
Avez-vous déjà imaginé un homme asséner des coups dans le ventre rond de sa compagne ? Image perturbante, n’est-ce pas ? Elle ne colle pas avec celle que l’on se fait d’une grossesse. Pourtant, une femme sur dix déclare subir des violences pendant cette période (les chiffres varient entre 2 et 20 % selon les études internationales). Pour 40 % d’entre elles, ces violences débutent avec la grossesse. La réalité est encore plus complexe. « La grossesse n’est pas un déclencheur de la violence », assure Mathilde Delespine, sage-femme spécialisée dans la santé des femmes vulnérables et co-responsable des unités de soins à la maison des femmes Gisèle-Halimi de Rennes. La violence est déjà là avant, mais elle peut s’intensifier ou de nouvelles formes peuvent apparaître. « Par exemple, des violences physiques peuvent surgir pour la première fois lors de la grossesse, sur un terrain préparé en amont. Il y avait des violences psychologiques telles que de la dévalorisation, des attaques narcissiques, de l’isolement, etc. », -détaille-t-elle. « L’agresseur peut ressentir une sorte de concurrence avec le bébé »Mathilde Delespine, sage-femme spécialisée dans la santé des femmes vulnérables. Une domination perturbée, du point de vue de l’agresseur « L’agresseur peut ressentir une sorte de concurrence avec le bébé, explique Mathilde Delespine. Il a mis en place plusieurs processus de domination et l’arrivée du tiers peut être difficile à supporter parce qu’il n’est plus mis au premier rang. » Les personnes violentes présentent « beaucoup d’immaturité psychique avec une grande intolérance à la frustration », selon la sage-femme. Il arrive que leur partenaire, une fois enceinte, « ait envie d’être de nouveau plus en lien avec ses proches ou bien qu’elle se fixe de nouvelles limites ». Elle va peut-être se reposer davantage, réaliser moins de tâches, ce qui va perturber son agresseur et peut déclencher les violences. L’agresseur peut s’en prendre à ce qui…