Dans un avenir proche, peut-être dès 2040, la technologie de l’utérus artificiel pourrait transformer radicalement la reproduction humaine, prédit Rhiannon Jones. Cette innovation permettant de faire grandir des bébés en dehors du corps humain soulève des questions profondes d’ordre moral, pratique, juridique et logistique. Une révolution proche Une telle prédiction peut sembler audacieuse, mais elle repose sur des avancées scientifiques déjà en cours (voir Profession Sage-femme n° 298). Si obstacle il y a, il ne sera pas technologique, mais financier, prévoit Rhiannon Jones. Car lorsque l’investissement est là, les choses vont très vite, ajoute-t-elle, citant l’exemple d’Elon Musk avec SpaceX et Tesla. Les principaux défis seront d’attirer les financements nécessaires pour soutenir la recherche et l’innovation, ainsi que de surmonter les réticences sociales liées à cette révolution. L’impact sur les femmes et la société L’utérus artificiel sera vraisemblablement d’abord réservé aux élites fortunées avant de se démocratiser. Il pourrait se substituer dans un premier temps à la gestation pour autrui (GPA), autorisée dans de nombreux États américains. Certains futurs parents préféreront confier la gestation de leur enfant à une machine plutôt qu’à une autre femme, renforçant ainsi leur contrôle sur le développement du bébé. Cette technologie réduira également les débats juridiques complexes comme ceux autour du droit à l’avortement dans les cas de la GPA. L’utérus artificiel deviendra à terme accessible à un public plus large. Des changements sociétaux profonds en résulteront, notamment dans la manière dont nous concevons la naissance et la parentalité….
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Trouver son équilibre, pour être une sage-femme épanouie
Pourquoi sage-femme ? Ce n’était pas ma première vocation. Quand j’étais vraiment petite, je voulais être clown, pour faire rire les gens. Ma soeur et mon frère me le rappellent régulièrement pour se moquer de moi. Ensuite, c’est resté flou dans ma tête assez longtemps. Vétérinaire, pédiatre, kinésithérapeute…Une chose était sûre tout de même, je voulais travailler dans le soin. Ma soeur a été ma conseillère d’orientation : « Sage-femme, c’est mignon, tu travailleras avec les femmes enceintes et les bébés ». C’est comme ça qu’elle voyait le métier ! J’ai bien fait de l’écouter, sagefemme est un métier qui m’épanouit chaque jour. J’ai fait mes études à Saint-Antoine à Paris, dont je suis sortie diplômée en 2012. À l’époque, presque tout le monde allait travailler à l’hôpital en sortant de l’école. Les études étaient très tournées vers la salle de naissance. Par exemple, je n’ai fait que deux stages courts d’une semaine en libéral, sur cinq ans d’études. Je projetais de rester une dizaine d’années à l’hôpital. À la sortie de l’école, j’ai été embauchée à la maternité Saint-Joseph en contrat à durée déterminée (CDD). Il y avait très peu de contrats à durée indéterminée (CDI) en ce temps-là. Pendant les deux ans où j’ai travaillé, j’ai dû enchainer vingt CDD d’un, deux ou trois mois. Je n’étais pas la seule concernée, toute ma promotion a beaucoup galéré pour décrocher un CDI. C’est par le bouche-à-oreille que j’ai appris qu’un cabinet se libérait rue du Cherche-Midi. La sagefemme qui l’occupait était sur le point de déménager à l’étranger. J’avais justement fait un remplacement en libéral cet été-là, qui m’avait beaucoup plu. J’ai un peu hésité, beaucoup réfléchi, puis j’ai sauté le pas. Je ne l’ai jamais regretté ! Le libéral me va comme un gant....
À Zweisimmen, les sages-femmes gèrent une maternité en coopérative
Accoucher à plusieurs heures de route, voilà à quoi étaient condamnées les habitantes des vallées entourant Zweisimmen en Suisse. Entre le Simmental et le Saaneland, ce territoire rural et agricole où l’on trouve également quelques stations de ski, a perdu sa maternité en 2015. Une décision qui venait aggraver la situation de ce désert médical et gynécologique. Anne Speiser, élue du canton de Berne, se souvient de ces moments difficiles et du sentiment d’urgence qui a saisi les citoyens et citoyennes : « Très vite, nous avons décidé de créer une alternative », explique-t-elle. En 2017, la maternité Alpine était née, sur le modèle des maisons de naissance, mais avec une gouvernance partagée en coopérative. Une innovation peu commune dans le domaine de la santé que l’on doit à la culture locale : « Le territoire est habitué à créer des coopératives agricoles, montagnardes, pour faire du fromage ou gérer les routes », donne en exemple l’élue, également présidente de la structure.En sept ans, près de 400 bébés sont nés dans la grande maison en bois, en forme de chalet où se trouve la maternité Alpine. Susanne Reber, sage-femme en chef est arrivée en 2020. Passionnée par son métier, elle en avait perdu le sens en travaillant dans un grand hôpital au centre du pays : « Ici le focus est sur l’accouchement physiologique, c’était nouveau, je n’avais jamais travaillé dans ce type de structure », précise-telle. 75 % des sages-femmes qui travaillent à la maternité Alpine viennent de grandes villes. Beaucoup habitent à Berne, située à plus d’une heure et résident dans un appartement partagé lors de leurs gardes à Zweisimmen.Ce succès de recrutement s’explique par une forte solidarité entre collègues et un management bienveillant. Les sages-femmes y ont aussi une grande autonomie et une pluralité de tâches, moins...