Deux ans de travail intense, plusieurs immersions des scénaristes et des acteurs en maternité, dix sages-femmes accompagnatrices du projet : Sages-femmes est une fiction proche du documentaire. Au départ, il y a une commande de la chaine Arte à Léa Fehner, jeune réalisatrice avec déjà deux longs métrages à son actif. « Je savais que mon film serait produit et j’ai choisi de mélanger deux processus de travail auxquels j’avais eu recours pour mes films précédents, en alliant documentation, immersion personnelle et des acteurs », explique la réalisatrice. Contrairement aux films classiques, le scénario et les dialogues ne sont pas ficelés d’avance. Tout au long du processus, tous les intervenants ont contribué à l’écriture. Tarik Kariouh et Héloïse Janjaud incarnent Réda et Louise dans le film de Léa Fehner. © Geko Films DÉCRIRE L’UNIVERS HOSPITALIER Mère d’un premier enfant ayant connu de gros soucis de santé, Léa Fehner a été confrontée à l’univers hospitalier avec son compagnon. « Nous avons été souvent victimes d’un déficit d’écoute, de réactions abusives, de moments de solitude intense et par plusieurs fois nous nous sommes sentis maltraités, infantilisés, abandonnés… Pour comprendre cette expérience, j’ai voulu me plonger dans ce monde avec mes armes de cinéaste et tenter de regarder les soignants à la hauteur de ce qu’ils sont : des hommes et des femmes, confrontés à la détresse, à la douleur, à la mort et à la vie, à l’incurie de l’hôpital, aux dégradations des conditions de travail, à la pression permanente de leur direction. » Très vite, le métier de sage-femme s’impose : les professionnelles alertaient déjà sur leurs conditions de travail. Avec sa coscénariste Catherine Paillé, elles imaginent d’abord une histoire d’amitié abimée par les contraintes de l’hôpital. « J’ai décidé de raconter l’histoire de deux jeunes sages-femmes, Louise et Sofia, deux gamines courageuses qui commencent leur vie active dans…
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La télésanté pourles sages-femmes libérales
TweetSelon le Code de la santé publique (article L6316-1), la télémédecine « met en rapport un professionnel médical avec un ou plusieurs professionnels de santé, entre eux ou avec le patient et, le cas échéant, d’autres professionnels apportant leurs soins au patient ». Elle permet « d’établir un diagnostic, d’assurer un suivi à visée préventive ou post-thérapeutique pour un patient à risque, de requérir un avis spécialisé, de préparer une décision thérapeutique, de prescrire des produits, de prescrire ou de réaliser des prestations ou des actes, ou d’effectuer une surveillance de l’état du patient ». Les sages-femmes peuvent donc réaliser des téléconsultations, des soins à distance et des actes de télé-expertise, qui sont pris en charge dans les conditions définies par l’avenant 5 à la Convention nationale des sages-femmes. Des aides sont possibles pour soutenir l’investissement dans des équipements permettant le recours à la télésanté. Le principe de connaissance préalable des patientes Il est toujours possible de réaliser des consultations à distance pour assurer le suivi de ses patientes quand la sage-femme l’estime pertinent et qu’aucun examen physique direct n’est nécessaire. Il est cependant posé un principe : la sage-femme doit connaître préalablement la patiente avant de réaliser la téléconsultation. C’est-à-dire que la sage-femme doit avoir vu la patiente en consultation présentielle au moins une fois dans les douze mois précédant la téléconsultation. La patiente peut également avoir consulté une sage-femme appartenant au même cabinet ou à la même maison de santé pluriprofessionnelle. Il existe des exceptions à ce principe pour : Seule une sage-femme du même territoire que la patiente peut réaliser la téléconsultation (il existe également des exceptions pour les consultations gynécologiques d’urgence visant au renouvellement d’une contraception ou à la prescription d’une contraception d’urgence). La patiente doit être préalablement informée des conditions de réalisation de la téléconsultation, des alternatives possibles et, après avoir reçu ces...
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Les Maisons des femmes essaiment
TweetEn France, près de 670 000 femmes subissent des violences chaque année, dont 220 000 au sein de leur couple, selon des données de l’Insee pour la période 2012-2018 (1). Près de 125 000 ont subi des mutilations sexuelles féminines, selon une estimation de Santé publique France (SPF) de 2019 (2). Ne serait-ce que concernant les violences au sein du couple, le coût pour la société s’élève à 3,6 milliards d’euros par an, en termes d’aides sociales, de perte de capacité de production et de coût médicaux directs, selon une étude de SPF de 2016 (3). À Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis (93), dès juillet 2016, une équipe emmenée par Ghada Hatem, gynécologue-obstétricienne à l’hôpital Delafontaine, prend à bras le corps ce problème de santé publique et construit un modèle de soins global. Les sages-femmes y tiennent une place importante. Très vite, le modèle rayonne au niveau national et au-delà. UN DÉPLOIEMENT PROGRESSIF D’autres Maisons des femmes voient le jour, comme à Bruxelles, en Belgique, en novembre 2017. En 2020, La Maison de Soie, adossée au centre hospitalier de Brive-la-Gaillarde, et Casavia, adossée à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, ouvrent à leur tour. Puis quatre autres structures se créent en 2021 à Bordeaux, Reims, Le Havre et Tours, toutes rattachées au CHU local. Les villes de Marseille, Versailles, Elbeuf-Louviers, Grenoble, Longjumeau, Orléans et Avignon se dotent aussi d’une telle structure. Une maison doit ouvrir à Rennes en octobre prochain. Ce déploiement correspond à un double mouvement. D’une part, des initiatives locales émergent, animées par des professionnels engagés, s’inspirant de la Maison de Saint-Denis. D’autre part, un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), publié en 2017, reconnait La Maison des femmes de Saint-Denis comme modèle à -soutenir et à dupliquer. L’Igas recommande ainsi la -création d’une mission d’intérêt général (MIG) pour financer le déploiement des structures....
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« Le collectif ReStart mène le plaidoyer pour toutes les Maisons des femmes »
TweetEn mars dernier, le Gouvernement annonçait l’existence effective de 56 Maisons des femmes en France et promettait une Maison des femmes par département d’ici à 2024. Où en est on réellement ? À partir du moment où des fonds sont alloués à une équipe, pour le Gouvernement, il s’agit d’une Maison des femmes. Or nous souhaitons que ces structures respectent les critères du collectif ReStart, créé en 2021. En mars 2023, Élizabeth Borne annonçait souhaiter que chaque département se dote d’une structure de prise en charge globale des femmes victimes de tous types de violences, adossées à un centre hospitalier, où les plaintes pourraient aussi être recueillies. Mais à ce jour, nous comptons seulement 14 maisons ouvertes qui respectent ces critères et sont membres du collectif. Nous sommes prêts à accompagner les structures qui souhaitent travailler selon ce modèle médico-psycho-social. Notre modèle intéresse, mais nous ne sommes pas missionnés par le Gouvernement pour le promouvoir. Le comité de coordination ministériel sur le sujet n’a encore rien acté. Nos missions d’accompagnement des Maisons des femmes en construction ne sont pas valorisées. Au total, 5 millions d’euros de Mission d’intérêt général (MIG) ont été destinés aux Maisons des femmes, mais avec un risque de saupoudrage par les Agences régionales de santé sur des structures aux modèles différents. Ce saupoudrage des fonds MIG ne permet pas de pérenniser des projets ou de leur donner une visibilité suffisante. Par ailleurs, il faut réfléchir au maillage territorial et à l’implantation des Maisons des femmes. Nous pensons utile de mettre les moyens là où les besoins sont prioritaires, dans des territoires urbains et denses, et de rayonner ensuite vers les territoires ruraux, soit en venant en appui à des professionnels locaux, soit par le biais de bus itinérants par exemple. Quels sont les principaux freins que rencontrent les Maisons...