Assister à un congrès triennal de la Confédération internationale des sages-femmes (ICM en anglais), qui réunit des associations de 140 pays, c’est se retrouver parmi plus de 2000 collègues du monde entier. C’est aussi se rendre compte du travail de l’association pour promouvoir la profession et la représenter au niveau international. Le congrès de Bali, en Indonésie, qui s’est tenu du 12 au 14 juin dernier, n’a pas dérogé à la règle. Les partenaires traditionnels de l’ICM, tels que -l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ou le Fonds des Nations Unies pour la population (Fnuap – UNFPA en anglais), de même que des bailleurs de fonds, comme la Fondation Bill et Melinda Gates, étaient présents. La traditionnelle cérémonie des drapeaux, à l’ouverture du congrès de la Confédération internationale des sages-femmes (ICM), en juin, à Bali. © ICM 2023 Entre sessions plénières, présentations scientifiques et ateliers pour renforcer ses capacités de leadership, les trois jours de congrès furent denses. Et comme à chaque congrès, les événements en marge des conférences étaient conçus pour donner une visibilité à la profession et entretenir la fierté d’être sage-femme. De la cérémonie d’ouverture à la clôture, en passant par la soirée de gala et les moments festifs : tout est pensé pour que chaque participante ait le sentiment d’appartenir à une multitude partageant les mêmes valeurs, dans une communion stimulante. PROMOUVOIR LA PROFESSION CONCRÈTEMENT Le congrès vise notamment à faire connaître les projets concrets de la Confédération. La première session plénière, intitulée « Satisfaire les principales exigences des sages-femmes » a permis de présenter quelques résultats de la campagne « Push » initiée par l’ICM. Lancée en septembre 2022 en parallèle de la 77e Assemblée générale des Nations Unies, cette campagne internationale de plaidoyer et d’actions doit s’étaler sur dix ans, dans le but d’atteindre les objectifs de développement durable fixés par l’OMS….
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Accueillir les hommes trans
TweetLe jeudi 6 avril 2017, il y a six ans à peine, la Cour européenne des droits de l’homme condamnait la France. Motif : pour un changement de la mention de sexe à l’état civil, l’État obligeait les personnes à subir une opération chirurgicale ou un traitement de stérilisation. Pour la Cour, il s’agissait d’une violation du droit au respect de la vie privée. Une violation d’autant plus grave que les autorités sanitaires imposaient un parcours hallucinant avant d’autoriser ce type d’intervention. Quelques mois auparavant, en octobre 2016, la France, très à la traîne sur le sujet, avait senti le vent tourner. Sa loi Justice du XXIe siècle, adoptée depuis cette date, déclare que « toute personne majeure ou mineure émancipée qui démontre par une réunion suffisante de faits que la mention relative à son sexe dans les actes de l’état civil ne correspond pas à celui dans lequel elle se présente et dans lequel elle est connue peut en obtenir la modification ». Et selon cette loi, l’identité de genre est devenue un critère de discrimination prohibé. Si le législateur a cessé de scruter l’intérieur de la culotte des personnes transgenres (voir lexique p. 24), la société tout entière le leur rappelle sans cesse. Un comportement déplacé à l’origine de nombreux actes de discrimination, souvent violents. Mais il est tout de même des situations où il est nécessaire de s’y intéresser. En effet, comme tout le monde, les personnes transgenres ont le droit d’avoir accès aux soins de santé sexuelle et – depuis cette fameuse loi de 2016 – reproductive. Spécialistes de premier recours, les sages-femmes sont donc en première ligne. Elles le sont d’autant plus que depuis janvier 2022, l’OMS a dépsychiatrisé la transidentité, transférant « l’incongruence de genre », selon une mauvaise traduction, du chapitre des affections psychiatriques vers celui de la santé sexuelle. D’ailleurs,...
Solipam lance l’alerte
Tweet« Si ça continue, nous allons devoir ouvrir une maison de naissance à Solipam. » Telle est la plaisanterie douce-amère qui circule au sein de l’équipe du réseau Solidarité Paris Mamans (Solipam), tant l’équipe de sages-femmes et d’assistantes sociales est entravée dans ses accompagnements. Le sentiment d’impuissance, la colère et l’indignation sont palpables pour qui va à leur rencontre. Fondé en 2006 par la professeure Dominique Mahieu Caputo, le réseau est destiné à coordonner l’accompagnement des femmes enceintes et de leurs enfants en situation de grande précarité en Île-de-France et à les orienter. Mais la crise des effectifs en maternité et le manque de places d’hébergement durable ou d’urgence mettent à mal l’équipe. Des facteurs que l’Agence régionale de santé d’Île-de-France, à l’écoute du réseau qu’elle finance, ne peut résorber seule. MANQUE DE PLACE EN MATERNITÉ Solipam propose plusieurs types de prise en charge. Une simple orientation fait suite à une demande ou à un besoin ponctuel. Un accompagnement dit de support consiste en un soutien médicosocial à moyen terme, de quelques semaines à quelques mois. Quant à l’accompagnement dit d’inclusion, il consiste à suivre une mère et son nouveau-né jusqu’aux 3 mois de ce dernier, voire jusqu’à son premier anniversaire, en raison d’une situation aiguë sur le plan social ou médical. À chaque fois, l’objectif est que les femmes et leur famille accèdent aux ressources de droit commun et que le maillage autour d’elles soit correct. Depuis 2022, le nombre des orientations est en baisse tandis que les supports et les inclusions augmentent. Des tendances en lien avec une aggravation de la pauvreté, des conditions de vie et des états de santé des femmes. En 2022, 664 femmes étaient dans la file active et l’association a reçu 586 autres demandes. Ces chiffres sont les plus élevés depuis 2019, date d’une restructuration de l’association. Depuis...
« Le nombre d’hommes trans qui vont avoir une grossesse va augmenter »
TweetComment votre grossesse et votre accouchement ont-ils été accompagnés ? Je suis membre d’Espace Santé Trans, association via laquelle j’ai eu accès à un réseau de professionnels de santé. Pour mon suivi de grossesse, j’ai choisi une sage-femme libérale située en Seine-Saint-Denis (93). J’habite en Essonne (91). Son cabinet est donc assez loin. Mais cette sage-femme avait déjà accompagné plusieurs personnes trans. Elle était donc très informée et j’ai eu un bon contact avec elle. Depuis, je continue de la consulter pour mon suivi gynécologique, même si elle est loin. J’ai accouché à la maternité des Lilas, également en Seine-Saint-Denis, où le personnel avait déjà accompagné un homme trans enceint, Ali Aguado, qui a médiatisé sa grossesse et son accouchement pour visibiliser les parentalités trans (voir Pour aller plus loin, page ci-après). À cette occasion, les professionnels de la maternité avaient tous reçu une formation sur l’accueil des personnes trans, sages-femmes comme gynéco, anesthésiste ou autre. Tout le monde était très bienveillant et très au courant des problématiques liées à la transidentité. Preuve que la formation du personnel a été bénéfique et a répondu à toutes les questions. Par exemple, les professionnels de santé ont été très compréhensifs sur le fait que ce n’était pas évident d’avoir recours à des soignants en libéral. Il y a eu une suspicion de diabète gestationnel. On aurait dû nous orienter vers un endocrinologue extérieur, mais je n’avais pas envie de faire appel à un soignant supplémentaire. Les professionnels de la maternité ont été très à l’écoute et très patients. Quand cela a été nécessaire, ils ont contacté en amont des soignants pour s’assurer que cela allait bien se passer. Depuis, je recommande à tout le monde la maternité des Lilas ! Le personnel a été très respectueux et très à l’écoute de nos demandes. Nous...