Deux ans de travail intense, plusieurs immersions des scénaristes et des acteurs en maternité, dix sages-femmes accompagnatrices du projet : Sages-femmes est une fiction proche du documentaire. Au départ, il y a une commande de la chaine Arte à Léa Fehner, jeune réalisatrice avec déjà deux longs métrages à son actif. « Je savais que mon film serait produit et j’ai choisi de mélanger deux processus de travail auxquels j’avais eu recours pour mes films précédents, en alliant documentation, immersion personnelle et des acteurs », explique la réalisatrice. Contrairement aux films classiques, le scénario et les dialogues ne sont pas ficelés d’avance. Tout au long du processus, tous les intervenants ont contribué à l’écriture. Tarik Kariouh et Héloïse Janjaud incarnent Réda et Louise dans le film de Léa Fehner. © Geko Films DÉCRIRE L’UNIVERS HOSPITALIER Mère d’un premier enfant ayant connu de gros soucis de santé, Léa Fehner a été confrontée à l’univers hospitalier avec son compagnon. « Nous avons été souvent victimes d’un déficit d’écoute, de réactions abusives, de moments de solitude intense et par plusieurs fois nous nous sommes sentis maltraités, infantilisés, abandonnés… Pour comprendre cette expérience, j’ai voulu me plonger dans ce monde avec mes armes de cinéaste et tenter de regarder les soignants à la hauteur de ce qu’ils sont : des hommes et des femmes, confrontés à la détresse, à la douleur, à la mort et à la vie, à l’incurie de l’hôpital, aux dégradations des conditions de travail, à la pression permanente de leur direction. » Très vite, le métier de sage-femme s’impose : les professionnelles alertaient déjà sur leurs conditions de travail. Avec sa coscénariste Catherine Paillé, elles imaginent d’abord une histoire d’amitié abimée par les contraintes de l’hôpital. « J’ai décidé de raconter l’histoire de deux jeunes sages-femmes, Louise et Sofia, deux gamines courageuses qui commencent leur vie active dans…
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Les Maisons des femmes essaiment
TweetEn France, près de 670 000 femmes subissent des violences chaque année, dont 220 000 au sein de leur couple, selon des données de l’Insee pour la période 2012-2018 (1). Près de 125 000 ont subi des mutilations sexuelles féminines, selon une estimation de Santé publique France (SPF) de 2019 (2). Ne serait-ce que concernant les violences au sein du couple, le coût pour la société s’élève à 3,6 milliards d’euros par an, en termes d’aides sociales, de perte de capacité de production et de coût médicaux directs, selon une étude de SPF de 2016 (3). À Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis (93), dès juillet 2016, une équipe emmenée par Ghada Hatem, gynécologue-obstétricienne à l’hôpital Delafontaine, prend à bras le corps ce problème de santé publique et construit un modèle de soins global. Les sages-femmes y tiennent une place importante. Très vite, le modèle rayonne au niveau national et au-delà. UN DÉPLOIEMENT PROGRESSIF D’autres Maisons des femmes voient le jour, comme à Bruxelles, en Belgique, en novembre 2017. En 2020, La Maison de Soie, adossée au centre hospitalier de Brive-la-Gaillarde, et Casavia, adossée à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, ouvrent à leur tour. Puis quatre autres structures se créent en 2021 à Bordeaux, Reims, Le Havre et Tours, toutes rattachées au CHU local. Les villes de Marseille, Versailles, Elbeuf-Louviers, Grenoble, Longjumeau, Orléans et Avignon se dotent aussi d’une telle structure. Une maison doit ouvrir à Rennes en octobre prochain. Ce déploiement correspond à un double mouvement. D’une part, des initiatives locales émergent, animées par des professionnels engagés, s’inspirant de la Maison de Saint-Denis. D’autre part, un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), publié en 2017, reconnait La Maison des femmes de Saint-Denis comme modèle à -soutenir et à dupliquer. L’Igas recommande ainsi la -création d’une mission d’intérêt général (MIG) pour financer le déploiement des structures....

Dans les Drom, une santé périnatale dégradée
TweetPour la première fois, l’Enquête nationale périnatale (ENP) s’est doublée d’un volet spécifiquement consacré aux départements d’Outre-mer (Drom). Ce n’est pas du luxe. Les indicateurs de périnatalité y sont en effet globalement plus défavorables. Les autorités sanitaires, les scientifiques et les soignants disposent enfin de données solides pour comprendre et envisager des pistes afin d’améliorer la santé maternelle et néonatale dans ces régions. Comme pour l’ENP 2021, l’étude portant sur les Drom, et menée en parallèle de l’ENP générale, a permis de constituer des cohortes de 800 à 1000 naissance par département. Les femmes ont été interrogées à la maternité, puis 2 mois après leur accouchement. Avoir mené ces études en parallèle et avoir collecté les données de la même manière permet leur comparaison avec celles obtenues en métropole. Si les résultats de l’ENP 2021 sont connus depuis l’automne -dernier (octobre 2022), ceux consacrés aux Drom se sont fait attendre. Santé publique France a diffusé fin juin les données à propos de la Martinique, de la Guadeloupe et de la Réunion. « Les rapports concernant Mayotte et la Guyane seront publiés ultérieurement », annonce l’institution. Des facteurs de risques plus nombreux Globalement, en Guadeloupe, en Martinique et à la Réunion, les femmes sont plus pauvres, plus jeunes, moins éduquées et moins bien couvertes qu’en métropole. La précarité y est plus importante. Sur ces trois îles, la part des ménages déclarant un revenu mensuel inférieur à 1 000 euros net était comprise entre 25 % et plus de 33 %, contre 7,5 % dans l’Hexagone. En Martinique, le taux de femmes sans couverture sociale en début de grossesse est quatre fois plus élevé qu’en France hexagonale (4 % versus 1 %). Le taux de femmes sans couverture maladie complémentaire est quant à lui deux fois supérieur à celui observé en France hexagonale (13,4 % versus 7 %). Autre facteur de risque notable avant la...



« Le collectif ReStart mène le plaidoyer pour toutes les Maisons des femmes »
TweetEn mars dernier, le Gouvernement annonçait l’existence effective de 56 Maisons des femmes en France et promettait une Maison des femmes par département d’ici à 2024. Où en est on réellement ? À partir du moment où des fonds sont alloués à une équipe, pour le Gouvernement, il s’agit d’une Maison des femmes. Or nous souhaitons que ces structures respectent les critères du collectif ReStart, créé en 2021. En mars 2023, Élizabeth Borne annonçait souhaiter que chaque département se dote d’une structure de prise en charge globale des femmes victimes de tous types de violences, adossées à un centre hospitalier, où les plaintes pourraient aussi être recueillies. Mais à ce jour, nous comptons seulement 14 maisons ouvertes qui respectent ces critères et sont membres du collectif. Nous sommes prêts à accompagner les structures qui souhaitent travailler selon ce modèle médico-psycho-social. Notre modèle intéresse, mais nous ne sommes pas missionnés par le Gouvernement pour le promouvoir. Le comité de coordination ministériel sur le sujet n’a encore rien acté. Nos missions d’accompagnement des Maisons des femmes en construction ne sont pas valorisées. Au total, 5 millions d’euros de Mission d’intérêt général (MIG) ont été destinés aux Maisons des femmes, mais avec un risque de saupoudrage par les Agences régionales de santé sur des structures aux modèles différents. Ce saupoudrage des fonds MIG ne permet pas de pérenniser des projets ou de leur donner une visibilité suffisante. Par ailleurs, il faut réfléchir au maillage territorial et à l’implantation des Maisons des femmes. Nous pensons utile de mettre les moyens là où les besoins sont prioritaires, dans des territoires urbains et denses, et de rayonner ensuite vers les territoires ruraux, soit en venant en appui à des professionnels locaux, soit par le biais de bus itinérants par exemple. Quels sont les principaux freins que rencontrent les Maisons...