Comment avez-vous découvert la cartographie Urkind® ? Élodie. La cartographie Urkind® nous a été proposée par la sage-femme qui m’a suivie pour ma première grossesse il y a quatre ans. Elle connaissait déjà l’histoire de notre couple et de notre famille, j’étais à l’aise avec elle et, tout naturellement, j’ai souhaité qu’elle me suive quand j’ai été enceinte à nouveau. Quand elle m’a présenté la cartographie, je me suis dit que c’était une bonne idée et cela me plaisait que nous puissions être tous les deux, avec Geoffrey, pour cet échange. La cartographie vous a-t-elle aidés dans le déroulement de la grossesse et la préparation de la naissance ? En quoi ? Élodie. La cartographie nous a permis de nous situer vis-à-vis de nos ressentis, de notre histoire de vie. Il faut être en confiance avec sa sage-femme pour pouvoir être sincère et honnête dans ses réponses. On se livre vraiment pendant cet entretien, et certaines questions touchent à notre intimité. Mais il ne faut pas avoir peur d’exprimer ses ressentis. Cela permet de se positionner sur différents sujets, de savoir où on en est, et d’entendre la parole de son conjoint. Parfois, on pense que l’autre « sait » ce que nous ressentons, comment nous vivons les choses, alors que ce n’est pas toujours évident. En cela, la cartographie a vraiment constitué un support de dialogue et de communication entre nous. Geoffrey. La cartographie nous a ouvert les yeux sur les images que chacun de nous avait de la grossesse, de la maternité, de la paternité. Nous avons pu identifier nos craintes quant à la parentalité. Dans la vie de tous les jours, nous nous parlons beaucoup, Élodie et moi, mais nous ne nous livrons pas autant. Je pense que la cartographie nous a permis d’aborder ensemble certains sujets dont nous n’aurions pas parlé…
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« La cartographie Urkind®, mobiliser les ressources parentales en suivi de grossesse »
TweetComment la cartographie Urkind® se positionne-t-elle dans votre pratique et dans le parcours de la femme enceinte ? J’utilise la cartographie dans le cadre de l’entretien prénatal précoce (EPP), qui est bien souvent le premier contact que j’ai avec les parents qui viennent me consulter. L’EPP, qui est désormais obligatoire, constitue une étape primordiale dans le suivi de la grossesse. C’est un moment privilégié avec les parents. Pendant une heure environ, je prends le temps d’établir un climat de confiance avec eux, de les écouter avec bienveillance. L’objectif premier est de mettre en évidence leurs forces et leurs compétences dans ce projet de naissance. L’EPP est aussi un outil de prévention : il s’agit de mettre au jour les vulnérabilités, les facteurs de risque ou les freins qui peuvent constituer des difficultés pour ce couple-là. La cartographie est un outil centré sur les parents, sur le ressenti de la femme ou du couple. Elle ouvre un espace de communication avec les parents et les rend acteurs du projet de naissance. Leur environnement propre et leur histoire de vie sont pris en compte de façon globale, en abordant différents aspects : médicaux, psychologiques, familiaux et sociaux. La cartographie guide les parents en leur posant la question suivante : « De quoi avez-vous besoin, en tant que parents, pour mener à bien ce projet de naissance, vous sentir en sécurité et disponibles pour accueillir ce bébé ? » Parfois, les parents sont surpris parce qu’ils pensent que la sage-femme va leur dire comment faire… alors qu’elle est là pour les accompagner et leur faire identifier leurs propres ressources et compétences. Pour la sage-femme, la cartographie donne une vision globale et synthétique de la situation, et permet “d’allumer des clignotants” verts, orange ou rouges, selon le ressenti exprimé par la femme ou le couple. Ainsi, en objectivant ce que la sage-femme...

À la vie, un film sensible sur le post-partum et la place des sages-femmes
TweetVous avez choisi de ne suivre qu’une sage-femme. Pourquoi Chantal Birman ? Aude Pépin : L’idée du film est née en 2018, lors d’un plateau de l’émission des Maternelles avec Chantal Birman au sujet de la dépression du post-partum. J’ai eu la conviction de rencontrer une grande dame, aux idées claires et fortes, de la trempe d’une révolutionnaire ou d’une avant-gardiste. J’avais aussi été marquée par son livre Au monde, ce qu’accoucher veut dire. Il ne s’agit pas d’une femme qui cherche la lumière, mais qui porte des idées vers la lumière. Sur les 104 heures de rushs, je n’ai pas conservé les passages où Chantal exprime ses idées. Car un film trop bavard est contre-productif. Il est plus parlant de voir ses idées en action dans son rapport aux femmes, à une étudiante sage-femme en stage ou dans d’autres situations de la vie. Pourquoi avoir décidé d’une sortie en salles de cinéma ? Aude Pépin : Je veux que le public puisse regarder les femmes dans leurs premiers instants en tant que mères, pour leur redonner leur force et leur grandeur. Leur accorder ce temps sur grand écran, pendant un peu plus d’une heure, me paraît indispensable. Face à la télévision, on peut être distrait et détourner le regard. J’espère que le film pourra aussi susciter des débats et des échanges. J’ai moi-même vécu cette fragilité des premiers jours avec un bébé, après la sortie de la maternité. Je souhaitais à la fois montrer au grand public ces instants fondamentaux en post-partum et les problématiques des femmes, dans leur intimité. Le film ne traite pas de la dépression du post-partum, mais de cette zone grise d’adaptation. Quand l’idée du film a germé, la notion de post-partum était inconnue du grand public, réservée aux spécialistes. Depuis, plusieurs voix se sont exprimées à ce sujet sur...

Handi CAP vers la maternité fédère les professionnels
Tweet« C’est notre cœur de métier ! En tant que sages-femmes, nous devons accompagner toutes les patientes, les couples, les nouveau-nés, dans le respect du souhait de leur projet, que les femmes soient ou non en situation de handicap. » Sage-femme coordinateur au Groupement des hôpitaux de l’Institut catholique de Lille, Mathieu Rossi est ravi de la mise en place d’un parcours dédié aux femmes enceintes en situation de handicap. « C’est un projet fabuleux, poursuit-il. Nous avons essayé d’adapter notre offre au mieux par rapport aux différents types de handicap, qu’ils soient moteurs, visuels, sensoriels, cognitifs… » S’il réserve un meilleur accueil aux patientes, le parcours Handi CAP vers la maternité, mis en place voilà plus de trois ans à la maternité de l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul, à Lille, rassure aussi les professionnels. SITUATION CRITIQUE L’histoire débute véritablement en 2014. À l’époque, la maternité fait face à la difficile prise en charge d’une parturiente avec un lourd handicap moteur. L’équipe est déstabilisée. « La situation était très complexe, mais elle a permis aux chefs de service de la maternité et de la médecine physique et de réadaptation de se rencontrer », raconte Émilie Bachary, qui dirige aujourd’hui le service d’accès aux soins pour les personnes handicapées. Un groupe pluriprofessionnel d’une quinzaine de professionnels se constitue : médecins spécialisés dans le handicap, sages-femmes, gynécologues-obstétriciens, infirmiers, aides-soignants, anesthésistes, assistantes sociales, ergothérapeutes, infirmiers… « Et en fonction des situations, nous pouvons faire appel à d’autres compétences en interne, précise la porteuse de projet. Par exemple, dans les situations de handicap psychique, comme des femmes schizophrènes ou bipolaires, nous sollicitons le service de psychiatrie. Pour une mère avec une maladie invalidante, nous appelons le service de neurologie. » À l’entendre, dès le départ, tous les professionnels étaient convaincus et motivés. « Je pense que chacun dans sa pratique avait dû être confronté à une situation de...