Le ton était donné dès la mise en place des groupes de travail, en avril 2021. La Fédération française des réseaux de santé en périnatalité (FFRSP) a accepté de rassembler les sociétés savantes et associations concernées autour de la question des accouchements à domicile (AAD) en prévenant « qu’il ne s’agit en aucune manière de cautionner ou promouvoir cette pratique, mais de la prendre en considération dans un objectif de gestion des risques ». DIALOGUE TENDU Au départ, les groupes de travail thématiques devaient traiter des risques liés aux patientes, aux professionnels, au recours aux Smur, des risques médicolégaux des AAD et des indicateurs de santé et de prise en charge pertinents pour l’évaluation de l’AAD. Il s’agissait aussi de parvenir à coordonner les acteurs impliqués dans les prises en charge des femmes, qu’ils soient en accord ou non avec la pratique des AAD, notamment pour fluidifier la communication entre eux lors de transferts. Après de nombreuses séances de travail parfois houleuses et le départ d’une coprésidente du Collectif interassociatif autour de la naissance (Ciane) des groupes de travail, les parties prenantes se sont mises d’accord pour ne publier que trois documents d’information autour de l’AAD. En effet, tout au long des échanges, les sociétés savantes dirigées par des médecins et la FFRSP ont maintenu leur refus de cautionner l’AAD. Malgré tout, les représentantes des associations de sages-femmes – Collège national des sages-femmes de France (CNSF), Conseil national de l’Ordre des sages-femmes (CNOSF), Association nationale des sages-femmes libérales (ANSFL), Association professionnelle de l’accouchement accompagné à domicile (Apaad) – et le Collectif de défense de l’AAD, une organisation d’usagères membres du Ciane, ont accepté de signer des textes intégrant les informations qu’elles souhaitaient voir publier. De leur côté, le Club des -anesthésistes-réanimateurs en obstétrique (Caro), Samu Urgences de France, le Conseil national de l’Ordre des…
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Grand prix Evian 2023 : L’originalité distinguée
TweetDédié à la recherche et à l’innovation, le centre In’Cube du groupe Danone, inauguré en 2022 à Gif-sur-Yvette, était le lieu parfait pour acceuillir le Grand Prix Evian des sages-femmes en 2023. Les six lauréates sélectionnées ont présenté à l’oral le fruit de leur travail de mémoire de fin d’études devant un jury bienveillant. Habituées à l’exercice, Marjan Nadjafizadeh, directrice de l’école de sages-femmes de Nancy, Anne Chantry, professeure des universités et enseignante à l’école Baudelocque à Paris, Céline Puill, sage-femme libérale au Havre et membre de l’Association nationale des sages-femmes libérales (ANSFL), se sont une nouvelle fois prêtées au jeu de siéger au jury. À leurs côtés, Céline Mahieu, sage-femme enseignante à Rouen et Emma Coutadeur, sage-femme à l’hôpital Foch, en ont aussi fait l’expérience. Alors que chaque année, un thème lié à l’alimentation du nourrisson est choisi parmi la cinquantaine de travaux adressés au jury, le travail de Marion Raffin, diplômée de l’école de Poitiers, sur l’allaitement maternel et la complémentation en préparation pour nourrissons, a été retenu en 2023. Partant du constat que l’introduction de compléments en préparation pour nourrissons lors d’un allaitement maternel exclusif a doublé en 4 ans au sein de la maternité de Colmar, pourtant labélisée « Initiative Hôpital Ami des bébés », Marion Raffin a réalisé une étude cas-témoin de 290 nouveau-nés en 2020 et 2021. Au total, les dossiers de 145 nouveau-nés complémentés ont été comparés à autant de dossiers de nouveau-nés allaités exclusivement par leur mère. Mais si les dossiers ont permis d’identifier les facteurs liés à une complémentation, il n’ont pas permis d’expliquer l’augmentation de ces complémentations. L’arrivée en 2020 de nouveaux personnels, qui n’ont pu être formés aux protocoles en raison de la crise du Covid-19, explique davantage les changements. En 2021, la reprise des formations et la dynamique d’équipe a permi de diminuer...
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Quel type de suivi pour les femmes à bas risque ?
TweetPourquoi s’intéresser aux femmes à bas risque obstétrical ? On s’intéresse beaucoup aux femmes et aux enfants qui ne vont pas bien, qui vont présenter des complications. En 2014, une série présentée dans le Lancet a montré qu’il y a très peu de recherches sur les femmes à bas risque. Elles représentent pourtant plus de 70 % des femmes enceintes en France et dans le monde. S’intéresser à ces femmes permettra de les prendre en charge le mieux possible, avec les dernières données de la science disponibles. Nous avons lancé toute une série de recherches. Je travaille avec des étudiants, ainsi qu’en collaboration avec d’autres chercheurs. Nous voulons explorer ce qu’il se passe sur le bas risque en France : définition, spécificités par rapport à l’international, particularités du suivi, etc. Comment définissez-vous le bas risque obstétrical ? Cette définition est un enjeu de recherche. Nous menons ce travail avec Isabelle Monnier, également chercheuse à l’Inserm. Il n’existe pas de définition consensuelle dans le monde sur le bas risque. Selon les pays, les définitions ne retiennent pas les mêmes critères. Par exemple, la définition française est issue des recommandations de la HAS, révisées en 2016, qui se basent sur une petite centaine de critères. Cette définition sert à identifier les femmes pour les orienter vers le professionnel le plus adapté pour leur prise en charge anténatale. Donc cette définition est posée au début de la grossesse, même si elle peut évoluer au cours de la grossesse, si des complications se présentent. Les femmes à bas risque peuvent voir le professionnel de leur choix : une sage-femme, un médecin généraliste ou un obstétricien. En Angleterre, le bas risque est défini très différemment. Les recommandations ne servent pas à orienter les femmes vers le bon professionnel selon leur niveau de risque pour le suivi de grossesse, mais vers...
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« Les sages-femmes accompagnent le deuil dans l’instant présent »
TweetQu’est-ce que Paliped ? Paliped est né en 2010. Dans le cadre du Programme national de développement des soins palliatifs 2008-2012, chaque région devait se doter d’une équipe ressource en soins palliatifs pédiatriques. Deux pédiatres, deux infirmières puéricultrices, deux psychologues et deux chargées de mission et moi-même composant l’équipe. L’équipe intervient surtout en deuxième ligne, pour accompagner et soutenir les professionnels des établissements hospitaliers, médicosociaux et pédagogiques, impliqués dans l’accompagnement d’enfants en soins palliatifs. Ces soins peuvent durer quelques jours, quelques mois ou quelques années. Paliped intervient le plus souvent sur site, mais les modalités d’intervention sont adaptées selon les besoins. Paliped anime des temps de réflexion ou d’échange, sur des situations ou des thèmes particuliers. L’équipe assure aussi des formations, à la demande des équipes. Nous proposons aussi des réunions post-décès aux équipes. L’équipe de Paliped intervient auprès des familles en complément des équipes référentes, selon les besoins, pour apporter un soutien psychologique et les accompagner dans leur réflexion. Elle soutient les familles pendant le deuil. Les psychologues recherchent des orientations adaptées, facilitent les démarches et les premiers contacts souvent délicats. Ils peuvent également, en fonction des besoins, proposer des entretiens familiaux à domicile. Paliped s’est d’abord développé en pédiatrie avec ses approches. Notre rôle d’équipe ressource en périnatalité n’est pas encore bien identifié par les maternités. Et ces dernières n’ont pas encore bien précisé leurs besoins. Ils peuvent être variables. Là encore, il pourra s’agir de formation ou d’échange sur des cas cliniques ou d’accompagner les équipes sur la durée. Mon rôle est aussi d’acculturer les soignants aux soins palliatifs. Qu’est-ce qui vous a amenée à rejoindre l’équipe ? J’ai travaillé pendant douze ans au sein des services de diagnostic prénatal des hôpitaux de Necker et de Poissy. J’ai souvent été confrontée à des familles souhaitant poursuivre une grossesse pour...