. De son côté, l’Union nationale des syndicats de sages-femmes (UNSSF) estime que les libérales connaissent les préconisations de la Direction générale de la santé et de la HAS qui sont amenées à évoluer et en appelle à leur « libre arbitre » pour adapter leurs pratiques, dans le respect des règles sanitaires actualisées. « Nous nous refusons à « édicter » des conduites à tenir ou des protocoles de travail, écrit le syndicat dans un communiqué du 7 mai. Nous savons que les sages-femmes sont capables d’adapter leur activité en fonction de ces recommandations, des conditions différentes selon les territoires, des besoins de leurs patientes et des conditions propres liées à leurs activités, spécificités et conditions de travail. » Il n’empêche, certaines sages-femmes pourraient être confortées ou inspirées par ces guides. « Nous avons tenté d’émettre des préconisations adaptables par toutes les sages-femmes en attendant les textes de la HAS sur le sujet, qui ne seront pas prêts le 11 mai, témoigne Chloé Barasinski, sage-femme de recherche au CHU de Clermont-Ferrand et membre du comité scientifique du CNSF dédié à la crise du Covid-19. […]
Covid-19 : « Les femmes enceintes doivent rester à l’abri »
Vous travaillez à la maternité de l’hôpital Louis Mourier, à Colombes, en région parisienne. Quelle est la situation ? Alors que les femmes enceintes malades du Covid-19 étaient nombreuses, quinze jours après le début du confinement, le nombre de patientes infectées a diminué. Nous avons eu plusieurs femmes hospitalisées et quelques-unes admises en service de réanimation. La grande majorité de ces patientes sont sorties. À ma connaissance, en France, nous avons déploré un à deux décès de femmes enceintes présentant, en plus du Covid-19, des pathologies complexes. Dans notre pays, nous n’avons, à ma connaissance, à ce jour, pas connu de fausse couche tardive ou de mort fœtale in utero qui seraient directement liées au Covid-19. En revanche, plusieurs femmes ont subi une césarienne en urgence. Ces patientes se dégradaient au niveau respiratoire. À l’hôpital Louis Mourier, nous n’avons pas vu de tels cas et n’avons réalisé aucune césarienne pour ce motif. Après le pic survenu dans les deux premières semaines après la mise en place du confinement, le nombre de femmes infectées a beaucoup diminué. Le confinement a vraiment été bénéfique. On peut dire qu’il a probablement sauvé des milliers de vies. Les femmes enceintes semblent avoir été très à l’écoute, très respectueuses du confinement. Il faut qu’elles continuent à se mettre à l’abri, à respecter les mesures barrières, l’hygiène, le port du masque. Aujourd’hui, nous recevons un faible nombre de femmes infectées. Cela va probablement continuer, même si nous redoutons une remontée de cas avec la sortie de confinement. Pour ma part, j’ai la certitude que le nombre de cas va ré-augmenter. D’ailleurs, il ne faudrait pas parler de déconfinement, mais de confinement différent. Pour les femmes enceintes, quels sont les facteurs de risque de développer une forme grave de la maladie Covid-19 ? Le premier d’entre eux est le […]