© olegbreslavtsev – istockphoto.com Une petite révolution serait-elle en cours dans l’univers des méthodes de préparation à la naissance et à la parentalité ? « Sincèrement, oui », répond Céline Puill, sage-femme libérale à Fontenay-sous-Bois, en région parisienne. Comme quelques-unes de ses consœurs, elle est en passe de terminer son diplôme universitaire (DU) de MBCP, acronyme de Mindfulness Based Childbirth and Parenting, autrement dit « naissance et parentalité basées sur la pleine conscience ».Il s’agit de cet état d’attention extrême portée sans jugement au moment présent, sans fantasmer le futur ni ruminer le passé. Pour y parvenir, on s’y entraîne le plus souvent par la méditation. Céline Puill, qui fait partie de la première promotion de professionnels de la périnatalité formés en France insiste : « Je ne connais aucune autre méthode de préparation aussi bien organisée, avec des résultats prouvés scientifiquement, soutenue par Santé publique France. » Elle s’est pourtant déjà formée à la préparation à la mode De Gasquet, à la sophrologie, à la méthode Bonapace, aux enseignements de Jacqueline Lavillonière, sans compter toute la littérature venue nourrir sa pratique. À Santé publique France (SPF), Thierry Cardoso, responsable de l’unité Périnatalité et Petite Enfance à la direction de la prévention et de la promotion de la santé, reconnait « la rigueur, le sérieux et l’évaluation scientifique de ce programme ». Il y participe via l’enseignement. Mais lui parle plutôt d’une « intervention de prévention précoce en périnatalité ». « C’est rarissime de trouver des interventions de prévention précoce avec autant de publications scientifiques et une dynamique de recherche internationale aussi riche, appuie le médecin de SPF. Dans le domaine de la périnatalité, les effectifs restent petits. On n’est pas encore au stade de la méta-analyse. Mais la recherche sur les effets de la pleine conscience et de la méditation existe depuis une quarantaine d’années. Aujourd’hui, on comptabilise plus de 20 000 papiers scientifiques ! C’est assez…
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« En prison, les femmes sont très isolées », par Céline Marchand
TweetQuelles sont vos activités à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis ? Mon objectif principal est de m’occuper des femmes enceintes. Depuis 1994, le suivi des femmes enceintes incarcérées dépend d’un hôpital de proximité. Je suis employée par l’hôpital de Corbeil-Essonnes, affectée à temps partiel à l’unité de consultations et de soins ambulatoires (Ucsa), qui se situe à l’intérieur de la prison. En plus d’assurer le suivi des femmes enceintes, je fais un peu de suivi gynécologique. Les femmes qui me connaissent sont demandeuses. J’y suis présente trois demi-journées par semaine. Avec une conseillère familiale du département, nous organisons également des ateliers mensuels d’éducation à la sexualité. Qui sont les femmes que vous rencontrez ? Il y a environ 300 femmes, mais avec la crise sanitaire, leur nombre a fortement chuté. Les bâtiments sont très vétustes. Les femmes peuvent être jusqu’à six par cellule, avec des lits superposés. À côté, il y a une unité spéciale : la nurserie. C’est un lieu fermé, complètement séparé du reste de la prison, qui se situe à l’opposé de l’Ucsa, où je reçois les dames. Elles y vont à partir de six mois de grossesse. Il y a douze cellules individuelles, plus grandes que les cellules collectives. Celles qui gardent leur enfant y reviennent avec lui après leur accouchement. Peu de prisons sont équipées de ce type de service. La nurserie de Fleury-Mérogis est la plus grande de France. Les autorités pénitentiaires y transfèrent parfois des femmes de très loin : de toute la France, y compris des Antilles. Il y a des prévenues en attente de leur jugement et des femmes déjà condamnées. Avant, il y avait beaucoup de femmes punies pour des petits délits. Leurs peines étaient assez courtes, de quelques mois. Quand elles étaient enceintes, elles pouvaient sortir avant d’accoucher. À mes débuts, j’ai suivi une...




Maturation cervicale : à chacun sa méthode
Tweet« Nul ne maîtrise la question de la maturation cervicale », résume Olivier Morel, du CHU de Nancy. De fait, les pratiques sont hétérogènes. En 2019, l’étude Medip, de l’unité Epopé de l’Inserm, a dressé l’état des lieux sur l’année 2015. Si la majorité des déclenchements se déroulaient alors sur col favorable, sous perfusion d’oxytocine, les prostaglandines vaginales (gel et Propess®) étaient largement utilisées, devant le ballonnet, en cas de col défavorable. Depuis le ballonnet a gagné du terrain et l’autorisation de mise sur le marché (AMM) d’un traitement oral à base de misoprostol a changé la donne. L’ARRIVÉE DU MISOPROSTOL ORAL L’année 2018 a en effet marqué un tournant. En mars, le Cytotec® est retiré de la vente. Ce traitement à base de misoprostol à 200 µg n’avait pas d’AMM dans l’indication de déclenchement. Certains établissements l’employaient, reconditionné ou non par la pharmacie centrale, par voie vaginale. Puis, en mai 2018, -l’Angusta®, comprimé oral de misoprostol à 25 µg, obtient une AMM pour le déclenchement à la faveur d’une procédure de reconnaissance mutuelle européenne, qui veut qu’un médicament autorisé par certains pays le soit dans toute l’Europe. Pour la Haute Autorité de santé, l’Angusta® a sa place dans le déclenchement sur col défavorable, « uniquement en cas de situation médicalement justifiée, lorsque les autres moyens de déclenchement (…) ne sont pas disponibles ». Depuis, l’Enquête nationale périnatale de 2021 donne un aperçu des changements de pratiques. Au total, 69 % des déclenchements ont nécessité une maturation cervicale. La dinoprostone vaginale semble en perte de vitesse, utilisée encore dans 48,7 % des cas. Le recours au ballonnet est plus fréquent, concernant 23,9 % des cas, tandis que l’usage de l’Angusta® est en progression, employé dans 17,2 % des déclenchements. Enfin, le gel de prostaglandine est utilisé dans 9,7 % des cas. Comment les équipes choisissent-elles ? « Les méta-analyses de la Cochrane, regroupant...




La surveillance postinterventionnelle par les sages-femmes
TweetIl est difficile pour une sage-femme de refuser d’effectuer la surveillance postinterventionnelle (SSPI) des patientes césarisées, surtout dans le cadre des difficultés organisationnelles et de manque de personnel. Mais la question des compétences des sages-femmes se pose en ce qui concerne cette surveillance postinterventionnelle et les lourdes conséquences que peut avoir un défaut de surveillance dans les suites d’une césarienne. Une réglementation et une jurisprudence claires La réglementation concernant l’anesthésie et notamment la SSPI figure aux articles D6124-91 et suivants du Code de la santé publique. L’article D6124-98 dispose que, sauf pour les patients dont l’état de santé nécessite une admission directe dans une unité de soins intensifs ou de réanimation, la surveillance qui suit le transfert du patient est mise en œuvre dans une salle de surveillance postinterventionnelle. L’article dispose aussi que, sous réserve que les patients puissent bénéficier des conditions de surveillance mentionnées à l’article D. 6124-97 (contrôle des effets résiduels des médicaments anesthésiques et de leur élimination, prise en charge des complications éventuelles liées à l’intervention ou à l’anesthésie, surveillance continue dès la fin de l’intervention), la salle de travail située dans une unité d’obstétrique, en cas d’anesthésie générale ou locorégionale pour des accouchements par voie basse, peut tenir lieu de salle de surveillance postinterventionnelle. L’article D6124-101 précise que les patients admis dans une salle de surveillance postinterventionnelle sont pris en charge par un ou plusieurs agents paramédicaux, ou sages-femmes pour les interventions prévues au 1° de l’article D. 6124-98 (c’est-à-dire les accouchements par voie basse), affectés exclusivement à cette salle pendant sa durée d’utilisation et dont le nombre est fonction du nombre de patients présents. Les sages-femmes peuvent donc prendre en charge la surveillance postinterventionnelle des patientes ayant accouché par voie basse (sous anesthésie locorégionale ou générale), et non celle des patientes césarisées. D’autre part, il...