Vaccination des femmes enceintes,  nouvelles données rassurantes

Début avril, la Société française de médecine périnatale a fait le point sur l’infection au Sars-CoV-2 pendant la grossesse. Les experts avaient aussi invité l’infectiologue Odile Launay à présenter les derniers résultats sur la vaccination.

Répartition géographique des taux de non-vaccination parmi les femmes en cours de grossesse au 01/03/2022. © Epi-Phare ANSM-Cnam

En France, sur l’ensemble du territoire national, début mars 2022, plus d’un quart des femmes enceintes (25,4 %) n’étaient pas encore vaccinées contre le Covid-19, selon un rapport rendu public début avril par le groupement d’intérêt scientifique dédié à l’épidémiologie des produits de santé Epi-Phare, en collaboration avec l’Agence nationale de sécurité du médicament et la Caisse nationale d’assurance maladie. Pour les auteurs, la grossesse semble « encore constituer un frein à la vaccination […] alors même qu’elle est fortement recommandée dans cette situation médicale à risque de forme grave ». À la Société française de médecine périnatale (SFMP), l’analyse est un peu plus nuancée. « Pour protéger les femmes enceintes, il faut informer les femmes, mais aussi les soignants qui les prennent en charge, souligne la pédiatre Laurence Foix-L’Hélias. La réticence ne vient pas toujours des femmes enceintes. Attention à ne pas freiner l’adhésion à la vaccination. »

En cas d’infection, « il y a un risque accru pour la femme enceinte d’être hospitalisée, mise sous oxygène, admise en soins intensifs avec une ventilation invasive, ainsi qu’un risque accru de décès, par rapport aux femmes non enceintes et avec les mêmes comorbidités », rappelle, études à l’appui, l’infectiologue Odile Launay qui coordonne un centre d’investigation clinique à l’hôpital Cochin, à Paris. Côté grossesse, les risques d’éclampsie, de prééclampsie, d’accouchement prématuré et de décès néonatal sont également plus élevés lorsque la femme est infectée en cours de grossesse. En parallèle, les données rassurantes sur l’efficacité et la sécurité de la vaccination des femmes enceintes sont nombreuses. 

Et pour l’enfant ?

Produits en réponse au vaccin, les anticorps maternels passent dans le sang de cordon et dans le lait. Ils protègent donc le nouveau-né et le nourrisson au cours de ses premières semaines de vie. Quel que soit le moment de la vaccination, y compris lorsqu’elle a lieu précocement, le risque d’arrêt de grossesse n’est pas plus élevé. La vaccination n’augmente pas le risque de prématurité, de petit poids de naissance, d’anomalies congénitales ou le nombre d’enfants mort-nés. Une étude plus récente, portant sur 24 000 naissances survenues aux États-Unis entre mars et septembre 2021, dont 17 000 exposées à un vaccin à ARN en anténatal, montre que le vaccin n’a eu aucun impact sur l’âge gestationnel à la naissance, le poids du nouveau-né, les hospitalisations en post-partum et la mortalité. Et à plus long terme ? « L’ARN est détruit très rapidement, répond Odile Launay. Il n’y a donc pas de passage de l’ARN à travers le placenta. Les données de vaccination chez l’enfant plus âgé ne montrent pas de problème de sécurité non plus. On n’a donc absolument aucune inquiétude à propos de risques à long terme chez l’enfant né d’une mère vaccinée en cours de grossesse ou avant. Pour l’enfant, il y a beaucoup plus de risques, y compris à long terme, si sa mère est infectée en cours de grossesse. »

■ Géraldine Magnan