Point juridique

Plantes et fleurs, les cabinets passent au vert

Monstera deliciosa, Caladium, Alocasia, Pilea, Calathea… Ces noms ne vous disent rien ? Il ne s’agit pas de bactéries saprophytes, mais du Top five des plantes d’intérieur ! Si un cabinet de sage-femme n’est pas n’importe quel lieu de travail puisqu’il accueille un public particulier et exige une hygiène irréprochable, il a lui aussi tout à gagner à se végétaliser. L’agencement de l’accueil et de la salle d’attente d’un cabinet répond à des exigences pratiques et des contraintes spatiales qui ne sont pas toujours en faveur du bien-être des patients. Pourtant, accueillir des femmes qui viennent pour une visite médicale n’est pas un acte tout à fait neutre : elles peuvent ressentir une certaine anxiété avant la consultation. Or depuis quelques années, plusieurs études sérieuses ont montré que la présence de plantes vertes dans un espace dédié à la santé est un facteur de réduction du stress. Une étude publiée en 2008 dans Preventive Medicine par une équipe de l’Université de Twente (Pays-Bas) a conclu que chez des personnes hospitalisées, cet effet existe parce que les plantes vertes augmentent la sensation de bien-être, mais aussi l’attractivité d’une pièce, qu’il s’agisse d’une chambre d’hôpital, d’une salle d’attente ou d’examen. De précédents travaux avaient aussi conclu qu’en présence de plantes vertes, il y a une meilleure tolérance à l’inconfort, voire à la douleur pendant un examen médical. Enfin, en 2009, deux chercheurs de l’Université du Kansas (États-Unis) ont montré que des patients en soins postchirurgicaux qui ont des plantes vertes dans leur chambre déclarent souffrir moins, dormir mieux et sortent plus tôt de l’hôpital que ceux qui n’en ont pas. Des bénéfices démontrés Plus généralement, la présence de plantes vertes dans un espace de travail a aussi été associée à un bien-être plus important pour les travailleurs. En 2008, une étude norvégienne auprès de 385 employés […]

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Offre de soin

Infection urinaire postcoïtale : un « tue-l’amour »

Anamnèse Manon*, 41 ans, consulte sur recommandation de notre consœur et associée. Cette dernière vient de la prendre en charge en suivi gynécologique. Nous nous connaissons déjà Manon et moi. Nous l’avons accompagnée il y a quinze ans, à l’occasion de la naissance de son second enfant. Les deux accouchements de Manon se sont déroulés sans problème : par voie basse avec périnée intact. Les nouveau-nés pesaient 2950 et 3150 g. Manon est en bonne santé avec un indice de masse corporelle normal. Elle est agent immobilier à son compte. Elle a « toujours » fait des infections urinaires. Mais elle témoigne que cela va en s’aggravant depuis quelques années. Son gynécologue étant parti à la retraite, Manon en a parlé à son médecin généraliste il y a environ quatre ans. Elle avait alors été adressée à un urologue. Un traitement, dont elle ne se souvient plus du nom, lui avait été proposé pendant un an, mais celui-ci n’a pas amélioré la situation. Depuis six mois, Manon souffre de deux infections urinaires par mois environ. Ses infections sont caractérisées par leur place dans le cycle menstruel, avant ou après les règles, et toujours après un rapport sexuel. Un « tue-l’amour » pour Manon. Lors du bilan périnéal, l’interrogatoire retrouve : • une IUE à l’effort (toux, éternuement et course à pied), • une vessie parfois impérieuse quand elle doit se retenir (Manon peut enchaîner les visites de biens immobiliers sans repasser par son domicile), • des pesanteurs imprévisibles, sans lien avec une infection, • des gênes lors des rapports sexuels, à titre de brûlures, mais aussi d’autres douleurs, inconstantes, qu’elle n’arrive pas à caractériser. L’examen clinique met en évidence : • un testing périnéal à 5 parfaitement équilibré, avec un bon relâchement, • une muqueuse saine, • une hystéroptose stade 1, • une cystocèle stade 1. Manon s’était mise […]

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Info-pro

Déclenchement sans indication médicale, quelle responsabilité pour les sages-femmes ?

En 2018, une étude américaine est venue questionner nos certitudes. Celle-ci a comparé deux populations de femmes nullipares à bas risque. Les patientes du premier groupe ont accepté d’être déclenchées entre 39 SA et 39 SA + 4 j alors que les patientes de l’autre groupe ont été invitées à adopter une attitude expectative, attendant la survenue spontanée du travail jusqu’à 42 SA. Les résultats montrent que le taux de césarienne est significativement plus élevé dans le second groupe. Il en est de même pour la nécessité d’une assistance ventilatoire néonatale dans les 72 premières heures de vie [1]. Cette étude mérite d’être confirmée ou nuancée par d’autres, en s’attachant notamment à évaluer le déclenchement de convenance auprès de populations européennes. Un essai français randomisé multicentrique intitulé French Arrive est en cours à ce sujet.  Cependant, de tels résultats interrogent dès à présent nos pratiques quotidiennes en salle de naissance. Certains services proposent déjà aux patientes éligibles un déclenchement de convenance.  Dans ces situations, les sages-femmes sont en première ligne. De quelle manière sont-elles susceptibles d’engager leur responsabilité lors d’un déclenchement de convenance ?  Pour répondre à cette question, nous procéderons dans un premier temps à un bref rappel sur la notion de responsabilité en droit français. Puis nous étudierons le cas où la sage-femme procède au déclenchement de convenance sur prescription médicale en le comparant, dans un second temps, au déclenchement de convenance que la sage-femme pourrait proposer de sa propre initiative.  I – Rappels sur la notion de responsabilité. La responsabilité peut se définir comme « l’obligation faite à une personne de répondre de ses actes du fait du rôle, des charges qu’elle doit assumer et d’en supporter toutes les conséquences » [2]. Cela signifie qu’elle est appréciée pour chaque personne selon les fonctions qui lui sont attribuées. Au vu des […]

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Point juridique

Contrats d’association : comment éviter les ennuis ? 

Le contrat est l’outil idéal pour se mettre d’accord en amont. Il doit être discuté et compris par tous. 1. Les règles principales pour la conclusion d’un contrat d’association : article R4127-345 du Code de la santé publique – Se baser sur un contrat type validé par le conseil de l’Ordre.  – Respecter les clauses essentielles relatives aux règles déontologiques de la profession, qui ne peuvent être modifiées et doivent figurer systématiquement dans tout contrat d’exercice conclu par des sages-femmes libérales :        • La référence au Code de déontologie des sages-femmes, à l’exercice indépendant de la profession, clientèle propre, libre-choix de la sage-femme par la patiente, responsabilité professionnelle et assurance individuelle.        • En cas de difficulté, obligation de tenter une conciliation devant le conseil départemental de l’Ordre.       • Engagement à ne pas signer un autre contrat qui ne serait pas soumis au conseil départemental de l’Ordre.       • Contrat obligatoirement soumis au conseil départemental avant application.  2. Les différents contrats d’association :  Il existe plusieurs possibilités pour s’associer, en fonction du type d’exercice et de ses besoins. Une réflexion en profondeur doit être menée antérieurement à l’association avec, si possible, une prise de conseils auprès de professionnels compétents (avocat, expert-comptable, Ordre des sages-femmes) afin d’être guidée vers le type d’association qui conviendra à chaque situation spécifique et s’informer des conséquences de chaque choix.  Attention : Les services du Conseil national de l’Ordre des sages-femmes ne donnent pas de conseils sur un contrat d’association. Ils se prononcent uniquement sur sa validité au niveau déontologique. Ils répondent aux questions, mais il est plus prudent de consulter un avocat ou juriste spécialisé en droit des contrats avant de signer.  3. Les litiges fréquents : comment les éviter   Il faut échanger avant signature du contrat notamment sur les […]

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Info-pro

Retour d’expérience sur l’accouchement dans l’eau

Historiquement, la maternité de Saint-Julien, de type 1, était déjà connue dans le bassin genevois pour disposer d’une baignoire depuis plus de 25 ans. Cette baignoire classique, comme on en trouve dans les foyers, était utilisée pour le prétravail, voire le travail. L’équipe de sages-femmes motivée pour accompagner les femmes au plus près de leurs projets de naissance y avait même fait quelques accouchements inopinés.  Actuellement, en France, l’accouchement dans l’eau est pratiqué dans peu de maternités. De nombreuses études ont été publiées sur cette pratique plus courante dans de nombreux pays européens (Vanderlaan et al. 2018), en Australie ainsi qu’aux États-Unis (Bailey et al., 2019). À l’arrivée d’une sage-femme coordinatrice l’ayant pratiqué au Royaume-Uni, nous avons saisi la motivation de l’équipe pour travailler sur ce projet. Suite à la fusion de l’hôpital de Saint-Julien et d’Annecy donnant naissance au CH Annecy Genevois en 2014, nous avons pu obtenir l’aménagement de nouveaux locaux en 2016. Nous avons ainsi acquis une « birthing pool », baignoire spécifiquement conçue pour l’accouchement dans l’eau pour le confort et la sécurité des femmes et des professionnels. Nous avons invité une formatrice anglaise forte de vingt ans d’expérience dans l’enseignement de l’accouchement dans l’eau. Nous avons validé plusieurs protocoles avec l’équipe obstétricale et anesthésique et nous avons ainsi commencé à proposer cette alternative officiellement dès l’année 2017. Méthodologie  Après 5 ans de pratique, voici l’analyse descriptive prospective monocentrique de la totalité des 256 accouchements dans l’eau qui ont eu lieu entre le 1er janvier 2017 et le 31 décembre 2021.  Nous avons choisi, par le moyen d’un tableau Excel, de relever les critères suivants : la parité, l’âge gestationnel, le mode de délivrance, l’intervention postdélivrance : délivrance artificielle ou révision utérine, l’état du périnée, le poids du bébé, l’Apgar, les pH artériel et veineux, l’issue néonatale. Nous n’avons pas retenu le critère […]

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Pratiques

« Allaiter des jumeaux est plus facile que d’allaiter un seul enfant »

EXPOSÉ Alexandra* me contacte afin d’organiser son suivi à la sortie de maternité, suite à son deuxième accouchement. Elle a donné naissance à des jumeaux à 38 SA, sous péridurale. L’allaitement semble avoir « bien démarré ». Elle a souffert d’un engorgement important à la maternité. Elle souhaite ardemment un soutien à l’allaitement car l’un des deux enfants a perdu plus de 10 % de son poids de naissance et semble avoir des difficultés à recevoir tout le lait dont il aurait besoin. Il reçoit des compléments à l’aide de préparations pour nourrissons (PPNRS). Il s’endort très vite au sein, alors que son frère semble plus vigoureux et a déjà repris 20 grammes à J4. Je rencontre donc Alexandra à J6, le lendemain de sa sortie de maternité. Les deux enfants ont repris du poids mais l’un des deux doit être complété et réveillé toutes les trois heures pour être alimenté. Alexandra m’indique sa grande inquiétude quant à sa possibilité d’allaiter exclusivement des jumeaux car elle n’a pas eu suffisamment de lait pour son ainé, deux ans auparavant. Elle l’avait sevré au cours du deuxième mois car sa production lactée semblait très insuffisante et son bébé recevait des compléments depuis la maternité. Son pédiatre lui avait alors signifié une production insuffisante et elle n’a jamais réussi à augmenter sa production malgré des tétées « fréquentes » toutes les 3 à 4 heures. Alexandra ne présente aucun antécédent médical particulier ; l’examen clinique et l’examen mammaire semblent normaux. Compte tenu de l’inquiétude d’Alexandra, persuadée qu’elle est incapable de fournir assez de lait à deux enfants alors qu’il ne lui pas été possible d’allaiter un singleton, j’aborde le sujet en utilisant des outils de communication visant à rendre la maman actrice des décisions d’action (« empowerment »), sans lui apporter des solutions sous la forme de conduite à tenir. En effet, les études […]

Grand Angle

Anorexie mentale : les sages-femmes en première ligne dans le dépistage

L’anorexie mentale est un trouble du comportement alimentaire (TCA) qui se déclenche généralement entre 14 et 17 ans, le plus souvent chez les jeunes filles au moment de la puberté. Ce trouble se traduit par un refus de s’alimenter normalement pendant une longue période, afin de perdre du poids ou de ne pas en prendre. Selon une revue des études épidémiologiques réalisées entre 2000 et 2018 (1), la prévalence de l’anorexie au cours de la vie serait de 1,4 % chez les femmes et de 0,2 % chez les hommes. DIAGNOSTIC À RISQUELe diagnostic de l’anorexie mentale repose sur des critères cliniques précis, issus des classifications internationales. Ils font référence à la manière de s’alimenter, comme la restriction alimentaire, l’éviction de certains aliments, le refus de s’alimenter, les phases boulimiques, mais aussi à certaines pratiques comme les vomissements provoqués ou la prise de laxatifs (2). Ces critères incluent également le poids, avec un indice de masse corporelle (IMC) inférieur à 17,5 kg/m², et la perception de soi : refus de reconnaître sa maigreur, perception déformée de son corps. Enfin, l’estime de soi est également prise en compte, en particulier le sentiment d’avoir le contrôle sur son corps et la hantise de grossir.

Grand Angle

D’une vague à l’autre, la psypérinat mobilisée

Depuis huit mois, les professionnels de santé du champ psychique et les associations de soutien en périnatalité sont en alerte. Dès le premier confinement, ils ont envisagé une vague de souffrance psychique en périnatalité du fait de l’isolement des parents et de l’absence des soutiens sociaux classiques. Or l’offre de soins a été mise à mal.UN PREMIER CONFINEMENT EN « MODE DÉGRADÉ »Qu’il s’agisse du repérage de la difficulté psychique des mères, déjà notoirement insuffisant, ou de l’accompagnement et des soins des parents en souffrance aigüe, les dispositifs sont passés en mode dégradé dès mars dernier. En cause : le manque d’équipement de protection des professionnels, qui a duré dans les services de soins psychiques, selon le rapport Retours d’expériences de la crise Covid dans le secteur de la santé mentale et de la psychiatrie, dit Retex psy, du 10 octobre. De plus, les effectifs ont parfois été captés par les services de médecine somatique ou de psychiatrie adulte. À la différence des services de réanimation, où les contraintes budgétaires ont été levées et où l’administration a laissé de grandes marges de décision aux équipes, les services de soins en psypérinatalité ont été malmenés. « L’unité d’hospitalisation conjointe parents-enfant que je dirige, à l’hôpital Sainte-Marguerite à Marseille, a totalement fermé durant le premier confi nement, l’hôpital étant désigné pour devenir un établissement “non-Covid” pour protéger les autres capacités hospitalières », témoigne Michel Dugnat, pédopsychiatre à l’AP-HM et animateur de l’Alliance francophone pour la santé mentale périnatale. Selon les informations recueillies par l’Alliance, les unités d’hospitalisation conjointe parents- bébé, encore souvent appelées unités mère-bébé, proposant des hospitalisations à temps plein ont majoritairement fermé. Les unités de jour, elles, ont adapté leurs dispositifs, pour cause de plan blanc.

Grand Angle

Soigner avec le virus

La colère des sages-femmes déborde. Le Conseil national de l’Ordre (CNOSF) a dénoncé le déni du caractère médical de la profession dès le 20 juillet, dans une lettre ouverte au ministre des Solidarités et de la Santé. Le 30 juillet, un courrier du Conseil national professionnel des sages-femmes (CNP-SF), qui représente dix organisations professionnelles nationales, a estimé « inacceptable » le sort réservé à la profession, réclamant en urgence des négociations menées par les syndicats professionnels et un modèle d’organisation des soins « centré sur la femme ». La négociation entre les syndicats professionnels et l’Union nationale des caisses de l’Assurance Maladie s’est ouverte le 6 octobre, sans garantie encore que les points réclamés par l’ONSSF et l’UNSSF seront abordés.Durant le confinement, les sages-femmes ont accompagné près de 120 000 naissances, selon les estimations du CNOSF. Les conséquences des reports de soins, à l’hôpital ou en ville, sont encore mal évaluées. Pour le CNOSF, les femmes et les sages-femmes ont été invisibilisées pendant la crise (p. 20).Le ras-le-bol s’exprime sur les réseaux sociaux, comme dans la vidéo de sages-femmes de la maternité de Troyes, façon « Bref », mise en ligne le 3 octobre (#bref, je suis sage-femme). À cela s’ajoute une lassitude, comme en témoigne le Pr Olivier Picone, de l’hôpital Louis-Mourier, à Colombes (p. 22). Partout, le manque d’effectif et la fatigue persistent.Quelques îlots se sont adaptés plus facilement, comme les maisons de naissance. À Nancy, l’équipe d’Un Nid pour naître a pu accueillir des demandes supplémentaires sans trop de difficultés (p. 25).Alors que la pandémie persiste, des sages-femmes commencent à étudier ses répercussions sur les femmes et les sages-femmes dans le monde (p. 27).