
Au Liban, les sages-femmes au chevet des femmes enceintes déplacées par les bombardements israéliens
Quelques gouttes de sueur perlent sur le visage encore enfantin de Hind (prénom d’emprunt), seize ans. L’adolescente a trouvé refuge dans cette école publique, dans un quartier à majorité sunnite de Beyrouth, après avoir fui les bombardements israéliens qui pleuvaient sur la banlieue sud de la capitale. Elle fait partie des près de 1,4 million de personnes déplacées par les frappes de l’armée de l’État hébreu au Liban et des 3 000 femmes qui sont déplacées et enceintes, selon un chiffre donné par l’ordre des sages-femmes du Liban. En cette fin de journée pluvieuse de novembre, l’adolescente s’est enveloppée dans un peignoir rose parsemé de cœurs noirs. Hind accueille avec un grand sourire « sa » sage-femme qui l’accompagne depuis plus d’un mois maintenant, Darine Ayoub, elle aussi déplacée en raison de la guerre. Originaire de la banlieue sud de Beyrouth, comme Hind, elle a trouvé refuge avec sa famille élargie dans un appartement plus proche du centre, dans un quartier soi-disant « sûr ». Poursuivre son travail et aider les autres femmes déplacées est essentiel selon elle afin de « ne pas sombrer dans la dépression ». Elle pose les mains sur le ventre arrondi de sa patiente, d’autant plus rebondi sous le nœud du peignoir. La sage-femme se penche juste au-dessus et lance un regard vers Hind qui le lui rend, entre interrogation et attendrissement. « Tu es dans ton neuvième mois maintenant… Tu sens les mouvements du bébé ? Tu lui parles ? Tu lui dis que tu l’aimes ? », mitraille Darine Ayoub, sage-femme depuis plus de vingt ans. Hind fait une moue gênée. La sage-femme enchaîne : « Il faut que tu lui dises : Je t’aime fort, je m’appelle Hind et toi, tu vas t’appeler Jad, papa t’aime aussi… Tu sais qu’il t’entend ? » Hind répond une nouvelle fois non, dans un sourire gêné. Sa tante paternelle est auprès d’elle. Dans cette salle de classe...