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Pratiques

« Le postnatal est le parent pauvre des services de maternité »

Quelle est la conclusion principale de l’étude que vous avez conduite à Marseille ? Dans le post-partum, le vécu de l’accouchement est le facteur de stress majeur perçu par les mères. Ce n’est pas la relation avec le nouveau-né ni la fatigue ou l’allaitement. Pourtant, pour l’immense majorité d’entre elles, la douleur a été prise en charge. Nous sommes parvenus à cette conclusion après avoir étudié le vécu émotionnel des femmes pendant la période du post-partum aux CHU marseillais. Nous avons travaillé dans les deux établissements publics de type III du Gynépôle. À eux deux, ils totalisent 5600 naissances par an. Pendant six mois, courant 2015, nous avons recueilli les réponses de 90 primipares et 110 multipares. L’âge moyen des femmes était de 28 ans et presque 70 % d’entre elles avaient eu recours à une péridurale. Nous leur avons soumis un questionnaire en deux parties. La première était descriptive et la seconde concernait la PDPSI, qui est une échelle psychométrique d’évaluation des facteurs de stress. Scientifiquement validée, elle a été développée par la sage-femme et chercheuse suisse Chantal Razurel. Elle est composée de cinq facteurs de stress post-accouchement qui portent sur la relation au nouveau-né, le vécu de l’accouchement, la fatigue, l’allaitement, la relation avec les soignants. Résultat : quelle que soit la parité, le vécu de l’accouchement recueille les plus hauts niveaux de stress perçus, avec environ 40 % des réponses. Les femmes expriment jusqu’à 20 % être « énormément stressées » et à 24 % être « très stressées ». Pour les autres facteurs, d’importance plus minime, comme la rencontre et la relation au nouveau-né, les primipares sont davantage stressées que les multipares. Mais pour ce qui concerne les douleurs au moment de l’accouchement et de l’expulsion, un facteur de stress identifié comme beaucoup plus important, les multipares sont aussi stressées que les primipares. […]

Grand Angle

Les maisons de naissance à mi-parcours

« Jamais je ne pourrais revenir à un autre type d’exercice ! Je me régale », s’exclame Olivia Plaisant, sage-femme coordinatrice de la maison de naissance (MDN) de Baie-Mahault, en Guadeloupe. Henny Jonkers, sage-femme à Doumaïa, la MDN adossée au CHI de Castres-Mazamet, dans le Tarn, estime pour sa part sa nouvelle activité « très épanouissante ». Passionnée, Charlotte Jacquot, présidente usagère d’Un Nid pour naître, à Nancy, estime que l’aventure des MDN est un défi complexe. « Nous avons le sentiment de naviguer à vue, de tout devoir inventer. Il est parfois difficile d’innover, même si chaque maison a ses pistes ». Entre exaltation et doutes, les sentiments des sages-femmes de MDN et des usagers oscillent. UN CADRE EXPÉRIMENTAL Suite à la loi de 2013 autorisant l’expérimentation de MDN attenantes à des hôpitaux, le ministère de la Santé a retenu neuf projets en novembre 2015. Au final, huit MDN sont ouvertes actuellement, le projet de Vitry-sur-Seine n’ayant pu aboutir. Elles ont jusqu’à 2021 pour faire leurs preuves. Parmi elles, seul le Calm (Comme à la maison), adossé à la maternité des Bluets, à Paris, fonctionne depuis 2008. Les autres projets ont démarré en ordre dispersé. Manala, situé dans l’hôpital de Sélestat, dans le Bas-Rhin, a été inauguré en septembre 2016. L’équipe de Premières heures au monde (Pham), à Bourgoin-Jallieu, en Isère, s’est lancée en juin 2016. La même année, Un Nid pour naître ouvrait à Nancy, Doumaïa à Castres et Manao à Saint-Paul, à La Réunion, chacune étant adossée à une maternité publique. Fin 2016, La Maison est née à Grenoble. Elle emploie des sages-femmes détachées du Groupe hospitalier mutualiste, un établissement privé. À Baie-Mahault, en Guadeloupe, le Temps de naître, situé au même étage que la maternité privée de type I des Eaux-Claires, a ouvert ses portes en […]