Ghada Hatem, fondatrice de la Maison des femmes de Saint-Denis, lors de la première journée de rencontre du collectif Re#Start, à Marseille, le 1er octobre 2021. © Re#Start – Maison des femmes de Saint-Denis En mars dernier, le Gouvernement annonçait l’existence effective de 56 Maisons des femmes en France et promettait une Maison des femmes par département d’ici à 2024. Où en est on réellement ? À partir du moment où des fonds sont alloués à une équipe, pour le Gouvernement, il s’agit d’une Maison des femmes. Or nous souhaitons que ces structures respectent les critères du collectif ReStart, créé en 2021. En mars 2023, Élizabeth Borne annonçait souhaiter que chaque département se dote d’une structure de prise en charge globale des femmes victimes de tous types de violences, adossées à un centre hospitalier, où les plaintes pourraient aussi être recueillies. Mais à ce jour, nous comptons seulement 14 maisons ouvertes qui respectent ces critères et sont membres du collectif. Nous sommes prêts à accompagner les structures qui souhaitent travailler selon ce modèle médico-psycho-social. Notre modèle intéresse, mais nous ne sommes pas missionnés par le Gouvernement pour le promouvoir. Le comité de coordination ministériel sur le sujet n’a encore rien acté. Nos missions d’accompagnement des Maisons des femmes en construction ne sont pas valorisées. Au total, 5 millions d’euros de Mission d’intérêt général (MIG) ont été destinés aux Maisons des femmes, mais avec un risque de saupoudrage par les Agences régionales de santé sur des structures aux modèles différents. Ce saupoudrage des fonds MIG ne permet pas de pérenniser des projets ou de leur donner une visibilité suffisante. Par ailleurs, il faut réfléchir au maillage territorial et à l’implantation des Maisons des femmes. Nous pensons utile de mettre les moyens là où les besoins sont prioritaires, dans des territoires urbains et denses, et…
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Dans les Drom, une santé périnatale dégradée
TweetPour la première fois, l’Enquête nationale périnatale (ENP) s’est doublée d’un volet spécifiquement consacré aux départements d’Outre-mer (Drom). Ce n’est pas du luxe. Les indicateurs de périnatalité y sont en effet globalement plus défavorables. Les autorités sanitaires, les scientifiques et les soignants disposent enfin de données solides pour comprendre et envisager des pistes afin d’améliorer la santé maternelle et néonatale dans ces régions. Comme pour l’ENP 2021, l’étude portant sur les Drom, et menée en parallèle de l’ENP générale, a permis de constituer des cohortes de 800 à 1000 naissance par département. Les femmes ont été interrogées à la maternité, puis 2 mois après leur accouchement. Avoir mené ces études en parallèle et avoir collecté les données de la même manière permet leur comparaison avec celles obtenues en métropole. Si les résultats de l’ENP 2021 sont connus depuis l’automne -dernier (octobre 2022), ceux consacrés aux Drom se sont fait attendre. Santé publique France a diffusé fin juin les données à propos de la Martinique, de la Guadeloupe et de la Réunion. « Les rapports concernant Mayotte et la Guyane seront publiés ultérieurement », annonce l’institution. Des facteurs de risques plus nombreux Globalement, en Guadeloupe, en Martinique et à la Réunion, les femmes sont plus pauvres, plus jeunes, moins éduquées et moins bien couvertes qu’en métropole. La précarité y est plus importante. Sur ces trois îles, la part des ménages déclarant un revenu mensuel inférieur à 1 000 euros net était comprise entre 25 % et plus de 33 %, contre 7,5 % dans l’Hexagone. En Martinique, le taux de femmes sans couverture sociale en début de grossesse est quatre fois plus élevé qu’en France hexagonale (4 % versus 1 %). Le taux de femmes sans couverture maladie complémentaire est quant à lui deux fois supérieur à celui observé en France hexagonale (13,4 % versus 7 %). Autre facteur de risque notable avant la...
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Entretien avec Alice Olivier : « Au sein des études de sage-femme, les hommes maintiennent leurs privilèges de genre »Entretien avec Alice Olivier :
TweetPourquoi vous êtes-vous intéressée aux étudiants hommes, qui font exception dans les écoles de sages-femmes ? Je viens de la sociologie de l’éducation et du genre. Je m’intéressais aux orientations atypiques au niveau du genre. De nombreuses recherches ont montré que les femmes et les hommes font des choix d’orientation différents. D’autres travaux avaient été menés sur l’orientation des femmes vers des professions très masculinisées, mais peu l’inverse. C’est pourquoi j’ai souhaité enquêter sur les hommes au sein de filières très féminisées. La maïeutique représente bien un métier associé aux femmes, d’autant que la profession était fermée aux hommes jusqu’en 1982. L’assistance sociale a aussi une histoire et des caractéristiques associées aux femmes. Mon hypothèse était que ces formations seraient une bonne loupe pour mettre à jour des dynamiques de genre. C’est seulement par la suite que je me suis rendu compte que les médias s’intéressaient souvent aux hommes sages-femmes et que cet intérêt interrogeait les sages-femmes. Qu’avez-vous observé lors de votre enquête ? Un résultat important est mis en avant dans le titre du livre : dans les formations très féminisées, les hommes se distinguent des femmes. Cette idée de distinction renvoie d’abord à leur rareté, qui les rend visibles. Se distinguer implique aussi de se différencier et d’être valorisé. J’ai constaté que les étudiants tirent des bénéfices de leur genre au sein de la formation. Par exemple, au sein des promotions, ils adoptent souvent le rôle de porte-parole. Ils sont surreprésentés dans les associations étudiantes, ou lorsqu’il s’agit de négocier des choses avec les enseignantes. Cela fait écho à ce que l’on retrouve plus tard sur le marché du travail, où les hommes sont plus nombreux dans les rôles de représentation. Ils prennent des rôles visibles. Autre exemple : plusieurs étudiants ont eu une proposition d’emploi avant la fin de leur formation. C’est...
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La télésanté pourles sages-femmes libérales
TweetSelon le Code de la santé publique (article L6316-1), la télémédecine « met en rapport un professionnel médical avec un ou plusieurs professionnels de santé, entre eux ou avec le patient et, le cas échéant, d’autres professionnels apportant leurs soins au patient ». Elle permet « d’établir un diagnostic, d’assurer un suivi à visée préventive ou post-thérapeutique pour un patient à risque, de requérir un avis spécialisé, de préparer une décision thérapeutique, de prescrire des produits, de prescrire ou de réaliser des prestations ou des actes, ou d’effectuer une surveillance de l’état du patient ». Les sages-femmes peuvent donc réaliser des téléconsultations, des soins à distance et des actes de télé-expertise, qui sont pris en charge dans les conditions définies par l’avenant 5 à la Convention nationale des sages-femmes. Des aides sont possibles pour soutenir l’investissement dans des équipements permettant le recours à la télésanté. Le principe de connaissance préalable des patientes Il est toujours possible de réaliser des consultations à distance pour assurer le suivi de ses patientes quand la sage-femme l’estime pertinent et qu’aucun examen physique direct n’est nécessaire. Il est cependant posé un principe : la sage-femme doit connaître préalablement la patiente avant de réaliser la téléconsultation. C’est-à-dire que la sage-femme doit avoir vu la patiente en consultation présentielle au moins une fois dans les douze mois précédant la téléconsultation. La patiente peut également avoir consulté une sage-femme appartenant au même cabinet ou à la même maison de santé pluriprofessionnelle. Il existe des exceptions à ce principe pour : Seule une sage-femme du même territoire que la patiente peut réaliser la téléconsultation (il existe également des exceptions pour les consultations gynécologiques d’urgence visant au renouvellement d’une contraception ou à la prescription d’une contraception d’urgence). La patiente doit être préalablement informée des conditions de réalisation de la téléconsultation, des alternatives possibles et, après avoir reçu ces...