
Après un passage en médecine et un Deug de biologie, je me suis intéressée au métier de sage-femme. La santé des femmes m’intéressait et je sentais que l’on pouvait être assez autonome dans notre travail. Je suis entrée à l’école de sagesfemmes de Besançon (Doubs). Pendant quatre ans, on alternait les stages et l’école, c’était assez chargé. Et il y avait beaucoup de pression – parfois inutile – de la part des enseignants et des sages-femmes encadrantes. Nous étions vingt-et-une, on a terminé le cursus à quinze… J’ai été diplômée en 2003. Mon mémoire portait sur la formation des étudiants sages-femmes à l’annonce d’un handicap. Je trouvais que l’on n’était pas tellement accompagnées lorsque l’on découvrait une particularité à la naissance. Et il fallait pourtant accompagner les parents.
« En libéral, on se sent parfois isolée »
Une fois diplômée, j’ai postulé à l’hôpital public de Chambéry, où j’avais déjà effectué un stage. Du fait de la fermeture de la maternité d’Aix-les-Bains et de la construction d’une nouvelle structure, nous sommes passés de 1 800 accouchements par an à plus de 3 000. Malgré un temps partiel, il était difficile de se faire embaucher à temps plein -, j’étais fatiguée. Je me suis installée en libéral à Montmélian, toujours en Savoie. À l’époque, ce n’était pas si fréquent, mais j’ai été très bien accueillie. J’ai collaboré avec les médecins et les services de protection maternelle infantile (PMI) du secteur. C’était la période de mise en place du réseau périnatalité des 2 Savoie, j’ai contribué à des groupes de travail. C’était un bon soutien, car en libéral, on se sent parfois isolée. Et une façon de se former : l’une des médecins était aussi consultante en lactation. Ces sessions de formation m’ont permis de soutenir des allaitements longs.
« Si tu veux reprendre, c’est maintenant »
En 2014, je me suis installée à Saint-Malo. J’ai effectué quelques remplacements à Pleurtuit et je songeais à retourner en maternité. Vu mon âge, 38 ans, mes huit années en libéral, je me suis dit : « Si tu veux reprendre, c’est maintenant ! » Je me suis présentée à l’hôpital de Saint-Malo et la cadre, devant mon profil, m’a orientée vers la clinique de La Sagesse, à Rennes (3 600 naissances par an, 40 sages-femmes de garde, huit salles d’accouchement). Je l’ai rejoint en 2016. Le premier jour, quand je me suis retrouvée en blouse blanche dans le couloir, j’ai eu l’impression de rêver. À ma reprise, j’ai pu m’occuper de patientes dont la situation était relativement simple. Ça m’a permis d’y aller petit à petit, avant de revenir en salle d’accouchement. Cela faisait huit ans que je n’y avais pas mis les pieds… C’était un défi, mais ça m’a fait réaliser que le travail en équipe m’avait vraiment manqué.